La volonté du gouvernement de donner aux patients un accès libre aux produits d'automédication hérisse les pharmaciens. Un sondage Ipsos-Pharmagora-Wolters Kluwer, réalisé auprès de 201 pharmaciens les 12 et 13 février, révèle que 84 % d'entre eux jugent la mesure "mauvaise", voire "très mauvaise" (55 % des réponses). Bien des raisons fondent cette opposition. La plus évidente est que 68 % des personnes interrogées considèrent que ces médicaments en libre accès finiront sur les gondoles des grandes surfaces dans les prochaines années ; 36 % des réponses indiquent à cet égard une absolue conviction. Bien des raisons fondent cette opposition. La plus évidente est que 68 % des personnes interrogées considèrent que ces médicaments en libre accès finiront sur les gondoles des grandes surfaces dans les prochaines années ; 36 % des réponses indiquent à cet égard une absolue conviction.
Le fait qu'un autre sondage, réalisé en janvier 2008 par Ipsos à la demande de l'ordre des pharmaciens, ait montré qu'à prix équivalent les patients préfèrent acheter en pharmacie, ne rassure pas spécialement les pharmaciens d'officine. Cette certitude de voir fuir une part de leur chiffre d'affaires les amène à porter un jugement négatif sur l'ensemble du dispositif : 71 % pensent que le libre accès ne fera pas "baisser le prix des médicaments", 82 % qu'il ne "permettra pas à la Sécurité sociale de faire des économies" et 89 % estiment qu'il permettra encore moins de "responsabiliser le patient sur sa consommation de médicaments".
Rien d'étonnant si les pharmaciens ne vont pas se presser d'aménager une zone de libre accès aux produits d'automédication : un quart (25 %) refusent catégoriquement l'idée, un tiers (31 %) n'ont pas pris de décision et 23 % vont traîner les pieds ("oui, mais pas tout de suite"). A l'opposé, moins d'un quart (21 %) vont faire réaliser les travaux "très vite". La majorité de pharmaciens (55 %) refusent ou vont attendre avant d'aménager une zone en libre accès ; ils justifient cette décision par l'angoisse du risque de "comportements dangereux de la part des patients" (52 %). Un argument qui arrive loin devant "le manque de place" dans la pharmacie (26 %), le "manque d'informations" sur les modalités de la création de cette zone (12 %), ou encore le "manque d'intérêt" de la part des clients (5 %).
Confusément, les pharmaciens sentent que c'est leur fonction de conseil qui est menacée. Ils ignorent au fond quelle sera l'attitude du patient : 41 % estiment qu'il continuera de demander conseil, et 42 % qu'il ne le fera pas. 43 % considèrent que le conseil aura lieu au moment du paiement et 49 % qu'il se fera sur la zone même de libre accès. Les trois quarts (74 %) se disent donc "inquiets" de la mesure.