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Pénurie de médicaments : vers une relocalisation de la production
Lors de la crise sanitaire engendrée par le COVID-19, la question du problème d'approvisionnement en médicaments est apparue prégnante. C'est dans ce contexte que le gouvernement a présenté une stratégie pour relocaliser la production de médicaments.
Publié le 25 juin 2020 à 16h12
Le Gouvernement a lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) doté de 120 millions d’euros pour connaître les projets d’investissements.
Les tensions d'approvisionnement ont été multipliées par vingt entre 2008 et 2018. Le rapport Biot concernant le problème de pénuries de médicaments essentiels, commandé en septembre 2019 et remis au Premier ministre le 18 juin 2020 dresse deux constats :
- les ruptures d'approvisionnement et arrêts de production sont la cause de 20% à 30% au plus des pénuries ;
- un déséquilibre de l'offre et de la demande et des écarts de prix conduisent les acteurs à s'approvisionner sur les marchés les plus rémunérateurs.
Pénurie de médicaments : des causes multiples
Si des mesures ont été prises auparavant pour sécuriser la chaîne, le document analyse plus précisément l'aspect industriel des pénuries. Différentes causes de ruptures de stock de médicaments sont analysées :
- absence de visibilité sur les tensions de la chaîne d'approvisionnement de médicaments génériques ;
- difficulté voire impossibilité de trouver rapidement une alternative industrielle ;
- absence de leviers économiques pour conserver des productions menacées et encourager la relocalisation en Europe dans des conditions environnementales, sanitaires et financières satisfaisantes.
La mission stratégique recommande notamment :
- la mise en place au sein de l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), d'une cartographie des étapes de production de chaque opérateur pour identifier les vulnérabilités (chaque année, les industriels déclarent leurs sources d’approvisionnement à l’Agence) ;
- une coopération internationale pour harmoniser les réglementations ;
- des règles spécifiques adaptées aux appels d'offres des hôpitaux (diversité des fournisseurs).
C'est en se basant sur ces préconisations que le gouvernement a élaboré un plan de relocalisation des industries de santé.
Plan d'action : pour une indépendance retrouvée
"Gagner en indépendance industrielle et sanitaire", c'est l'objectif du nouveau plan d’action pour la relocalisation des industries de santé en France
Il prévoit deux axes :
- augmenter la production de médicaments et renforcer la recherche en France ;
- mettre en place une coordination européenne pour soutenir la capacité de l’Union européenne à faire face à des crises sanitaires.
Pour accompagner les industriels, le gouvernement a ainsi lancé un appel à manifestation d’intérêt (AMI) doté de 120 millions d’euros pour identifier les projets d’investissements permettant d'assurer l'augmentation rapide de la production de médicaments jouant un rôle dans la prise en charge de patients atteints de COVID-19.
Par ailleurs, des travaux sont aussi engagés avec trois des principaux fabriquant de paracétamol, pour que, d'ici à trois ans, la France soit en mesure de reproduire, conditionner et distribuer ce médicament.
Concernant le renforcement des capacités nationales de recherche, six projets de thérapies contre le COVID-19 ont été sélectionnés. Pour un montant de 78 millions d'euros, ces projets couvrent différentes stratégies thérapeutiques (vaccinales, antivirales...) et technologiques (chimie, biotechnologies...).