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ACTIVITE PHYSIQUE : UN TRAITEMENT SCIENTIFIQUEMENT DEMONTRE FACE A L’OBESITE, LA DEPRESSION, LE DIABETE
(in LA SANTE EN ACTION n°456 Juin 2021’pp 50 à 53)
Par Catherine Chenu, chargée d’expertise, pôle expertise collective, Laurent Fleury, responsable des expertises collectives, Pôle expertise collective, le groupe de l’expertise collective , Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm).
L’ESSENTIEL
Dans de nombreuses pathologies chroniques, le repos a longtemps été la règle, mais on assiste aujourd’hui à un véritable changement de paradigme : les études scientifiques montrent que l’activité physique (AP) a des effets bénéfiques indiscutables chez les personnes atteintes de maladies chroniques.
Ces bénéfices sont d’autant plus importants qu’elle est introduite tôt après le diagnostic.
En conséquence, l’activité physique – même chez des malades à des stades avancés de leurs maladies – doit faire partie intégrante du traitement des maladies chroniques. Sa prescription devrait être systématique et aussi précoce que possible dans le parcours de soins de chacune des pathologies étudiées. Plus impressionnant encore, la littérature scientifique démontre désormais avec certitude que certaines pathologies peuvent être guéries par la seule pratique de l’AP à condition qu’elle soit adoptée par le patient de façon pérenne.
L’expertise de l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) recommande que l’activité physique soit prescrite avant tout traitement médicamenteux, c’est‑à‑dire en première intention pour la dépression légère à modérée, le diabète de type 2, l’obésité et l’artériopathie oblitérante des membres inférieurs.
Les maladies chroniques, affections non transmissibles de longue durée, parfois permanentes, qui évoluent avec le temps, sont, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la 1e cause de mortalité mondiale et en Europe, "concourent à près de 86 % des décès […] et pèsent de plus en plus lourdement sur les systèmes de santé". Elles altèrent la qualité de vie et entraînent des limitations fonctionnelles, précipitent l’entrée dans la dépendance et accroissent la mortalité.
Un large pourcentage des maladies chroniques est accessible à la prévention par des actions sur quatre facteurs de risque principaux : consommation de tabac, inactivité physique et sédentarité, consommation d’alcool et mauvaise alimentation. En France, la part des personnes âgées de 60 ans et plus devrait passer d’un quart, en 2015, à un tiers de la population en 2040.
Actuellement, 1 Français sur 4 souffre d’une maladie chronique, 3 sur 4 après 65 ans. Avec l’augmentation de l’espérance de vie, le nombre de personnes atteintes par les pathologies chroniques ne cesse de progresser. La prévention de leurs complications et des récidives est de ce fait un enjeu central pour le maintien de l’autonomie, notamment chez les personnes âgées.
Afin de disposer d’un bilan des connaissances scientifiques et d’analyser, dans le cadre des maladies chroniques, l’impact de l’activité physique et sa place dans le parcours de soins, l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) a été sollicité par le ministère des Sports pour réaliser une expertise collective. Cette expertise s’appuie sur une analyse critique de la littérature scientifique internationale, réalisée par un groupe pluridisciplinaire de 13 chercheurs experts dans différents domaines relatifs aux pathologies chroniques, à la médecine du sport et à la psychosociologie.
Une expertise collective
Les pathologies étudiées dans le cadre de cette expertise sont les pathologies cardio‑vasculaires, les cancers, le diabète et les pathologies respiratoires chroniques. L’obésité, en tant que déterminant de maladies chroniques et phénomène morbide en soi, y trouve également sa place. Enfin sont aussi prises en compte certaines maladies mentales (dépression, schizophrénie), ainsi que les troubles musculo‑squelettiques (TMS) et la multimorbidité.
Ses résultats convaincants en termes d’analyse de la balance bénéfices/risques de l’activité physique, même chez des malades à des stades avancés de leurs maladies ont poussé les membres de l’expertise à en diffuser aussi largement que possible les résultats. Voici ci-après les principaux résultats.
Tableau : Les effets bénéfiques de l’activité physique pour les différentes pathologies avec un niveau de preuve maximal.
Pathologies |
Effets |
Diabète de type II |
Mortalité toutes causes ↘ mortalité cardio-vasculaire, meilleur contrôle de la glycémie ↗ Capacité aérobie ↗ force musculaire, meilleur contrôle du poids |
Diabète de type I |
↗ Capacité aérobie, amélioration du profil lipidique ↘ des besoins en insuline |
Obésité |
↘ De la masse grasse viscérale, stabilisation du poids après une perte de poids initiale |
Pathologies coronaires |
↗ de la qualité de vie VO2 max, ↘ pression artérielle ↗ force musculaire ↘ mortalité et réhospitalisation |
Insuffisance cardiaque chronique |
↗ de la qualité de vie ↗ VO2 max, meilleurs marqueurs biologiques |
AVC |
↗ De la distance de marche ↗ VO2 max |
Asthme |
↗ Aptitude physique aérobie, qualité de vie ↘ nombre de jours avec symptômes |
Cancer |
↗ Capacité aérobie, force musculaire et de la qualité de vie ↘ de la fatigue, IMC et masse grasse |
Rhumatisme inflammatoire |
↘ Douleur ↗ des capacités fonctionnelles (PR : polyarthrite rhumatoïde. SPA: spondylarthrite ankylosante) |
Arthrose des membres inférieurs |
↘ Douleur ↗ des capacités fonctionnelles |
Pathologies mentales |
↘ Diminution des symptômes dépressifs et symptômes anxio-dépressifs |
Activité physique (AP) : tout mouvement corporel produit par les muscles squelettiques, responsable d’une augmentation significative de la dépense énergétique supérieure à la valeur de repos. Elle peut être caractérisée par sa durée, son intensité, sa fréquence, son contexte et ses finalités.
Activité physique adaptée (APA) Selon le concept utilisé par le groupe d’experts, l’APA se définit comme une activité physique et sportive adaptée aux capacités de personnes à besoins spécifiques (atteintes de maladies chroniques, vieillissantes, en situation de handicap ou vulnérables), au risque médical, aux besoins et aux attentes des pratiquants et, le cas échéant, aux indications et contre‑indications du médecin traitant. Elle mobilise des connaissances scientifiques pluridisciplinaires pour évaluer les ressources et les besoins spécifiques des individus et concevoir avec eux des dispositifs et des projets d’intervention qui mobilisent des compétences d’enseignement des activités physiques sportives ou artistiques adaptées à des fins de prévention, de réadaptation, de réhabilitation, de (ré)insertion, d’inclusion, d’éducation ou de participation sociale. Son objectif ne se résume pas à rendre la pratique accessible, mais à créer les conditions du développement d’un projet personnel d’AP durable, qui s’intègre au parcours de vie des individus.