Article de Mme Martine Laronche, lu le 2 février 2009 sur le site du Monde (cliquer ici pour accéder au site du Monde)
http://www.lemonde.fr/aujourd-hui/article/2009/02/02/a-16-ans-les-jeunes-preferent-trinquer-plutot-que-fumer_1149639_3238.html#xtor=EPR-32280155&ens_id=628859?xtref=
Les jeunes de 16 ans consomment plus d'alcool, mais moins de tabac et de cannabis. Tels sont les principaux enseignements de l'enquête Espad (European school survey on alcohol and others drugs) rendue publique lundi 2 février. Réalisée, en France, sous la responsabilité scientifique de l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) et de l'Inserm, cette enquête internationale a été réalisée au printemps 2007 dans 202 établissements scolaires auprès de 2 800 élèves. Lancée pour la première fois en 1999, elle a lieu tous les quatre ans.
Alcool
C'est le produit le plus expérimenté : 88 % des élèves de 16 ans y ont goûté au moins une fois dans leur vie. Ils sont 13 % à déclarer en consommer régulièrement, c'est-à-dire au moins dix fois au cours des trente derniers jours. Cette consommation régulière apparaît en nette augmentation par rapport aux précédentes enquêtes en 1999 et 2003 (respectivement 8 % et 7 %). Elle demeure très masculine et concerne un garçon sur cinq, contre moins d'une fille sur dix.
Quant aux ivresses régulières (au moins 10 au cours des douze derniers mois), elles affichent un niveau stable sur l'ensemble de la période 1999-2007 et concernent 3,5 % des jeunes de 16 ans.
Près d'un jeune sur deux déclare avoir déjà été ivre au cours de sa vie et près du tiers au cours de l'année écoulée. Par ailleurs, ils sont 4 sur 10 à déclarer avoir bu plus de 5 verres en une même occasion au cours des trente derniers jours. La bière, le champagne et les alcools forts sont les boissons favorites des jeunes devant le cidre, les prémix (mélange soda et alcool fort) et le vin.
Cannabis
Son expérimentation concerne, en 2007, trois élèves de 16 ans sur dix, soit une légère baisse comparée à 1999 (31 % contre 35 %). Un recul plus net s'observe en ce qui concerne les consommations régulières (au moins dix usages au cours des trente derniers jours). Ainsi, la part des usagers réguliers de cannabis est passée de 5,5 % en 1999, à 6,1 % en 2003, puis à 3,4 % en 2007. Les garçons sont plus souvent concernés que les filles. Mais la baisse de l'usage régulier de cannabis est plus marquée chez eux - 8,7 % des garçons de 16 ans en 2003, contre 5 % en 2007 - que chez les filles (3,7 % en 2003, 2 % en 2007).
Tabac
La baisse du tabagisme se confirme. A 16 ans, 6 adolescents sur 10 (58 % des garçons et 61 % des filles) déclarent avoir déjà fumé une cigarette au cours de leur vie : ils étaient près de 8 sur 10 en 1999 (79 % des filles et 75 % des garçons). L'usage quotidien est également en net recul : il est passé de 31 % en 1999 à 17 % en 2007. La baisse apparaît plus marquée chez les filles passant de 24 % en 2003, à 16 % en 2007, que chez les garçons (de 20 % à 18 % pour la même période).
Polyconsommation
En 2007, seulement 9 % des élèves de 16 ans déclarent n'avoir jamais pris ni alcool, ni tabac, ni cannabis au cours de leur vie. Cette proportion est en légère augmentation comparée à 1999 (7 %).
Depuis cette date, la proportion des jeunes qui ont expérimenté deux substances (essentiellement alcool et tabac) a nettement baissé, passant de 37 % à 27 % en 2007. La part de ceux qui ont expérimenté les trois - alcool, tabac, cannabis - est, elle, passée de 33 % en 1999, à 29 % en 2007.
Etienne Apaire, président de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt), se dit "satisfait" du recul de la consommation de cannabis. Il rappelle les liens existants entre la consommation de cette drogue et l'apparition ou l'aggravation de troubles psychotiques ainsi que les risques vingt fois plus élevés d'avoir un accident mortel au volant quand on consomme alcool et cannabis.
La Mildt annonce le lancement, en septembre, d'une campagne sur les dangers des drogues illicites et, à la fin de l'année, d'une autre sur leur cadre légal. "Une enquête de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé a montré que 49 % des personnes interrogées ne savaient pas qu'il était interdit de consommer du cannabis chez soi", poursuit M. Apaire. Face à la nette augmentation de la consommation régulière d'alcool, le président de la Mildt estime que "les parlementaires doivent comprendre tout l'intérêt d'interdire la vente de boissons alcooliques aux jeunes de moins de 18 ans". Cette mesure figure dans le projet de loi sur l'organisation des soins, qui sera débattu à l'Assemblée à partir du 10 février.