Article de M. Jean-Yves Ruaux lu sur le site Seniorscopie le 27 février 2008
Entretien avec M. Dominique Thierry (France Bénévolat) mis en ligne le 29/10/2007
Il n'y a pas plus de retraités adhérents ou militants d'organisations bénévoles que d'actifs. En revanche, ceux qui y militent de manière occasionnelle y deviennent des réguliers. Et la majorité des dirigeants associatifs se recrute parmi les pensionnés. L'enjeu des retraités pour le bénévolat est aussi celui de la place des aînés dans la société et de la coopération intergénérationnelle. Toutefois, le bénévolat met en jeu la redéfinition d'identité qui doit s'opérer en passant du statut social de salarié au "non-statut" de retraité.
Les retraités, (ndlr : erreur ? "bénévoles" ? ) comme la moyenne des Français, comptent 27% de retraités. Mais, on ne peut pas encore mesurer quel effet les 35 heures ont eu sur les temps sociaux, selon Dominique Thierry, vice-président de France Bénévolat. On sait que les RTT favorisent le bricolage masculin et l'attention féminine aux enfants. Mais, quid des boomers ?
Malheureusement l'enquête Insee sur les pratiques de loisirs et les pratiques sociales date de 2000. On se doute que les retraités engagés donnent plus de temps à leurs associations et que les "occasionnels" deviennent souvent des "réguliers".
Plus de la moitié des dirigeants associatifs sont des retraités
On sait encore que plus de la moitié des dirigeants associatifs sont des retraités. Mais l'engagement associatif suppose une redéfinition du projet de vie. Cette redéfinition appelle une transition vers la retraite, un accompagnement dans les temps de la retraite, au-delà des six premiers mois qui constituent un temps de latence (repos, déménagement, redéfinition des espaces...).
La relation du retraité à l'engagement associatif repose sur une ambivalence et traduit un paradoxe. Le retraité "entrant en retraite" éprouve souvent un sentiment d'inutilité, de perte d'identité, voire de mort sociale. Mais de manière symétrique, il redoute le passage à l'acte, l'engagement, et l'emprise d'un bénévolat l'aspirant sans limite.
Toutefois, l'utilité sociale du retraité ne se cantonne pas à l'associatif puisqu'elle est avant tout le socle intergénérationnel des solidarités familiales, des solidarités de voisinage avant de se manifester dans le bénévolat.
La France compte 14 millions d'adhérents et 1,1 million d'associations. Chaque bénévole leur consacre environ 86 heures annuelles d'activités.
Etre dévoré par un engagement-Léviathan
Mais leur participation n'est pas exempte de craintes. Le retraité-bénévole-novice a besoin de prendre des repères qui sont familiers au vétéran de la vie associative. Le retraité redoute souvent d'être dévoré par un engagement-Léviathan, ou qu'on le presse de mettre en œuvre les compétences associées à sa fonction antérieure, comme le comptable ou le contrôleur de gestion devenant trésorier. Les retraités engagés craignent encore que la vie associative ne respecte pas leurs nouveaux temps sociaux. L'engagement doit partager avec l'attention apportée aux petits-enfants, les voyages ou la randonnée, le soin de soi ou de nouveaux apprentissages.
La réponse à leur quête de sens, d'utilité sociale et de plaisir personnel constitue la marque de leurs exigences à l'égard de l'associatif. Le bénévolat est confronté à plusieurs enjeux sociétaux : la place des retraités dans la société, la coopération intergénérationnelle, les droits et devoirs sous-jacents au contrat entre l'adhérent et l'association.
Le bénévolat représente un capital social considérable. Il vaut aussi thérapie, diminuant les dépenses de santé que pourraient motiver la dépression ou l'isolement.
Un échange sur le bénévolat et les retraités et son intégration relève de trois thématiques :
- La place des entreprises dans l'anticipation de l'organisation de la vie à la retraite,
- L'intégration des nouveaux entrants bénévoles dans les associations,
- Un accompagnement dans la transition travail retraite afin d'élaborer un nouveau projet de vie.