Nous vous proposons aujourd’hui cette note publiée le 28 juin 2023 sur le site de l’Agence Nationale de Sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (cliquer ici pour accéder au site de l’ANSES)
https://www.anses.fr/fr/content/prevenir-intoxications-ostreopsis-cote-basque.html
Prévenir les intoxications par Ostreopsis sur la côte basque
Des proliférations de microalgues Ostreopsis ont provoqué près de 900 intoxications sur la côte basque depuis 2021. L’Anses recommande un ensemble de mesures pour protéger les populations qui sont les plus exposées, en particulier les professionnels travaillant sur ou à proximité de la plage.
En période de prolifération, être à quelques mètres de la plage suffit à s’intoxiquer
Ostreopsis est une algue microscopique d’origine tropicale qui est arrivée en Méditerranée il y a une vingtaine d’années. En France, l’aire de répartition de cette microalgue s’étend, avec une présence sur la côte basque depuis quelques années. Les proliférations d’Ostreopsis surviennent surtout l’été, lorsque l’eau atteint une température de plus de 20°C. Du fait des toxines qu’elle produit, Ostreopsis est à l’origine d’intoxications provoquant des symptômes de type grippal, des irritations cutanées et des troubles gastriques. Les signes apparaissent quelques heures après le contact avec la microalgue ou ses toxines et disparaissent en quelques jours.
Principale voie d’exposition : l’inhalation des embruns marins. Il suffit d’être à quelques mètres de la mer pour être intoxiqué.
Comment savoir s’il y a une prolifération d’Ostréopsis ?
Ostreopsis peut s’accumuler à la surface de l’eau pour former des « fleurs d’eau ». Ces fleurs d’eau peuvent créer des nappes marrons qui peuvent atteindre plusieurs mètres carrés. Celles-ci peuvent cependant disparaitre rapidement et ce n’est pas parce qu’elles ne sont pas visibles qu’il n’y a pas de risque. Seul signe distinctif de la présence de la micro-algue : la sensation d’un goût métallique dans la bouche, même si elle a seulement été inhalée et non ingérée.
(Prolifération d'Ostreopsis. Équipe Lemée (Laboratoire d'Océanographie de Villefranche), libre de droit).
Les professionnels sont les plus exposés
Les professionnels travaillant sur les plages ou à proximité, comme les maîtres-nageurs-sauveteurs ou les restaurateurs, sont particulièrement touchés. Une exposition prolongée à Ostreopsis peut conduire à un allongement de la durée des symptômes. Les professionnels sont encouragés à signaler ces symptômes auprès de la médecine du travail. De façon générale, un aménagement du temps de travail pourrait être envisagé afin de limiter la durée de la présence des professionnels sur les plages lors des proliférations d’Ostreopsis. L’Anses recommande aussi le port d’équipements de protection pour les personnes en charge des prélèvements d’eau, notamment des masques et des gants.
Un outil pour aider les autorités locales à gérer les situations à risque
Pour protéger la santé des professionnels mais aussi celle des personnes fréquentant les plages, l'Agence a proposé arbre de décision à destination des autorités locales, notamment des agences régionales de santé. Celui-ci préconise les mesures à mettre en place selon la concentration de microalgues dans l’eau ou le nombre d’intoxications recensées. Ces mesures vont de l’information du public, en particulier des populations à risque et des professionnels, jusqu’à l’interdiction des activités nautiques et la fermeture des plages. « Les personnes qui ont des problèmes respiratoires sont les plus à risque de présenter des symptômes, précise Carole Catastini, qui a coordonné l’expertise. Elles devraient éviter d’être à proximité du littoral lorsqu’il y a une prolifération d’Ostreopsis. »
Renforcement de la surveillance
L’Anses recommande également d’adapter la fréquence des prélèvements d’eau en fonction de la concentration de la microalgue. Les contrôles sanitaires des eaux de baignade sont habituellement réalisés tous les 15 jours. Cette fréquence pourrait devenir hebdomadaire voire quotidienne lorsqu’Ostréopsis est détectée, afin de suivre de près la situation qui peut évoluer en quelques jours. « De même, il ne faudrait pas contrôler uniquement les plages surveillées, comme c’est le cas actuellement, mais toutes les plages où il y a des activités nautiques, qu’il s’agisse de baignade, de surf ou de voile, précise Carole Catastini. On sait aussi que la présence d’Ostreopsis peut être très localisée : elle peut être présente à une extrémité de la plage mais pas à l’autre. » La microalgue se développant sur les macroalgues avant de flotter à la surface, l’Agence conseille également de faire les prélèvements à la fois dans l’eau et sur le fond.
Et dans l’alimentation ?
De rares cas d’intoxication par voie alimentaire ont été rapportés en dehors de l’Europe, mais le lien avec Ostreopsis reste incertain. Par précaution, les experts conseillent de ne pas prélever de coquillages ni d’autres produits de la mer en cas de prolifération d’Ostreopsis. « Les poissons doivent être éviscérés avant d’être consommés, les toxines s’accumulant dans l’appareil digestif » indique Nathalie Arnich, qui a coordonné l’expertise.
Pour protéger la santé des consommateurs, l’Anses a également déterminé une valeur guide dans les coquillages, c’est-à-dire une concentration en toxines produites par Ostreopsis qui ne doit pas être dépassée dans ces produits.