Note d’analyse de Jérôme Accardo, Élodie Kranklader, Dominique Place, département des prix à la consommation, des ressources et des conditions de vie des ménages, Insee publiée le 17 juillet 2013 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1458.html
Pour certains ménages modestes, faire face aux dépenses alimentaires devient plus difficile
Sommaire
· Résumé
· Entre 2005 et 2011, les comportements de consommation évoluent peu
· La consommation moyenne stagne, mais celle des plus âgés progresse
· Logement : les disparités entre locataires modestes et aisés se réduisent
· Modestes ou aisés, les ménages préservent jusqu’en 2011 leur budget de loisirs et culture
· Le poids de l’alimentation ne se réduit plus
Encadrés
· Le concept de consommation dans l’enquête et dans les comptes nationaux
· « Si vos ressources actuelles augmentaient de 10 %, que feriez-vous en priorité avec cet argent ? »
· L’effet des évolutions de prix sur la structure de consommation
Résumé
Entre 2005 et 2011, la structure moyenne de la consommation est stable, malgré l’ampleur des chocs économiques survenus sur la période. Les écarts de niveau de consommation entre ménages se sont peu modifiés. Les 20 % de ménages les plus aisés consomment 2,5 fois plus que les 20 % de ménages les plus modestes. De taille plus réduite, les ménages les plus âgés consomment moins que la moyenne, mais l’écart s’est sensiblement réduit par rapport à 2005. Les différences de structures de consommation entre ménages se sont un peu atténuées, sauf en ce qui concerne l’alimentation. Pour une partie des ménages les plus modestes, faire face aux dépenses alimentaires est devenu plus difficile.
Entre 2005 et 2011, les comportements de consommation évoluent peu
En 2011, malgré la crise économique, les principales caractéristiques de la consommation des ménages sont proches de celles de 2005. En six ans, la consommation par ménage n’a quasiment pas crû (+ 0,1 % en moyenne par an en euros constants), avant de diminuer fortement en 2012, de 1,7 %. Entre 2005 et 2011, selon les enquêtes Budget de famille, les inégalités de consommation et de structure des budgets ont dans l’ensemble assez peu varié.
En 2011, en France métropolitaine, les 20 % de ménages ayant les plus hauts niveaux de vie (cinquième quintile de niveau de vie) consomment 53 % de plus que la moyenne ; les 20 % de ménages les plus modestes (premier quintile de niveau de vie consomment 38 % de moins. Ces disparités sont très proches de celles constatées en 2005. Elles seraient plus marquées encore si l’on imputait un loyer aux ménages propriétaires occupant leur logement, qui relèverait d’autant à la fois le niveau de leur revenu et celui de leur consommation.
La consommation moyenne stagne, mais celle des plus âgés progresse
Les différences de consommation suivant les autres critères sociodémographiques évoluent peu en six ans, elles aussi. La consommation du ménage continue de croître fortement avec le nombre de ses membres. Rapportée au nombre d'unités de consommation, elle varie, fort logiquement, beaucoup moins. En particulier, elle reste très proche, en moyenne, pour les personnes seules et les couples avec enfants.
L’évolution la plus notable concerne les ménages les plus âgés. En 2005, les ménages dont la personne de référence était âgée de 65 ans ou plus consommaient un tiers de moins que la moyenne. En 2011, l’écart n’est plus que de 20 %.
Les ménages se distinguent aussi par la structure de leur budget. Être locataire ou non (propriétaire de sa résidence, usufruitier ou logé gratuitement) joue tout particulièrement. Hors loyers imputés, les dépenses de consommation relatives au logement pèsent 17 points de plus dans le budget moyen des locataires que dans celui des autres ménages. Ces dépenses incluent les charges et le chauffage, mais pas les remboursements d’emprunts pour l’acquisition de sa résidence, lesquels constituent de l’épargne (encadré 1).
À statut de logement donné, la structure du budget des ménages varie surtout en fonction de leur niveau de vie. Les différences les plus fortes concernent les dépenses d’alimentation et celles d’hôtels et de restaurants : par rapport aux 20 % de ménages les plus modestes, les 20 % les plus aisés consacrent 7 points de moins de leur budget à l’alimentation et 4 à 6 points de plus à des frais d’hôtels et de restaurants. De 2005 à 2011, les disparités de consommation se sont légèrement réduites pour certains postes ; c’est notamment le cas pour les transports, pour le logement ou pour les loisirs et la culture. Le plus souvent, cette réduction des disparités prolonge les tendances antérieures. L’alimentation est une exception notable : avec la crise et la stagnation du niveau de vie, la situation des plus modestes continue de se rapprocher de celle des plus aisés mais plus lentement.
Logement : les disparités entre locataires modestes et aisés se réduisent
Entre 2005 et 2011, les dépenses de logement (loyers, charges, énergie), nettes des aides au logement, ont davantage augmenté que la dépense totale de consommation par ménage (+ 22 % contre + 17 %, en euros courants). Le poids du logement dans le budget s’est ainsi accru d’un demi-point environ.
Les ménages, qu’ils soient propriétaires ou locataires, consacrent au logement une part de leur budget d’autant plus faible que leur niveau de vie est élevé. Mais entre 2005 et 2011, cette part s’accroît chez les locataires les plus aisés (+ 2 points), tandis qu’elle est pratiquement stable chez les locataires les plus modestes. Il en résulte une diminution de l’écart entre ces deux catégories.