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Covid-19 : impact vaccin des 50-74 ans (27 10 2021)

Après hier une note sur l'impact du vaccin chez les personnes de 75 ans et plus, nous vous proposons aujourd’hui des extraits (Présentation, Introduction, Synthèse et Interprétation) d’un rapport scientifique du G.I.S. Epi-Phare publié le 11 octobre 2021 sur le site Vie publique (cliquer ici pour accéder au site Vie publique)

https://www.vie-publique.fr/rapport/281868-covid-19-impact-vaccination-chez-les-personnes-de-50-74-ans#xtor=EPR-526.html

cliquer ci-dessous pour accéder au texte intégral (32 p)du rapport pdf

https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/281868.pdf

Estimation de l’impact de la vaccination sur le risque de formes graves de Covid-19 chez les personnes de 50 à 74 ans en France à partir des données du Système National des Données de Santé (SNDS)

Auteurs : Marie Joëlle Jabagi , Jérémie Botton , Bérangère Baricault , Kim Bouillon , Marion Bertrand , Laura Semenzato , Stéphane Le Vu1 , Jérôme Drouin , Alain Weill , Rosemary Dray-Spira , Mahmoud Zureik .

EPI-PHARE - Groupement d’intérêt scientifique (GIS) ANSM-CNAM www.epi-phare.fr

Résumé

L’objectif de cette étude était d’estimer l’impact de la vaccination contre la COVID-19 sur le risque de forme grave de COVID-19 chez les personnes âgées de 50 à 74 ans en France, en comparant les risques d’hospitalisation pour COVID-19 et de décès au cours d’une hospitalisation pour COVID-19 jusqu’au 20 juillet 2021 entre les personnes de cette tranche d’âge vaccinées entre le 1er février 2021 et le 30 avril 2021 et les personnes non vaccinées.

 

La cohorte de sujets vaccinés âgés de 50 à 74 ans a été identifiée à partir de la base des données nationales pseudonymisées VAC-SI couplée au système national des données de santé (SNDS). Chaque sujet vacciné a été apparié chronologiquement (du 1er février au 30 avril 2021) à la date de vaccination (ou date index) à un sujet non vacciné de mêmes âge (même année de naissance), sexe et région administrative.

 

La réduction du risque de formes graves de COVID-19 à partir du 14ème jour après l’injection de la seconde dose ainsi que son intervalle de confiance à 95% ont été estimés à partir des modèles de Cox, globalement et par spécialité de vaccin. D’autres fenêtres de temps de suivi ont également été étudiées, notamment des fenêtres mensuelles au-delà du 14ème jour post seconde dose afin d’évaluer la diminution éventuelle de l’efficacité au cours du temps. Les variables d’ajustement comprenaient des caractéristiques socioéconomiques et des comorbidités ou états de santé définis à partir des données antérieures à la date de la 1ère injection de vaccination. Enfin, l’efficacité a été estimée spécifiquement au cours de la période du début de la circulation du variant Delta en France, soit entre le 20 juin et le 20 juillet 2021.

 

L’étude a été conduite sur 15,4 millions de personnes âgées de 50 à 74 ans (7,7 millions vaccinés comparés à 7,7 millions non vaccinés), incluses entre le 1er février et le 30 avril 2021 et suivies jusqu’au 20 juillet 2021. Parmi elles, 53% avaient reçu le vaccin de Pfizer, 7% le vaccin de Moderna et 39% le vaccin d’AstraZeneca. Le délai médian entre les deux doses de vaccins était de 28 jours pour Pfizer et Moderna et de 77 jours pour AstraZeneca.

 

Les résultats confirment la grande efficacité de la vaccination contre la COVID-19 dans cette population en France, avec globalement pour l’ensemble des vaccins une réduction du risque d’hospitalisation pour COVID-19 de 92% (IC 95% = 91% à 94%) et une réduction du risque de décès lors d’une hospitalisation pour COVID-19 de 86% (78% à 91%) à partir du 14ème jour après l’injection de la seconde dose.

 

La réduction du risque de forme grave de COVID-19 était comparable pour les trois vaccins : 93% avec Pfizer, 92% avec Moderna et de 94% avec AstraZeneca (mais avec un suivi médian à partir du 14ème jour après l’injection de la 2ème dose de vaccin plus long pour les sujets vaccinés par Pfizer et Moderna - 40 jours en médiane - que pour ceux vaccinés par AstraZeneca - 24 jours).

 

La réduction du risque d’hospitalisation pour COVID-19 liée à la vaccination semblait persister dans le temps, atteignant respectivement 96% et 97% après un délai de 3-4 mois et 4-5 mois. Cette réduction atteignait 92% (89% à 95%) sur la période entre le 20 juin et le 20 juillet 2021.

 

En conclusion, les vaccins contre la COVID-19 sont très efficaces et ont un effet majeur sur la réduction des risques de formes graves de COVID-19 chez les personnes âgées de 50 à 74 ans en France. La poursuite du suivi permettra de mesurer l’évolution de la réduction du risque sur une plus longue période et de mieux caractériser les effets du variant Delta.

 

Introduction

Dans le cadre du dispositif renforcé de surveillance des vaccins contre la COVID-19, une surveillance pharmaco-épidémiologique continue est mise en œuvre par le Groupement d’Intérêt Scientifique EPIPHARE (GIS ANSM-CNAM). Le présent rapport fait suite à un précédent rapport sur l’estimation de l’impact de la vaccination sur le risque de formes graves de Covid-19 chez les personnes âgées de 75 ans et plus en France. Il porte sur la population des personnes âgées de 50 à 74 ans vaccinées entre le 1er février et le 30 avril 2021 et suivies jusqu’au 20 juillet 2021.

 

La campagne de vaccination utilisant les vaccins nouvellement approuvés contre le coronavirus (SARSCoV-2), a débuté le 27 décembre 2020 en France. Pour les personnes âgées de 50 ans et plus, elle a ciblé en premier lieu les professionnels de santé pour s’étendre par la suite progressivement aux personnes vulnérables (atteintes de cancers, de maladies rares et/ou ayant eu une transplantation d’organe), puis aux personnes souffrant d’au moins une comorbidité et, à partir du 12 avril, à l’ensemble des personnes âgées de 55 ans et plus. Les vaccins actuellement administrés en France sont de deux types, soit des vaccins à ARN messager (ARNm) comme les vaccins de Pfizer-BioNTech (ARNm BNT162b2) et de Moderna (ARNm1273), soit des vaccins à adénovirus comme les vaccins d’Oxford-AstraZeneca (ChAdOx1 nCoV-19) et de Janssen (Ad26.COV2-S). Pour les personnes âgées entre 50 et 74 ans, les deux vaccins majoritairement administrés étaient les vaccins de Pfizer-BioNTech et d’Oxford-AstraZeneca et plus rarement celui de Moderna dont les doses disponibles étaient moindres. Pour faciliter la lecture des résultats, nous avons nommé les vaccins en utilisant le nom de leur laboratoire de fabrication (« Pfizer », « Moderna », et « AstraZeneca »).

 

L’objectif de cette étude était d’estimer l’impact de la vaccination contre la COVID-19 sur le risque de forme grave de COVID-19 chez les personnes âgées de 50 à 74 ans en France, en comparant les risques d’hospitalisation pour COVID-19 et de décès au cours d’une hospitalisation pour COVID-19 jusqu’au 20 juillet 2021 entre les personnes de cette tranche d’âge vaccinées entre le 1er février 2021 et le 30 avril 2021 et celles non vaccinées.

 

 

Synthèse et interprétation

Les résultats de cette étude conduite sur 15.4 millions de personnes âgées de 50 à 74 ans (7,7 millions vaccinés comparés à 7,7 millions non vaccinés), incluses entre le 1er février et le 30 avril 2021 et suivies jusqu’au 20 juillet 2021, confirment la grande efficacité de la vaccination contre la COVID-19 dans cette population en France, avec une réduction du risque d’hospitalisation pour COVID-19 de 92% à partir du 14ème jour après l’injection de la seconde dose et une réduction du risque de décès lors d’une hospitalisation pour COVID-19 du même ordre de grandeur (86%). Sur la période de vaccination allant du 1 er février au 30 avril 2021, 53% des sujets dans notre étude ont reçu le vaccin de Pfizer, 7% le vaccin de Moderna et 39% le vaccin d’AstraZeneca. Le délai médian entre les deux doses de vaccins était de 28 jours pour Pfizer et de 77 jours pour AstraZeneca. La réduction du risque de forme grave de COVID-19 semblait comparable pour les trois vaccins (93% avec Pfizer, 92% avec Moderna et de 94% avec AstraZeneca). Cependant, il est à noter que le suivi médian à partir du 14ème jour après l’injection de la 2ème dose de vaccin des sujets vaccinés par Pfizer et Moderna était de 40 jours contre 24 jours pour AstraZeneca. Cette réduction du risque d’hospitalisation pour COVID-19 lié à la vaccination semble persister dans le temps, atteignant respectivement 96% et 97% après un délai de 3-4 mois et 4-5 mois.

Les sujets vaccinés par AstraZeneca avaient une prévalence plus élevée de comorbidités que ceux vaccinés par Pfizer ou Moderna, reflétant probablement des profils différents des personnes vaccinées selon les modalités d’utilisation des vaccins (davantage en ville pour AstraZeneca et en centres de vaccination pour les vaccins à ARNm). Il est à noter que l’interprétation de la réduction des risques pour le vaccin AstraZeneca doit être faite avec prudence. Premièrement, le suivi médian des sujets ayant reçu ce vaccin est plus court que celui des sujets ayant reçu Pfizer ou Moderna. Deuxièmement, les analyses présentées dans ce rapport pour ce vaccin ne prennent pas en compte le fait que la deuxième dose puisse être un autre vaccin. Ce vaccin fera l’objet d’une étude approfondie ultérieurement.

La réduction du risque d’hospitalisation pour COVID-19 pour les sujets vaccinés vs non vaccinés suivis entre le 20 juin et le 20 juillet 2021, période au cours de laquelle le variant Delta commençait à être présent en France, était de 92%. L’efficacité n’apparait pas diminuée durant cette période spécifique. Cependant, cette période reste très courte pour évaluer l’impact réel de la vaccination sur ce variant.

Cette étude en vie réelle montre également une réduction du risque d’hospitalisation pour COVID-19 dans les 6 premiers jours suivant la première dose du vaccin. La réduction dans les 6 premiers jours est probablement liée à un biais d’indication dû à 2 tendances : 1) la sélection des personnes en meilleure santé et/ou aux comportements de santé plus prudents qui chercheraient à être vaccinées plus tôt ou à qui l’on proposerait plus facilement une vaccination et qui éviteraient d’être exposés au coronavirus lors de la vaccination, et 2) la contre-indication à la vaccination des personnes ayant des symptômes évocateurs de la COVID-19 comme la fièvre qui seraient plus susceptibles d’être sélectionnées dans le groupe non vacciné. A noter que les résultats de ce rapport portent uniquement sur les formes graves de COVID-19 et non sur le risque d’infection par le SARS-CoV-2.

Il est possible que la réduction du risque des formes graves de COVID-19 observée dans cette étude soit sous-estimée car elle ne tient pas compte de la protection des non vaccinés par les vaccinés (immunité collective) ni de l’immunité naturelle acquise par l’infection qui diminue le risque de forme sévère chez les non-vaccinés.

En conclusion, les résultats de cette étude mettent en évidence l’effet majeur de la vaccination sur la réduction du risque de formes graves de COVID-19 en France avec, sur ce critère, une réduction du risque d’hospitalisation pour COVID-19 estimée à 92% (91% à 94%) parmi les personnes vaccinées, 93% (91% à 94%) pour Pfizer, 92% (86% à 95%) pour Moderna, et 94% (88% à 97%) pour AstraZeneca. Notre étude montre que la réduction du risque semble avoir persisté dans le temps et lors du début de la période d’émergence du variant Delta en France. La poursuite du suivi permettra de mesurer l’évolution de la réduction éventuelle du risque sur une plus longue période ainsi que de mieux caractériser les effets du variant Delta.

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