Les villes de Californie du Nord tentent de s'adapter à leur vieillissement
Article lu sur le site Seniorscopie le 20 janvier 2008 (cliquer ici pour accéder au site Seniorscopie) Le vieillissement conduit les villes de Californie du Nord à repenser leurs transports, les soins, le logement pour coïncider avec l'évolution d'une population qui vieillit. Mais, les bénévoles retraités devront eux-même prendre une part des tâches relatives aux aînés en charge. En effet, la récession écorne les budgets alors que le besoin croît. Lorsque l'on est âgé avec une vue déficiente, le problème n'est pas forcément d'aller de chez soi à l'arrêt de bus.
Le marché de l'immobilier modifié
Il faut aussi un domicile aménagé, des soins accessibles, des rues piétonnières et paisibles, une cité pourvue d'activités attractives. Les boomers qui sont 78 millions aux USA vont devoir rapidement se demander s'ils vieillissent dans un environnement adéquat. Ce "silver tsunami" va modifier le marché de l'immobilier et les types de produits proposés, de même que la vision du vieillissement, pour eux et pour les générations suivantes.
Des équipements "age-friendly"
C'est un vrai défi pour des établissements, tels que le Leading Age Institute, qui doivent aider les communautés territoriales à lancer des programmes "age-friendly". Le problème est national, mais les solutions sont locales à l'échelle des agglomérations et des quartiers. Une enquête dans le nord de la Californie auprès des institutions, des villes et des individus ayant lancé diverses initiatives a permis de faire un état des lieux et de déceler les problèmes posés. Les villes vont devoir évoluer très vite au cours des vingt prochaines années afin d'affronter la révolution de la longévité.
L'expérience senior à contribution
Elles vont devoir réenvisager le déroulement de la vie de leurs résidents pour adapter leurs équipements. L'expérience des seniors pourra être mise à contribution pour affiner les projets. La question met en jeu le logement, les transports, la santé, la participation à la vie locale, la sécurité et l'emploi. Quelques uns des points essentiels sont la proximité des aînés des services de santé, des magasins, la possibilité de participer à la vie locale, l'organisation des relations de voisinage permettant l'échange de services. Les centres-villes deviennent une plaque tournante pour toutes des problématiques et opportunités. Portland et New York ont essayé de répondre aux défis posés en participant au Age Friendly Cities Project lancé par l'Organisation mpondiale de la santé.
Le concept de l"aging friendly" met aussi en jeu la création de communautés ou de réseaux mettant les gens en contact afin de rendre plus aisée la vie de chacun. L'un des enjeux est de prendre en compte les croisements d'intérêts entre jeunes familles et adultes âgés que l'on a tendance à traiter séparément en dépit des points de convergence.
Californie : diminution du budget aînés
La crise et l'augmentation du nombre de personnes âgées fait que les communautés locales ne peuvent plus accroître à l'infini leurs budgets consacrés à la question. Le département du vieillissement de Californie a diminué de 24 % ses programmes. Cette réduction inclut la question du médiateur qui veille sur le déroulement du séjour des personnes âgées dans les maisons de retraite et les hôpitaux. Les personnes doivent se soucier de leur propre avenir en dépit de retraites chancelantes et d'une épargne insuffisante. Les gens veulent vieillir là où ils se sont constitué un réseau de relations, où ils ont travaillé et élevé leur famille. Les collectivités publiques, pour réaliser les aménagements voulus, ont compté sur les ventes immobilières et sur les taxes mais elles affrontent actuellement un énorme déficit qui les met hors de possibilité d'agir et d'aider.
Impliquer les talents des retraités
Il faut donc reconsidérer la manière de faire et impliquer les talents des retraités au service des uns et des autres au sein de communautés qu'il faut considérer comme multi-générationnelles. Les villes pensaient pouvoir tout organiser mais elles ne font qu'effleurer la surface des besoins existants ou à venir. La récession ajoute à la difficulté existante. Les programmes immobiliers s'annulent et les localités n'ont pas encore prévu comment les services pourraient s'organiser de manière complémentaire au bénéfice des différents groupes d'âge. Toutefois les cités de la Californie du Nord, qui se sont inscrites dans le sillage du mouvement "age friendly", le considèrent comme une nouvelle perspective de développement pour les vingt années à venir. Les trois points principaux de préoccupation sont le logement, le transport et la santé. Sacramento a par exemple élaboré des itinéraires piétonniers et des pistes cyclables, des implantations d'immeubles dans des zones agréables, un tramway, des équipements culturels. L'enjeu est de créer une cité vivant 24h/24 au service de tous avec des quartiers qui ne soient pas seulement animés le jour par les salariés ou le soir par les résidents.
Développer des services de transport adaptés
C'est le panachage de l'ensemble qui améliorera la sécurité urbaine. Santa Rosa offre désormais un centre ville agréable pour toutes les générations. Les cités doivent développer des services de transports qui fonctionnent de jour mais permettent aussi de sortir le soir. La question est aussi celle de l'implantation des services médicaux et de l'accès aux spécialistes. Elle est encore celle du coût des services et de leur rémunération. Celle-ci, plus faible en zones rurales selon les barèmes publics, les rend donc moins attractives et pénalise de ce fait les résidents qui n'y trouvent pas la totalité des services attendus.
Le Marin County, le plus riche et le plus vieillissant de Californie, a récemment ouvert un centre de santé et de bien-être à San Rafael, à proximité d'un centre social et d'une école. Les enjeux existants ou à venir sont aussi de pallier la raréfaction de certains services à domicile. Sans Francisco se situe aussi dans la perspective de l' "age-friendliness" mais sa configuration accidentée ne rend pas aisée son accessibilité. A certains endroits, des ascenseurs devront être substitués aux escaliers actuels. La ville peut aussi développer ses transports. La question devient alors : comment y accéder et en descendre.
Un design immobilier adapté
San Rafael encourage l'élaboration d'un nouveau design immobilier afin de favoriser le maintien à domicile. La ville compte 9 000 maisons. Et rien n'interdit d'en doter certaines d'une seconde unité d'habitations pour des boomers voulant réduire la taille de leur logement.
Cette orientation peut aussi être favorable à un redéveloppement du centre-ville en habitations. La Californie doit aussi affronter l'évolution des "sun cities"jusque-là réservées par un règlement intérieur strict aux plus de 55 ans. La mixité d'âge, avec l'arrivée du baby-boom, peut devenir une perspective pour elles. A ne pas oublier non plus : un boomer sur huit développera vraisemblablement un Alzheimer. Ceci signifie entraide, services, établissements...Les jeunes ont développé un service de portage de courses à domicile dans le China Town de San Francisco.
Le vieillissement constitue donc à la fois un véritable marché, mais aussi la possibilité de construire des réseaux d'entraide sans lesquels la communauté ne survivra pas En effet, tous les services et soins ne pourront être financés et assurés par la collectivité. Les résidents eux-mêmes doivent portent une part de la création de villes devenues "age-friendly".