Pétrole, le pouvoir a changé de camp Analyse de M. Michel Bézat, lue sur le site du Monde le 19 mai 2008 (cliquer pour accéder à l'article original)
http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/05/19/petrole-le-pouvoir-a-change-de-camp_1046796_3232.html
Au début des années 1970, quand le baril d'or noir valait moins de 2 dollars, personne n'imaginait qu'un président américain en serait un jour réduit à quémander auprès du roi d'Arabie saoudite une hausse de la production de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) pour faire baisser les prix. L'Occident en est pourtant là. Après une première rebuffade, mi-janvier, George W. Bush est revenu à la charge, vendredi 16 mai, lors de sa rencontre à Riyad avec le roi Abdallah. Sans plus de succès, sinon une augmentation limitée et temporaire.
Elle est révolue, l'époque où la Standard Oil of New Jersey, l'Anglo-Persian, Gulf Oil et leurs quatre autres "soeurs" dominaient le marché mondial. Où le président Roosevelt obtenait du roi Ibn Saoud l'ouverture des puits saoudiens aux compagnies étrangères en échange de la protection militaire américaine (1945). Où l'on pouvait renverser impunément le premier ministre iranien Mossadegh (1953), coupable d'avoir nationalisé les hydrocarbures. Où l'on feignait de croire que le pétrole est une richesse inépuisable.
Le pouvoir de marché a changé de camp. Il a échappé aux pays consommateurs et aux Big Oil (Exxon, Chevron, Shell, BP...). L'évolution du baril (128 dollars), se joue dans les coulisses du Kremlin et les méandres du pouvoir iranien, dans les mangroves nigérianes et sur les bords de l'Orénoque vénézuélien, dans les couloirs viennois de l'OPEP et les salles du New York Mercantile Exchange. Et, surtout, dans les palais saoudiens.
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