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De l'air ! (31 01 2009)

 

 Article de Mme Sandrine Blanchard, publié le 28 janvier 2009 sur le site du Monde (cliquer ici pour accéder au site du Monde)

 

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2009/01/28/de-l-air-par-sandrine-blanchard_1147561_3232.html

 

 

Chaque jour, nous sommes des millions à nous laver avec un gel douche et un shampoing bourrés de paraben, à réchauffer au micro-ondes un biberon en plastique au bisphénol, à pulvériser - les Français, paraît-il, adorent les sprays - du désodorisant dans nos toilettes, du nettoyant "surpuissant" sur les parois du lavabo, du dépoussiérant sur nos meubles...

 

Ainsi va la vie moderne. Chimique, archichimique. Sommes-nous inconscients ? Le XXIe siècle verra-t-il le retour du savon de Marseille et du ménage au vinaigre blanc ? Franchement, il faut être sourd pour ne pas entendre les multiples mises en garde des scientifiques sur la chimie qui a envahi notre sphère intime. Ce que l'on mange, ce que notre peau absorbe, l'air que l'on respire, le lieu où l'on vit, tout ce qui fait notre quotidien comporterait potentiellement des risques pour la santé.

 

 

Ainsi, mercredi 21 janvier, qu'apprend-on en écoutant les experts réunis par le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) ? Qu'il serait urgent de se prémunir de la pollution de l'air... intérieur. Notre vie sédentaire n'est pas seulement mauvaise pour notre ligne et nos artères. Logement, bureau, les lieux confinés où nous passons l'essentiel de notre vie renferment "des niveaux de concentration de très nombreux polluants supérieurs au milieu extérieur". Peintures, cloisons, revêtements, mobilier, mais aussi détergents, nettoyants, laques, insecticides contiennent, à notre insu, des substances nocives qui "s'égaieraient" en composés organiques volatils.

 

N'en jetez plus ! C'est l'invasion. Invisible, sournoise. Elle pourrait expliquer la hausse du nombre d'asthmatiques, de certains cancers, mais aussi la baisse vertigineuse du nombre et de la qualité des spermatozoïdes, l'augmentation des malformations génitales. Car non seulement ces substances chimiques polluent, mais elles perturbent aussi notre système endocrinien.

 

Difficile de faire plus anxiogène. Pas étonnant que 85 % des Français se déclarent inquiets de la baisse de la fertilité pour les générations futures, et qu'ils soient 45 % à accuser la pollution et les pesticides, selon un sondage Ipsos pour le magazine Top Santé et France 5 publié mercredi 28 janvier.

 

Tout cela est tellement déprimant que l'on ne sait plus par où prendre le problème. Que faire à l'échelle individuelle ? Faut-il changer radicalement nos habitudes de vie et de consommation ou, de guerre lasse, devenir "aquoiboniste" ? Il faudra bien un jour mourir de quelque chose.

 

On rêverait de scientifiques, et notamment d'épidémiologistes, qui nous diraient : voilà ce qu'on a découvert et voilà ce que l'on ferait à votre place. En les titillant, on obtient parfois quelques conseils. Certains sont tout simples : aérer au moins dix minutes par jour son logement, même s'il donne sur le périph', bannir les aérosols, éviter de repeindre la future chambre de bébé quand on est enceinte. D'autres sont plus politiques : obliger les industriels à revoir la composition de leurs produits afin que l'homme moderne ne soit plus obnubilé par cette nouvelle question existentielle : que dois-je acheter ? Consommateurs européens, unissez-vous !

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