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L’Économie passe la 4ème vague (21 12 2021)

Nous vous proposons aujourd’hui cette note publiée le 16 décembre 2021 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)

https://www.insee.fr/fr/statistiques/5422065?sommaire=5422067.html 

Pour la 1ère fois depuis le début de la crise sanitaire, l’intensification de la circulation du virus n’a pas provoqué de recul marqué de l’activité économique

 

Sommaire

La poursuite de la reprise, conjuguée à un 1er semestre un peu moins défavorable qu’estimé précédemment, pourrait entraîner une croissance légèrement supérieure à 6 % en 2021

Des tensions sur les approvisionnements, les prix de production et les recrutements

Consommation des ménages

 

En juillet et août 2021, la situation sanitaire s’est dégradée en France : la circulation du variant Delta de Covid-19 s’est intensifiée, occasionnant une 4ème vague épidémique. Néanmoins, l’endiguement de l’épidémie s’appuie désormais principalement sur l’élargissement de la couverture vaccinale, ce qui réduit très fortement l’impact économique du virus. En juillet et en août 2021, l’activité économique, considérée dans sa globalité, aurait ainsi continué à progresser, pour se retrouver relativement proche de son niveau d’avant-crise : entre – 1 et – 0,5 % par rapport au 4ème trimestre 2019, contre environ – 30 % en avril 2020 (1ère vague), – 7 % en novembre 2021 (2ème vague), et – 6 % en avril 2021 (3ème vague).

Les indicateurs à haute fréquence tout comme les enquêtes de conjoncture suggèrent en effet une poursuite de la reprise pendant l’été, malgré la vague de variant Delta. Certes, en juillet, la consommation des ménages se serait un peu tassée, se situant à – 2 % sous son niveau d’avant-crise, après – 1 % en juin (mais contre – 12 % en avril 2021) : après leur fort rebond en mai-juin, les achats de biens ont fléchi, malgré les soldes d’été ; dans le même temps, les dépenses ont continué à se redresser dans les services auparavant fermés ou soumis à fortes restrictions (hébergement-restauration, transports, activités de loisirs). Puis, en août, la consommation de biens se serait redressée et l’instauration du passe sanitaire n’aurait que modérément affecté les secteurs concernés, de sorte qu’au total la consommation des ménages se serait situé à – 1 ½ % sous son niveau d’avant-crise.

 

Ces estimations s’appuient notamment sur l’analyse au jour le jour et à un niveau fin des montants de transactions par carte bancaire CB. Ces données suggèrent que le passe sanitaire aurait eu un impact temporaire dans certaines activités de loisirs, un impact modéré et sans doute également transitoire dans les restaurants, et pas d’impact dans les transports. Ces effets, quand ils sont décelables, sont sans commune mesure avec les chutes drastiques d’activité enregistrées lors des précédentes vagues épidémiques, lesquelles peuvent donner une idée de la situation contrefactuelle (c’est-à-dire de ce qu’aurait été l’activité économique cet été en l’absence de vaccination et des mesures d’endiguement qui y sont associées). Du reste, la consommation dans l’hébergement-restauration est estimée pour le 3ème trimestre 2021 à un niveau supérieur à celui de l’été 2020, même si elle reste en retrait par rapport à son niveau d’avant-crise.

 

La poursuite de la reprise, conjuguée à un 1er semestre un peu moins défavorable qu’estimé précédemment, pourrait entraîner une croissance légèrement supérieure à 6 % en 2021

 

Depuis la parution de la dernière Note de conjoncture le 1er juillet, les résultats des comptes nationaux du 2ème trimestre 2021 ont été publiés. À cette occasion, l’activité économique de la fin 2020 et celle du début 2021 ont été légèrement revues à la hausse, du fait notamment du secteur de la construction : l’investissement des entreprises a ainsi retrouvé dès le 1er trimestre 2021 son niveau d’avant-crise. Et le rebond en mai-juin, après le 3ème confinement, a été un peu plus marqué que prévu, l’activité s’étant située en juin à environ 1 % sous son niveau d’avant-crise. À mi-année, l’acquis de croissance pour 2021 s’élève ainsi à 4,8 % (ce que serait la croissance annuelle en faisant l’hypothèse que le PIB se maintienne aux 3ème et 4ème trimestres au niveau moyen atteint au 2ème) voire à 5,9 % (en remplaçant dans ce calcul le niveau moyen du 2ème trimestre par celui, plus élevé, estimé pour le seul mois de juin).

Compte tenu des indicateurs d’activité pour juillet et août mais aussi de la vive accélération mesurée en mai puis en juin, la croissance du 3ème trimestre serait forte (+ 2,7 % prévu par rapport au deuxième), même si, au mois le mois, elle ralentirait un peu : c’est en effet en mai et juin, au moment des réouvertures, que l’activité se serait le plus nettement redressée. En l’absence de nouvelle dégradation de la situation sanitaire, la reprise se poursuivrait en fin d’année (+ 0,5 % prévu au 4ème trimestre), permettant alors à l’économie de retrouver globalement son niveau d’avant-crise, malgré des contrastes sectoriels persistants. Au total, la croissance en moyenne annuelle s’élèverait à 6 ¼ % en 2021 (après – 8,0 % en 2020).

Cette prévision pourrait éventuellement être dépassée si, par exemple, certains facteurs limitants (en particulier les difficultés d’approvisionnement) se résorbaient au cours des prochains mois. Inversement, la fin de l’année n’est pas dénuée d’incertitudes, notamment au niveau international. En Chine, la situation sanitaire et les mesures de restrictions associées continuent de susciter des inquiétudes, et l’activité économique ralentit. Aux États-Unis aussi, où l’activité économique a retrouvé dès le printemps 2021 son niveau d’avant-crise, la situation sanitaire tend à se dégrader tandis que les tensions inflationnistes persistent après le vif stimulus budgétaire administré ces derniers mois. En Europe, les inquiétudes semblent moindres à ce stade, même si les climats des affaires – qui restent favorables – tendent aussi à se tasser, en partie pour des raisons mécaniques après leur envolée liée aux réouvertures.

Des tensions sur les approvisionnements, les prix de production et les recrutements

La reprise mondiale s’est accompagnée de tensions sur les approvisionnements et d’une remontée concomitante des cours des matières premières. Certaines de ces tensions semblent se stabiliser, comme le suggère par exemple l’enquête de conjoncture du mois d’août dans le bâtiment, mais elles restent encore vives. Les prix à la production s’en ressentent – au-delà de l’effet de base lié à leur relative faiblesse en 2020 – et la production elle-même est parfois bridée en cas de pénurie d’intrants. En juillet 2021, les prix de production de l’industrie française tout comme les prix agricoles à la production ont ainsi augmenté d’environ 8 % sur un an. Parmi les services, les prix de production du transport maritime et côtier de fret ont augmenté très fortement en raison de la hausse soutenue de la demande. Dans la construction enfin, les coûts de certains matériaux ont vivement progressé. Du côté de la production, la part d’entreprises qui se déclarent limitées par les difficultés d’approvisionnement a marqué en juillet un point haut par rapport aux années précédentes dans nombre de branches, selon les enquêtes de conjoncture. La production automobile a par exemple nettement rechuté au 1er semestre sous l’effet de la pénurie mondiale de composants électroniques.

Ces tensions sont susceptibles d’alimenter l’inflation, de manière au moins transitoire, aux États-Unis notamment mais aussi en Europe. En France, c’est plus particulièrement la remontée des prix de l’énergie qui a fait rebondir l’inflation au premier semestre 2021. L’inflation en juillet et août a ensuite été marquée par le calendrier des soldes, différent en 2020 et 2021 du fait de la pandémie. Pour la fin de l’année, le scénario central reste proche pour l’instant de celui publié dans la Note de conjoncture de début juillet : l’inflation pourrait prochainement passer, au moins ponctuellement, un peu au-dessus de 2 % en glissement annuel. À ce stade, les données d’enquêtes n’envoient que des signaux modérés sur les progressions salariales et sur d’éventuels effets de "second tour" : le solde d’opinion sur les perspectives générales de salaires dans l’industrie a certes rebondi, mais pour retrouver en juillet son niveau d’avant-crise, lui-même inférieur à celui mesuré en 2018 et début 2019.

En parallèle cependant, les tensions sur les recrutements tendent à progresser. Interrogées en juillet dans les enquêtes de conjoncture, environ 15 % des entreprises de l’industrie et des services et 40 % de celles du bâtiment se déclaraient limitées dans leur production par l’insuffisance de personnel. Ces proportions relativement élevées sont toutefois inférieures aux points hauts de 2018-2019. Elles vont de pair avec la vigueur de l’emploi salarié privé au 2ème trimestre, qui a retrouvé dès juin son niveau d’avant-crise, plus vite donc que prévu dans la dernière Note de conjoncture. Les statistiques trimestrielles d’emploi portant habituellement sur le dernier mois du trimestre, c’est donc le niveau d’activité de juin (beaucoup moins éloigné de celui d’avant-crise que le niveau moyen du 2ème trimestre 2021) qui peut être rapproché de ce résultat, même si la lecture du lien entre activité et emploi a été largement brouillée pendant la crise du fait de l’ampleur inédite du recours à l’activité partielle. Par ailleurs, l’estimation au mois le mois du volume d’heures rémunérées reflète mieux que l’emploi la dynamique de l’activité ; elle confirme l’importance du dispositif de chômage partiel, qui, notamment au 1er semestre 2021, explique la quasi-totalité de l’écart d’heures rémunérées par rapport à 2019. Cet écart s’est d’ailleurs réduit en juin 2021 (moins de 1 % d’heures rémunérées en moins par rapport à juin 2019). Au total, si depuis un an et demi la productivité par tête est de ce fait peu lisible, la productivité horaire apparente du travail semble avoir été peu affectée par la crise.

Consommation des ménages

Après s’être fortement dégradée en avril du fait du 3ème confinement, la consommation des ménages s’est redressée en mai et en juin avec la levée progressive des restrictions sanitaires. Elle s’est ainsi située en juin à un niveau proche de celui d’avant-crise (– 1 % par rapport au 4ème trimestre 2019, après – 4 % en mai et – 12 % en avril), soit une progression de + 1,0 % au 2ème trimestre, après une stagnation au précédent. En juillet, la consommation se serait légèrement dégradée, se situant à – 2 % par rapport au niveau d’avant-crise. Elle aurait en effet pâti d’une baisse de la consommation de biens (notamment des achats de véhicules), et ce malgré le dynamisme des dépenses dans les services auparavant soumis à restrictions (hébergement-restauration, services de transport ou activités de loisirs). En août, la consommation aurait légèrement progressé, atteignant – 1 ½ par rapport à son niveau d’avant-crise : la consommation de biens se serait redressée tandis que la mise en place du passe sanitaire n’aurait que modérément affecté les dépenses des ménages dans les secteurs concernés, notamment la restauration. En septembre, et par la suite au 4ème trimestre, l’amplification de la vaccination devrait permettre à la consommation de se redresser dans les secteurs soumis à l’obligation du passe sanitaire : selon notre scénario, les dépenses des ménages se situeraient alors en septembre à 1 % en deçà de leur niveau d’avant-crise, puis elles le rejoindraient progressivement d’ici la fin de l’année. Au total, après avoir diminué de 7,2 % en 2020, la consommation des ménages rebondirait de 4,5 % en 2021

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