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Dépendance : aidants et aidés (3/3) (05 05 2012)

Nous proposons sur 3 jours des extraits (hors tableaux et graphiques) du rapport de Mmes C. Bonnet, E. Cambois, C. Cases, et J. Gaymu publié dans la revue Population et sociétés (n°483 de novembre 2011, 1,50 €. n° ISSN 0184 77 83) et sur le site de l’Institut National d’Etudes démographiques (cliquer ici pour accéder au site de l’INED)

La dépendance : aujourd’hui l’affaire des femmes, demain davantage celle des hommes ?

http://www.ined.fr/fr/ressources_documentation/publications/pop_soc/bdd/publication/1564/.html

http://www.ined.fr/fichier/t_publication/1564/publi_pdf1_483.pdf

SOMMAIRE :

Résumé

Introduction

Les femmes principales bénéficiaires de l’aide à domicile…

…mais aussi principales pourvoyeuses d’aide

Des conséquences sur la vie professionnelle et la santé des aidants

Demain, plus d’hommes parmi les aidants potentiels

Le rôle d’aidant mieux partagé à l’avenir entre hommes et femmes ?

Perspectives

 

Demain, plus d’hommes parmi les aidants potentiels

Les projections démographiques anticipent une augmen­tation notable du nombre de personnes dépendantes dans les prochaines décennies, quels que soient les méthodes et scénarios retenus. La proportion d’hommes ne progresserait que très faiblement (de 26 % en 2010 à 27-30 % en 2060 selon les scénarios) et cette population devrait rester très majoritairement féminine ; elle serait en moyenne plus âgée si le taux de dépendance à un âge donné reculait en raison des progrès médicaux et d’une meilleure prise en charge.

 

La situation conjugale des personnes âgées, dépen­dantes ou non, est par ailleurs amenée à changer. Les femmes vieilliront plus souvent à deux à l’avenir. Le recul très marqué du veuvage, dû à la baisse de la mortalité et au rapprochement des espérances de vie entre hommes et femmes, compensera largement la montée des divorces à l’horizon 2030. Aujourd’hui, parmi les personnes âgées dépendantes de 75 ans et plus vivant en couple, seules 38 % sont des femmes, mais dans 30 ans cette proportion pourrait atteindre 47 %. Chez les 85 ans et plus, pour lesquels les contrastes de situation conjugale sont les plus forts, les hommes vivaient, en 2000, 5 fois plus souvent en couple que les femmes (43 % contre 8 %) ; en 2030 le rapport pourrait se réduire à 2,5 (55 % contre 21 %). Les hommes de demain seront plus souvent confrontés au besoin d’aide et à la dépendance de leur conjointe. Une catégorie particulière va aussi sans doute prendre de l’ampleur : les couples doublement dépen­dants, nécessitant des solutions spécifiques.

 

Enfin, parmi les 60 ans et plus, la part des hommes dépendants ayant un conjoint aura tendance à diminuer d’ici 2050, alors qu’elle augmentera chez les femmes. Cette diminution concerne surtout les 60-74 ans. À partir de 75 ans, l’évolution est à la hausse mais toujours moins favorable que pour les femmes. Avec une définition plus large de la dépendance, la part des hommes en couple âgés de 75 à 84 ans pourrait même diminuer. À ces âges, même s’ils sont nombreux à se re­mettre en couple, la croissance du nombre de divorcés l’emportera pour eux sur l’effet de la diminution du veuvage.

 

La population dépendante et ne vivant pas en couple devrait donc se masculiniser : en 2000, elle était composée de 24 % d’hommes, ils pourraient être 31 % en 2030. Les effectifs d’hommes divorcés vivant seuls et souffrant d’incapacités vont, en effet, énormé­ment s’accroître : dans le cas le plus favorable d’une amélioration de l’état de santé, ils pourraient sextupler en France. Cette évolution sera certainement à l’ori­gine d’un surcroît de besoin de soutien professionnel. Dans les années 2000, les hommes divorcés recevaient et apportaient moins d’assistance, qu’ils soient parents ou enfants. Il n’est cependant pas exclu que la solidarité intergénérationnelle puisse être d’une autre nature dans les futures générations de divorcés.

 

Le rôle d’aidant mieux partagé à l’avenir entre hommes et femmes ?

Les femmes en position d’aidantes voient leur situation professionnelle se modifier. Elles sont plus impliquées sur le marché du travail et les évolutions récentes de la législation les conduiront, de surcroît, à reculer leur âge de départ en retraite. Face au probable recul de l’âge de la dépendance lourde, on peut s’interroger sur la future disponibilité des aidantes qui seront elles-mêmes plus âgées – et donc avec une santé éventuellement plus fragile – et davantage impliquées sur le marché du travail.

 

Seront-elles encore disposées à assumer l’ensemble des tâches qu’elles effectuent aujourd’hui, pourront-elles modifier la nature du soutien apporté, seront-elles davantage aidées par les hommes de la famille ou feront-elles, comme les hommes d’aujourd’hui, davantage appel à une aide extérieure ?

 

Les évolutions démographiques et sociales conduiront les hommes à être plus souvent en position d’aidant potentiel. La transformation des rôles sociaux des hommes se traduira-t-elle par davantage d’implication des fils et beaux-fils dans la prise en charge de leurs ascendants et des hommes de leur conjointe ? Continueront-ils à avoir le même niveau de recours à l’aide extérieure pour un certain nombre de tâches ?

 

Plus largement, on peut se demander dans quelle mesure la plus grande fréquence des ruptures et des nouvelles formes d’union des aidants potentiels changera la nature des solidarités aussi bien dans les couples qu’entre les générations.

 

Perspectives

 

L’évolution viendra probablement aussi de la manière dont les personnes âgées elles-mêmes envisageront l’organisation de la prise en charge de leurs besoins, d’autant plus pour celles qui auront déjà été aidantes. Ne seront-elles pas moins enclines à se percevoir comme dépendantes de leur famille et à concevoir leurs filles dans ce rôle d’aidant ? Aujourd’hui, dans les pays où les services professionnels sont les plus développés, la préférence des personnes âgées va nettement vers cette solution, et ce d’autant plus qu’elles ont besoin de soins personnels ou de longue durée. Ailleurs, les attentes dans ce domaine ne semblent pas satisfaites et, partout, la majorité des personnes âgées s’accorde à penser que l’essentiel de la prise en charge de la dépendance devrait, dans l’avenir, être d’ordre professionnel.

 

Dans les prochaines décennies, les évolutions démographiques et sociales vont peser sur l’aide que continueront à apporter les familles. En conséquence, l’aide professionnelle, sa valorisation et son accessibilité sont des enjeux importants dans les débats sur la dépendance.

 

La capacité financière des individus pour faire appel à ces aides (y compris à l’institutionnalisation) dépendra à la fois de leurs propres ressources et de l’évolution de la politique de prise en charge publique de l’assistance aux personnes. La question du niveau futur des pensions de retraite et des règles d’indexation utilisées pour les faire évoluer prend alors toute son importance. Les pensions liquidées évoluent comme les prix, alors que le coût des services et des aides professionnelles évolue davantage comme les salaires. Cette différence sera d’autant plus marquée que les besoins surviendront longtemps après le passage à la retraite et qu’elle intervient dans un contexte d’augmentation probable de la demande pour ces services au fil du temps.

 

Le rééquilibrage des rôles familiaux et professionnels passe prioritairement par le renforcement de l’offre et de l’accès aux services d’aide à la dépendance. Face aux évolutions décrites, la continuité des dispositifs existants pour le maintien et l’aide à domicile se traduira, ipso facto, par une pression supplémentaire sur les familles, essen­tiellement sur les femmes si le partage du rôle d’aidant n’évolue pas.

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