Evolution de la pauvreté des personnes âgées
http://www.cor-retraites.fr/IMG/pdf/doc-1234.pdf
site du COR :
http://www.cor-retraites.fr/article358.html
Longtemps, la prise en charge des personnes âgées a relevé de la solidarité familiale, et celle de la vieillesse pauvre, de la charité privée.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que sont apparues les premières lois d’assistance aux personnes âgées. Toutefois, c’est avant tout la création de la Sécurité sociale en 1945, avec la mise en place d’un système d’assurance vieillesse pour tous, qui a permis de réduire massivement et de façon continue la pauvreté des personnes âgées en France.
L’amélioration et la généralisation des systèmes de retraite contribuent en effet à verser à la très grande majorité des personnes âgées des retraites d’un montant convenable. Comme les pensions de retraite constituent la majeure partie des ressources des personnes âgées, en l’espace d’une cinquantaine d’années, leur niveau de vie a rejoint, en moyenne et en tenant compte des revenus du patrimoine, celui des actifs. En outre, depuis le début des années 1980, on trouve proportionnellement plus de personnes pauvres parmi l’ensemble de la population que chez les personnes âgées. De nos jours, 10% des personnes âgées de 65 ans et plus sont considérés comme pauvres (1) en France, contre 12,4 % pour les moins de 65 ans.
Parallèlement au système de retraite, le minimum vieillesse garantit un montant de ressources minimum aux personnes de 65 ans et plus (60 ans en cas d’inaptitude au travail) qui n’ont pas, ou pas suffisamment, travaillé pour percevoir une retraite leur permettant de subvenir à leurs besoins vitaux. La population actuellement bénéficiaire du minimum vieillesse (4 % des 60 ans et plus), population âgée, féminine, isolée et ayant acquis peu ou pas de droits à retraite, témoigne ainsi de l’histoire du système de retraite en France, des variations démographiques passées et de la place des femmes dans le monde du travail. Le minimum vieillesse apparaît comme un « filet de sécurité » du système d’assurance vieillesse.
1 Pauvreté monétaire : un individu (ou un ménage) est considéré comme pauvre lorsque son niveau de vie est inférieur au seuil de pauvreté. Ce seuil est calculé par rapport à la médiane de la distribution nationale des niveaux de vie. C’est le seuil à 60 % du niveau de vie médian qui est privilégié en Europe.
Toutefois, alors que ce dispositif est destiné à assurer des ressources minimales aux personnes âgées, il ne permet pas dans un certain nombre de cas d’échapper à la pauvreté monétaire. En effet, si depuis sa création les revalorisations successives du minimum vieillesse ont permis, notamment jusqu’au début des années 1980, d’améliorer très significativement le barème de la prestation, elles n’ont quasiment jamais permis que le seuil du minimum vieillesse se situe clairement au-dessus du seuil de pauvreté. En outre, depuis plus de vingt ans l’écart entre le
barème du minimum vieillesse et le seuil de pauvreté se creuse, plus fortement encore pour les allocataires vivant seuls que pour ceux vivant en couple. L’annonce récente par le président de la
République d’une augmentation de 25 % d’ici à 2012 du minimum vieillesse pour les personnes seules permettra de rattraper l’écart entre allocataires « isolés » et allocataires en couple. Pour autant, il n’est pas certain que cette augmentation permette au barème de se situer au-dessus du seuil de pauvreté d’ici à 2012.
L’évolution de la pauvreté des personnes âgées ainsi que le rôle du minimum vieillesse sont examinés dans cet article. Nous rappellerons tout d’abord comment la mise en place de l’assurance vieillesse, au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, a permis d’augmenter progressivement les ressources des retraités et, de ce fait, d’enrayer la pauvreté pour la majeure partie des personnes âgées. En dépit de cette efficacité en matière de lutte contre la pauvreté, un certain nombre de personnes âgées sont encore aujourd’hui, faute de ressources suffisantes, prises en charge par le dispositif d’assistance du minimum vieillesse. La partie suivante décrit cette population spécifique. Enfin, nous montrerons en quoi ce dispositif, « filet de sécurité » de l’assurance vieillesse, ne protège pas toujours de la pauvreté.