Dossier lu le 27 juillet 2008 sur le site de l’Internaute Magazine (cliquer ici pour accéder au texte original)
http://www.linternaute.com/actualite/magazine/dossier/le-livre-blanc-sur-la-defense-en-chiffres/a-quoi-va-ressembler-l-armee-de-demain.shtml
1) 54 000 hommes en moins
C'est la principale information délivrée par le Livre blanc : les effectifs de l'armée devraient être réduits de 54 000 hommes, dans les 7 prochaines années, sur les 320 000 actuels. C'est donc près d'un poste sur 6 qui pourrait disparaître d'ici 2015. Parmi eux : 46 700 postes de militaires seront supprimés dans les trois armées (terre, air, marine) et 7 300 postes civils.
La prime à l'opérationnel
Les effectifs des seules armées seront ainsi ramenés de 271 000 à 224 000 hommes. L'armée de l'air sera la plus touchée : avec 24 % d'effectifs en moins, elle devrait atteindre 50 000 hommes en 2015. L'armée de terre perd 17 % de ses effectifs et devrait arriver à 130 600 hommes. La baisse sera de 11 % dans la marine qui comptera donc 44 100 hommes. Mais les plus visés dans les trois armées restent les services administratifs, de soutien et de logistique. Aujourd'hui, 60 % des ressources humaines sont affectées à l'administratif contre 40 % à l'opérationnel. L'objectif est d'inverser ce ratio et d'arriver ainsi à un modèle proche de celui de l'armée britannique.
2) 30 casernes supprimées
La France compte aujourd'hui 450 implantations militaires sur son territoire. Des casernes qui constituent le principal pôle d'activité dans certaines petites villes. Or 83 devraient être supprimées d'ici 2003 d'après l'annonce de François Fillon et d'Hervé Morin. De nombreuses garnisons seront regroupées dans des ensembles plus vastes, installés dans des villes d'importance moyenne, ce qui est censé faciliter leur mobilité. Ce sont ainsi 90 "bases de défenses" de plus grande envergure qui devraient être créées par la mutualisation de certaines fonctions.
Une liste dévoilée le 24 juillet
Nicolas Sarkozy n'a pas donné la liste des casernes qui devraient disparaître lors de sa présentation du Livre blanc le 17 juin. Les restructurations n'ont été annoncées que le 24 juillet. C'est l'est qui est le plus touché : Bitche (Moselle), Strasbourg, Metz, Colmart. Les casernes de Laval, Nantes, Brest, Limoges, Bordeaux, Toulouse, mais aussi le Centre national d'aguerrissement à la montagne (Cnam) de Briançon et le Centre d'instruction et d'entraînement au combat en montagne (CIECM) de Barcelonnette dans les Alpes sont également supprimés.
3) 380 millions d'euros en plus pour le spatial
Tous les secteurs de l'armée ne subiront pas les mêmes restrictions. Exemple : le renseignement, et en particulier l'observation spatiale militaire, sont les principaux gagnants du Livre blanc qui fait de la prévention du terrorisme une priorité. Le budget du spatial militaire devrait être doublé d'ici à 2020 pour atteindre 760 millions d'euros par an contre 380 millions en 2008. Une nouvelle fonction stratégique, le "Conseil national du renseignement", sera également créé ainsi qu'un "coordinateur" chargé de le présider.
377 milliards d'euros au total
Tous les secteurs de l'armée ne subiront pas les mêmes restrictions. Exemple : le renseignement, et en particulier l'observation spatiale militaire, sont les principaux gagnants du Livre blanc qui fait de la prévention du terrorisme une priorité. Le budget du spatial militaire devrait être doublé d'ici à 2020 pour atteindre 760 millions d'euros par an contre 380 millions en 2008. Une nouvelle fonction stratégique, le "Conseil national du renseignement", sera également créé ainsi qu'un "coordinateur" chargé de le présider.
4) 0 nouveau porte-avions
Nicolas Sarkozy a "décidé de ne pas décider". Le chef de l'Etat a préféré reporter la décision de la construction d'un second porte-avions à 2011 ou 2012. La faute aux contraintes budgétaires, le coût du navire étant évalué à 3,5 milliards d'euros. L'armée de l'Air est aussi touchée. Sa flotte d'avions de combat devrait passer de 350 à 300 dans ces prochaines années. La réduction sera notable pour la force nucléaire : la France disposera de 40 Mirages et Rafales équipés de missiles nucléaires contre 60 appareils aujourd'hui.
3 milliards annuels en plus
Pour Hervé Morin cependant, la France a un "grave retard" à rattraper. Exemple : les bateaux de la marine ont une moyenne d'âge de 21 ans. Le budget d'équipement passera donc de 15,5 milliards d'euros par an en moyenne à 18 milliards de 2009 à 2020. Les investissements se feront en deux phases : l'aérien jusqu'en 2015 puis les frégates et navires militaires de 2015 à 2025. Un accent devrait aussi être mis sur les véhicules blindés de combat d'infanterie (VBCI) pour assurer la protection des soldats dans de nouvelles configurations de combat comme le combat en zone urbaine. Enfin, les 4 sous-marins nucléaires devraient être conservés
5) 20 000 hommes en moins pour l'étranger
Le livre blanc prévoit une réserve de force opérationnelle de 88 000 hommes permettant d'envoyer 30 000 soldats à l'étranger en six mois jusqu'à 7 ou 8000 km de distance. Aujourd'hui, cette capacité d'intervention est de 50 000 hommes. Bâtie dans un climat encore marqué par la Guerre froide dans les années 1990, elle est orientée vers l'Europe centrale. Un objectif à la fois "intenable" et "inadapté aux nouvelles menaces" selon Hervé Morin. 70 avions de combat devront aussi, à l'avenir, pouvoir être projetés sur un théâtre distant de 7 à 8 000 kilomètres.
10 000 hommes mobilisables à l'intérieur
Une force de 5 000 hommes est par ailleurs prévue pour intervenir sur des opérations extérieures ponctuelles ainsi qu'une force de 10 000 hommes pour pouvoir répondre à une "crise majeure" sur le territoire national.
Enfin, l'Europe de la défense est l'une des priorités de la présidence française de l'Union et le Livre blanc préconise la création d'une force d'intervention européenne, force terrestre de 60 000 hommes, capables d'être déployée pendant un an sur un théâtre lointain.
6) Une réforme pour se préparer à de nouvelles menaces
S'il donne les principales orientations en matière militaire pour les 10 à 15 prochaines années, le Livre blanc de la Défense revient également sur les nouvelles menaces qui amènent à ces choix stratégiques. En 1994, lors de la parution du dernier Livre blanc, il fallait encore s'adapter à la sortie de la Guerre froide et gérer la crise des Balkans alors que le Proche-Orient n'était pas encore le sujet d'inquiétude qu'il est devenu depuis. Aujourd'hui, de nouvelles menaces sont soulignées par les experts :
La menace terroriste s'est accentuée et "deterritorialisée" depuis le 11 septembre. Autrefois centrée au Proche-Orient, elle a aujourd'hui envahi les pays occidentaux. Aux Etats-Unis et en Angleterre on s'inquiète déjà depuis plusieurs années des populations locales ayant adopté l'idéoligie islamiste radicale ou djihadiste et agissant sur leur propre sol. En France, c'est "Al-Qaida au pays du Maghreb islamique" (ancien "Groupe salafiste pour la prédication et le combat") qui semble aujourd'hui l'organisation la plus menacante.
La menace balistique est aussi soulignée par le Livre blanc. Ce dernier s'inquiète des programmes militaires de certaines puissances comme l'Iran. Et si un jour Paris était à la portée des missiles iraniens ? Voilà, selon les rédacteurs du document, qui constitue une "menace structurelle" si on l'associe au développement des armes nucléaires, chimiques et bactériologiques. Menace terroriste et menace balistique justifient ainsi la mise en avant du renseignement dans la stratégie militaire des prochaines années.
La menace cybernétique regroupant cyber-terrorisme, cyber-guerre, hacktivisme et cyber-espionnage est aussi une crainte des responsables de la Défense. Devant la "vulnérabilité" des systèmes informatiques, le Livre blanc préconise la création d'une Agence de la sécurité des systèmes d'information. Des capacités de lutte "offensive" sont aussi programmées.
7) Un retour dans la structure militaire de l'Otan
Après les déclarations de Nicolas Sarkozy et sa décision d'envoyer des renforts en Afghanistan en avril, le Livre blanc vient enfin confirmer le retour de la France dans la structure militaire de l'Otan. Le chef de l'Etat avait souligné, dans son programme et lors de sa dernière visite à Londres, sa volonté vouloir reprendre "une participation constructive" au sein l'Organisation. Une première depuis la poltique de la "chaise vide", instaurée par le Général de Gaulle en 1966, lorsqu'il a quitté les structures intégrées de commandement de l'Otan. Le document reprend aussi la volonté du Président de poursuivre la construction d'un Europe de la Défense. Il prévoit un "net" renforcement des "capacités de planification et de conduite" des opérations militaires de l'UE.