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Emploi et Automatisation (04 08 2016)

Note d’analyse de Monsieur Nicolas Le Riu publiée le 19 juillet 2016 sur le site de France-Stratégie (cliquer ici pour accéder au site de France Stratégie)

http://www.strategie.gouv.fr/publications/leffet-de-lautomatisation-lemploi-quon-sait-quon-ignore.html

Texte du rapport :

http://www.strategie.gouv.fr/sites/strategie.gouv.fr/files/atoms/files/na-49-automatisation-emploi_0.pdf

 

L'effet de l'automatisation sur l'emploi : ce qu'on sait et ce qu'on ignore

La moitié des emplois menacée par l’automatisation ? Le numérique détruit et crée des emplois, mais surtout en transforme. L’automatisation n’est pas qu’une question de technologie mais aussi d’acceptabilité sociale, d’organisation du travail, etc.

Automatisation, robotisation, intelligence artificielle, les progrès du numérique annoncent-ils une grande vague de chômage technologique ? Pas si sûr. D’abord parce que l’homme conserve un avantage comparatif sur la machine, de telle sorte que tous les emplois ne sont pas automatisables, loin de là. Seuls 15 % des salariés français pourraient en l’espèce être remplacés par un robot aujourd'hui. Ensuite et surtout, parce que le contenu des métiers évolue avec le numérique dans un sens qui les rend paradoxalement moins automatisables.

L’automatisation des emplois : une possibilité surestimée

 

 

Si elles ne peuvent à elles seules porter la responsabilité de la vague antiprogrès (dite « néo-luddite »), certaines prévisions alarmistes contribuent malgré tout à alimenter la confusion. Selon l’une d’entre elles, un emploi sur deux présenterait un risque élevé d’être automatisé sur les vingt prochaines années, en France, comme en Europe ou aux États-Unis. Sauf que cette étude raisonne en termes de métiers et non de tâches. Elle englobe donc, dans ses prévisions, des emplois qui requièrent notamment de travailler en équipe, d’interagir socialement ou de faire preuve de flexibilité face à un impondérable, autant de compétences que le robot ne possède pas a priori (même à moyen terme) !

De fait, en adoptant une approche en termes de compétences (et non plus de métiers), la prévision tombe à 15 % - l’approche étant basée ici sur une analyse des déclarations des salariés français concernant leurs tâches et leur environnement de travail. L’étude de France Stratégie va même plus loin en montrant que le nombre des emplois peu automatisables a augmenté de plus de 30 % depuis 1998, une hausse imputable à la place croissante des services dans l’économie mais aussi, et surtout, à une transformation du contenu des métiers qui se recentre sur les tâches les moins automatisables.

L’équation à plusieurs inconnues des effets du progrès sur l’emploi

Par ailleurs, mesurer l’effet global des progrès du numérique sur l’emploi ne se résume pas à estimer le nombre de postes susceptibles d’être automatisés. Tout progrès technologique emporte une part de destruction, de création et de transformation des emplois. Trois variables sur lesquelles pèsent de lourdes incertitudes. La première tient au degré de robotisation. La disponibilité d’une technologie ne préjuge pas de son usage. Si c’était le cas, les industries automobiles allemande et française auraient la même densité de robots. Or elle varie du simple au double parce que les modes d’organisation du travail, l’acceptabilité sociale et la rentabilité anticipée sont également des facteurs décisifs. La deuxième incertitude tient au niveau des créations d’emplois. Création directe dans la Recherche et Développement (R&D), la conception ou la production d’automates. Et création indirecte dont l’estimation dépend d’une grande inconnue : le niveau des gains de productivité à attendre des nouvelles technologies. Enfin, dernière incertitude : le degré de substituabilité hommes/automates. Ce n’est pas parce qu’une activité est robotisée qu’elle peut se dispenser de salariés ! L’industrie automobile allemande est une des plus robotisées au monde. Pourtant, elle emploie 100 000 salariés de plus qu’il y a vingt ans. On est loin ici du remplacement !

Globalement, l’analyse suggère plutôt que l’automatisation engendre un besoin accru en « compétences sociales », de telle sorte qu’existe en réalité une complémentarité entre l’homme et la machine.

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