Nous proposons sur 2 jours une étude de MM. Aurélien Poissonnier et Benoît Trinquier, département des Comptes nationaux, publiée le 26 avril 2013 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1445.html
En 30 ans, les consommateurs ont un peu réduit leurs émissions de gaz à effet de serre
Sommaire
· Résumé
· Début des années 1980 : des émissions majoritairement liées au chauffage
· Les émissions liées au chauffage ont diminué, celles liées au transport individuel ont augmenté
· Une consommation énergétique moins émettrice de gaz à effet de serre
· Des émissions peu liées à la conjoncture économique
Encadrés
· Les hausses du prix des carburants ne limitent que faiblement les émissions de gaz par automobile
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Une consommation énergétique moins émettrice de gaz à effet de serre
En trente ans, les ménages ont cessé de consommer certains produits (charbon, super plombé), en ont redécouvert (bois) ou augmenté leur consommation d’autres produits (gazole, biocarburants, gaz naturel). Ces évolutions ont globalement permis une baisse du contenu en CO2 de l’énergie consommée. Ainsi, lorsqu’en 1980 les ménages émettaient 294 kg d’équivalent CO2 par MWh consommé, ils en émettent 259 kg en 2010.
Cette baisse tendancielle est principalement liée aux changements de combustibles utilisés pour le logement. En trente ans, les émissions associées ont diminué de 53 kg par MWh. L’abandon du charbon et le recul de la consommation de fioul au profit du gaz naturel expliquent respectivement 72 % et 25 % de cette baisse. Pour le transport, ce sont surtout les biocarburants ajoutés qui expliquent la baisse des émissions dans les années 2000, y contribuant pour plus de 15 kg par MWh. De 1980 à 2010, la diésélisation du parc automobile a également contribué à une baisse de 5 kg par MWh.
Au total, la baisse en trente ans de 2,9 à 2,5 tonnes d’équivalent CO2 par personne et par an résulte pour 255 kg du report vers des combustibles moins émetteurs de GES, et pour 150 kg d’une moindre consommation d’énergie de combustion. Cette dernière évolution peut traduire un report vers d’autres types d’énergie (l’électricité par exemple).
Des émissions peu liées à la conjoncture économique
Sur le long terme, les émissions de GES totales de l’économie sont liées à l’évolution de sa production, mais aussi à celle du contenu de cette production en émissions. Or, l’intensité en GES des économies développées a diminué sur les dernières décennies. En particulier, en France, entre le début des années 1980 et la fin des années 2000, le PIB a crû de plus de 60 % en volume, tandis que les émissions de GES générées par les ménages sont restées quasi stables. À court terme, le lien entre les fluctuations de ces deux grandeurs n’est pas non plus significatif. De même, les émissions de GES sont peu liées à la consommation des ménages en biens autres que les combustibles. De fait, ce ne sont pas les mêmes facteurs qui influencent la consommation de combustibles et celle des autres biens : ces deux dépenses ne semblent ni substituables, ni complémentaires.
Les émissions de GES liées au seul logement sont, bien sûr, particulièrement influencées par les conditions climatiques. Depuis 1990, après le quasi-abandon du charbon, le réchauffement climatique a pesé à la baisse sur ces émissions pour presque 8 %. Mais d’un trimestre à l’autre, les différences météorologiques peuvent provoquer des fluctuations importantes d’émissions : par exemple, au premier trimestre 2010, l’hiver rigoureux avait conduit à une hausse ponctuelle des émissions de plus de 10 %.
Pour le transport individuel, les facteurs déterminants des émissions de GES sont en premier lieu structurels. Notamment, la baisse des émissions liées au transport dans les années 2000 coïncide avec la moindre croissance du parc automobile. En outre, les émissions de gaz par automobile sont tendanciellement en baisse, du fait notamment des avancées techniques et d’une orientation des consommateurs vers des véhicules moins polluants. Les évolutions du prix des carburants modifient plus faiblement les émissions par automobile. Ainsi, entre 2000 et 2010, la hausse de 24 % du prix des carburants n’explique directement que 3 % de baisse des émissions de GES par véhicule, sur un total de 18 % sur la période.
Les conditions météorologiques sont le principal déterminant de court terme des émissions liées au logement
Depuis le quasi-abandon du charbon en 1990, le climat est le principal déterminant des fluctuations trimestrielles des émissions individuelles de GES liées au logement. Parmi les différentes mesures envisagées (jours de gel, écarts aux normales saisonnières…), les degrés jours unifiés ont le pouvoir explicatif le plus important. Les degrés jours unifiés cumulent le nombre de degrés inférieurs à 18 °C par jour. Pour des températures inférieures à 18 °C, une baisse de 1 °C en moyenne sur un trimestre entraîne une hausse de 1,8 % des émissions. Les précipitations amplifient cet effet puisqu’un centimètre de pluie supplémentaire entraîne une hausse d’émissions de 0,6 %.
En revanche, les émissions de GES liées au logement ne sont pas sensibles à court terme aux fluctuations du prix relatif des combustibles de chauffage par rapport aux autres biens de consommation.
Les hausses du prix des carburants ne limitent que faiblement les émissions de gaz par automobile
Sur longue période, les émissions de GES liées au transport individuel baissent tendanciellement de 0,2 % par trimestre. Cette baisse est imputable aux avancées techniques et à l’orientation des consommateurs vers des véhicules moins polluants, influencée notamment par des mesures publiques incitatives ou contraignantes (contrôle technique obligatoire, bonus-malus, addition de biocarburants). Les tests statistiques n’indiquent pas que cette tendance se soit accentuée au cours des années.
Au-delà de cette tendance, plusieurs facteurs conjoncturels influencent les fluctuations trimestrielles des émissions par automobile. Une hausse de 1 % du prix des carburants relativement aux autres biens de consommation entraîne ainsi une baisse de 0,2 % des émissions associées. Par ailleurs, les ménages se déplacent moins souvent lorsque la météo est défavorable : une baisse de l’écart aux normales saisonnières de 1 °C entraîne une baisse des émissions de 0,3 %.
Bien que le transport individuel soit pour une large part lié aux déplacements vers le lieu de travail, il n’y a pas de lien à court terme entre émissions associées au transport et fluctuations du chômage. À court terme, le taux moyen d’équipement automobile des ménages n’explique pas non plus ces émissions.