http://www.inpes.fr/30000/actus2012/013-UV-peau-retine.asp.html
Les ultra-violets, ultra violents pour la peau et la rétine
Des gestes de prévention connus mais trop peu appliqués
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Pour en savoir plus
Les ultra-violets, ultra violents pour la peau et la rétine
La Journée nationale de prévention et de dépistage des cancers de la peau, organisée par le Syndicat des Dermatologues vénérologues (SNDV) a lieu jeudi 24 mai pour la pour la quatorzième année consécutive. Près de 300 centres seront ouverts partout en France, pour des dépistages anonymes et gratuits. La mode du bronzage par l’exposition au soleil ou la fréquentation des cabines à UV artificiels sont en partie responsables des 80 000 cancers de la peau diagnostiqués chaque année en France. Ces derniers sont en augmentation constante depuis trente ans. Les pouvoirs publics (INCa, InVS, Inpes, Anses, ministère chargé de la santé) sont mobilisés pour enrayer cette recrudescence. À la veille de la Journée nationale, un communiqué de presse et un dossier de presse communs, la diffusion de deux chapitres du Baromètre Cancer 2010 de l’Inpes/INCa et un numéro thématique du BEH de l’InVS, viennent rappeler les dangers des ultraviolets A et B naturels (soleil) et artificiels (cabines de bronzage) et les moyens de prévenir et de détecter au plus tôt les cancers de la peau (carcinomes et mélanomes). Autant d’occasion de mobiliser la population et les professionnels de santé, de diffuser des connaissances et des gestes de prévention et de dénoncer des idées fausses sur les UV artificiels.
En France, on l’aime dorée comme la baguette. La peau s’expose au moindre rayon de soleil et le culte du bronzage est bien présent dans la société. Mais il fait aussi courir à notre peau un danger qui peut lui être fatal. Chaque année, 1 620 patients décèdent d’un mélanome cutané. Les cancers de la peau sont ainsi en forte augmentation en France depuis trente ans. Les pouvoirs publics veulent frapper les esprits avec ces chiffres :
· 70 000 cas de carcinomes cutanés par an. Ils ont la forme d’un petit bouton ou d’une croûte blanche qui se soignent bien, mais peuvent laisser des cicatrices
· 10 000 cas de mélanomes cutanés répertoriés tous les ans. Bien plus grave, le mélanome est une tumeur maligne qui le plus souvent ressemble à un grain de beauté comme un autre (avec une forme irrégulière plusieurs couleurs mélangées) mais qui, si on l’enlève trop tard, peut évoluer en métastases (cancer généralisé)
· En 2011, on estime à 9 780 les nouveaux cas de mélanomes, cancers qui ont plus que triplés entre 1980 et 2005, en raison d’une exposition plus forte de la population au soleil (InVS)
L’ensemble des professionnels de la santé et la communauté scientifique sont d’accord pour établir un lien entre la progression de l’exposition aux UV (tant du soleil que des cabines de bronzage) et l’augmentation des cancers de la peau. Les installations de bronzage artificiel, apparues dans les années 70 se sont multipliées en France ces dernières années et leurs propriétaires font une publicité agressive de leurs activités en pleine expansion, contredisant des vérités scientifiques établies. Ils font croire que :
· les séances d’UV ont un rôle protecteur pour les expositions solaires à venir
· sont bonnes contre la dépression saisonnière (alors que sa prise en charge demande exclusivement de la lumière visible et non invisible comme les ultra-violets)
· transforment la vitamine D inactive en forme active, bonne pour la santé, etc.
Autant de contre-vérités qui ont pourtant fait leur chemin dans l’esprit des Français. Le Baromètre cancer 2010 Inpes/INCa, rapporte par exemple qu’un quart des personnes pense à tort que l’exposition aux UV artificiels prépare la peau au soleil et permet d’éviter les coups de soleil. Or la coloration de la peau acquise par une exposition au rayonnement en cabine n’est que faiblement associée à un épaississement de la peau. Seul cet épaississement, induit par le soleil, permet de protéger la peau face aux agressions solaires ultérieures. De même, la supposée protection contre certains cancer (non cutanés) grâce à la sécrétion de vitamine D active induite par les UVA artificiels n’a pas de fondement scientifique solide comme le montre le rapport « UV (artificiels et solaires), vitamine D et cancers non cutanés » publié par l’INCa en juillet 2011. Cet argument, pourtant diffusé pour justifier de façon indirecte un intérêt sanitaire des expositions aux UV artificiels (alors qu’ils sont à visée purement esthétique), est contraire aux dispositions du décret n°97-617 qui encadre en France la mise à disposition de ces appareils. La « fausse innocuité des UVA » est aussi insuffisamment connue et ils étaient encore considérés il y a peu comme inoffensifs. Or les effets cancérogènes des rayons UVA et UVB sont établis, notamment par un travail récent (publié dans Cancer Epidemiol Biomarkers Prev., revue de renommée mondiale) qui a montré que la population atteinte de mélanome avait une utilisation plus fréquente, plus intense et plus prolongée d’UV artificiels (voir éditorial du BEH n°18-19 -pdf, 426 Ko-). Des chercheurs américains de la Mayo Clinic, ont également publié le 2 avril 2012 une étude mettant en évidence une forte augmentation des cas de mélanomes chez des adultes jeunes entre 1970 et 2009. L’incidence de ce cancer a ainsi été multipliée par 8 chez les femmes âgées de 18 à 39 ans et par 4 chez les hommes du même âge dans le Minnesota. Les auteurs estiment que cette différence peut s’expliquer par des comportements féminins spécifiques comme l’exposition aux UV artificiels. Une augmentation de 75 % du risque a ainsi été mise en évidence en cas de première exposition entre 10 ans et 30 ans. Ces travaux ont conduit le Centre international de recherche sur le cancer de l’OMS (Circ ou IARC - International Agency for Research on Cancer, voir Exposure to artificial UV radiation and skin cancer -pdf, 1,8 Mo-) à ajouter en juillet 2009 les UV artificiels dans la liste des agents cancérogènes pour l’homme, au même titre que les rayonnements du soleil.
Ainsi, depuis dix ans, les indices s’accumulent contre les cabines de bronzage. Or les amateurs de « soleil en boîte » sont encore très peu conscients du danger. En France, environ 3 millions de personnes passent par ces cabines UV dont les lampes émettent un rayonnement en UVA (indolores) dont l’intensité peut être la même que celle du soleil dans les zones subtropicales (source INCa). Selon le Baromètre cancer 2010 Inpes/INCa, 13 % des Français ont déjà utilisé des UV artificiels au moins une fois au cours de leur vie, et un tiers des utilisateurs récents déclare une fréquence d’exposition supérieure à dix fois par an. L’utilisation récente concerne surtout les femmes (5 %) et les jeunes adultes, en particulier les 20-25 ans (près de 10 %). Près de 14 % des femmes de 20 à 25 ans se sont exposées dans les douze derniers mois et ce public féminin et jeune augmente chaque année.
Face à cette tendance, les pouvoirs publics jugent utile de rappeler que :
· que la pratique du bronzage artificiel en cabine ou par des lampes est fortement déconseillée. Par ailleurs la fréquentation des cabines de bronzage est interdite par la loi aux moins de 18 ans même si dans la pratique les centres de bronzage vérifient peu l’âge de leurs clients.
· le danger vient des ultraviolets, dont la principale source d’exposition est le rayonnement solaire. Ils sont donc présents dès qu'il fait jour, hiver comme été. Invisibles pour l’œil humain, on ne les sent pas sur la peau (les rayons que l'on ressent comme une sensation de chaleur sont les infrarouges). Les UV sont plus violents (et donc plus dangereux) en altitude.
· la protection contre le soleil doit être permanente quelle que soit la saison, quel que soit le niveau de bronzage et surtout elle doit débuter dès l’enfance. Plus l’exposition au soleil est précoce et plus le risque de cancer de la peau est important.