Article lu le 7 octobre 2008 sur le site de La Tribune (cliquer ici pour accéder au site de La Tribune)
http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20081007trib000181065/crise-financiere-leurope-sapprete-a-renforcer-la-protection-de-lepargne-.html
Les citoyens de l'Union européenne pourraient bénéficier d'un relèvement de la garantie de remboursement bancaire minimale en cas de faillite de leur banque ainsi qu'une réduction des délais de remboursement.
Les pays européens s'apprêtent à renforcer la protection de l'épargne des particuliers pour éviter un mouvement de panique, face à l'aggravation inquiétante de la crise financière mondiale. Ils pourraient annoncer dès ce mardi 7 octobre de premières mesures concrètes en ce sens.
Selon des sources européennes citées à l'issue d'une réunion des ministres des Finances de la zone euro, deux mesures seraient en discussion: un relèvement de la garantie de remboursement bancaire minimale dont peuvent bénéficier les citoyens de l'UE en cas de faillite de leur banque, de 20.000 à jusqu'à 100.000 euros, ainsi qu'une réduction des délais de remboursement. Des propositions en ce sens de la Commission européenne vont être discutées ce mardi lors d'une réunion élargie aux ministres de l'ensemble de l'Union européenne.
Actuellement, la législation européenne oblige les pays de l'UE à garantir les dépôts pour un minimum de 20.000 euros par client. Même si de nombreux pays offrent déjà des montants plus importants, comme la France qui garantit jusqu'à concurrence de 70.000 euros. En portant le seuil minimum à 100.000 euros, l'objectif serait avant tout de rassurer les petits épargnants de plus en plus inquiets face à l'ampleur de la crise financière mondiale, pour éviter un mouvement massif de retraits bancaires qui fragiliserait davantage les banques européennes.
L'idée est aussi d'harmoniser les politiques disparates suivies en la matière, et d'éviter des fuites de capitaux vers les banques des pays les plus généreux. Et de dissiper l'impression de confusion et d'improvisation donnée depuis deux semaines par les pays européens.
Autre piste à l'étude: une réduction des délais de remboursement des petits épargnants en cas de faillite de leurs banques, selon le commissaire européen aux Affaires économiques, Joaquin Almunia. Ces délais peuvent atteindre plusieurs mois aujourd'hui selon les pays.
Dans une déclaration commune publiée lundi, alors que les places boursières mondiales étaient en chute libre, les dirigeants de tous les pays de l'UE ont promis de tout faire pour protéger l'épargne des particuliers et le système financier. "Tous les dirigeants de l'Union Européenne déclarent que chacun d'entre eux prendra toutes les mesures nécessaires pour assurer la stabilité du système financier, que ce soit par l'injection de liquidités en provenance des banques centrales, par des mesures ciblées sur certaines banques ou par des dispositifs renforcés de protection des dépôts", souligne le texte.
Le président de l'Eurogroupe (forum des ministres des Finances de la zone euro), Jean-Claude Juncker, a enfoncé le clou dans la soirée à Luxembourg en assurant qu'aucune banque de grande taille ne serait abandonnée à son sort en cas de difficulté. "Nous sommes d'accord entre nous" pour assurer "qu'aucun institut financier à caractère systémique (dont l'importance a une influence sur l'ensemble du système financier) ne puisse tomber en faillite", a-t-il déclaré. Le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet, a promis pour sa part de continuer à injecter "aussi longtemps que nécessaire" des liquidités dans le système bancaire pour venir en aide aux établissements.
Plusieurs gouvernements européens, notamment l'Irlande, l'Allemagne, le Portugal, l'Espagne et l'Islande, ont par ailleurs annoncé des initiatives unilatérales ces derniers jours. La mesure la plus spectaculaire est venue d'Allemagne, où la chancelière Angela Merkel a annoncé dimanche la couverture par l'Etat de toute l'épargne des ménages, soit plus de 1.600 milliards d'euros. L'intervention des pouvoirs publics allemands a contraint le Danemark et l'Autriche à faire de même. En Islande, le Premier ministre a annoncé que l'Etat était prêt à prendre le contrôle de toutes les banques du pays pour faire face à la crise financière.