http://www.senat.fr/questions/base/2014/qSEQ140511755.html
Question écrite n° 11755 de M. Roland Courteau (sénateur de l’Aude)
M. Roland Courteau attire l'attention de Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur l'étude réalisée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) « les Français et les pratiques collaboratrices : qui fait quoi et pourquoi ? ».
Il lui indique que l'enjeu est de passer d'une économie de possession à une économie d'utilisation, c'est-à-dire de privilégier le service plutôt que la possession du bien.
En ce sens, il s'agirait de développer une consommation qui deviendrait ainsi collaborative et donc plus durable.
Il lui demande de bien vouloir lui faire connaître les grands axes de cette étude de l'ADEME, ainsi que les moyens susceptibles d'être utilisés pour favoriser cette mutation des habitudes de consommation.
Réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie publiée dans le JO Sénat du 31/07/2014 p. 1822
L'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) a effectivement confié à l'IPSOS une étude visant à définir l'ampleur des pratiques collaboratives en France en 2012 et d'en comprendre les motivations.
Six pratiques ont ainsi été analysées : l'adhésion aux AMAP, le covoiturage, la location et la vente de biens à d'autres particuliers, le troc et les achats groupés. Les principaux enseignements de cette étude sont les suivants : - le terme « consommation collaborative » recouvre une multitude de pratiques, ce qu'illustrent les 6 cas étudiés ; - de même, il n'y a pas un type de consommateurs collaboratifs mais des types de consommateurs collaboratifs selon les pratiques ; - les pratiques collaboratives rassemblent une population plus jeune et plus active que la moyenne. Elle est plus développée parmi les personnes ayant un fort capital « éducation » et « ressources », mais elle ne se réduit pas à ce groupe.
Certains types de pratiques sont notamment plus répandus chez les employés ; - les consommateurs collaboratifs montrent une tournure d'esprit commune : une volonté de rencontrer régulièrement de nouvelles personnes ; une préoccupation relative à l'évolution de la société (futur de la planète, engagement au sein de la société, ...) ; une propension à la découverte, à l'expérience, voire à la prise de risque ; une volonté et un plaisir à faire durer les objets ; - les motivations à « consommer collaboratif » varient selon le type de pratique : elle est soit motivée par une forme d'engagement au sein de la société (notamment un engagement écologique), soit motivée par une recherche d'opportunités (avec notamment une motivation financière) ; - les partisans d'une consommation collaborative souhaitent être acteurs de leur consommation.
Les résultats détaillés de cette étude sont disponibles sur le site de l'ADEME. Ainsi, l'économie servicielle (privilégier l'usage à la possession) est une forme de consommation collaborative dès lors que les échanges se font de particulier à particulier (dite « PtoP ») mais elle peut également se développer plus classiquement à travers une offre proposée par des professionnels à d'autres entreprises ou aux particuliers (dites « BtoB » ou « BtoC »). Le contexte économique actuel, le développement des technologies nouvelles d'information, la recherche de plus de lien social ou encore les préoccupations environnementales dynamisent cette économie.
L'économie servicielle permet en théorie de limiter la prolifération d'objets (donc de réaliser des économies de ressources, de produire moins de déchets, ...) en optimisant leur usage et en augmentant leur durée. Elle peut aussi conduire à de l'hyperconsommation ou des effets rebonds (le pouvoir d'achat gagné par le choix de l'usage permet par exemple de s'offrir un billet d'avion pour un voyage).
Pour que cette économie se développe en veillant à limiter ses impacts environnementaux, il convient d'agir à la fois sur l'offre et la demande.
- Agir sur l'offre : - pour faciliter le développement de nouveaux modèles d'affaires en levant notamment les verrous méthodologiques, organisationnels (au sein des entreprises et des chaînes de valeur) et juridiques ; - pour démultiplier l'écoconception de produits plus robustes, réparables, par exemple.
- Agir sur la demande : - pour permettre l'adhésion des acheteurs (publics, privés et grand public) au recours à l'usage plutôt qu'à la possession en levant les verrous sociologiques, culturels et psychologiques ; - pour permettre la pénétration du recours à l'usage plutôt qu'à la possession en donnant aux acheteurs une information compréhensible et juste sur les impacts environnementaux des produits leur permettant de comparer les produits entre eux et ainsi de faire des choix éclairés (projet d'affichage environnemental) ; - pour diffuser les bonnes pratiques d'utilisation des produits.