Sur les plages, le Pavillon bleu flotte un peu moins
Article de M. Bruno Caussé lu le 24 mai sur le site du Monde
Sous le soleil de la Méditerranée, trois communes font grise mine : Fos-sur-Mer, Port-de-Bouc et Cassis. Elles ont perdu leur Pavillon bleu, dont le palmarès 2008 a été rendu public vendredi 23 mai. "Ce n'est pas une bonne nouvelle, évidemment", commente Danielle Milon, maire de Cassis depuis mars. Mais elle n'est pas surprise : "Nos analyses de l'eau n'étaient pas satisfaisantes." Ce qui la chagrine, c'est que, pour le moment, "l'origine de ces mauvaises analyses n'a pas été déterminée". Danielle Milon évoque la station d'épuration, voire les terres agricoles. La commune de Cassis a déjà décidé de premières mesures : lancer une étude de vulnérabilité et "passer à une gestion active avec des prélèvements quotidiens". "Cela va nous coûter un peu d'argent, mais nous voulons comprendre." Petite consolation, le port de Cassis a conservé son Pavillon bleu en 2008. Et puis, insiste Mme Milon, "la mer ici est d'un bleu somptueux".
Pour Philippe Troussier, adjoint aux affaires maritimes de Fos-sur-Mer, la perte du Pavillon bleu, que la commune détenait depuis treize ans, est une affaire "ennuyeuse" : "C'était notre fierté de l'obtenir alors que nous sommes dans un environnement industriel très marqué." Ce sont quelques analyses de la qualité de l'eau qui ont été fatales à cette commune. Comme pour la commune mitoyenne, Port-de-Bouc, "un coup dur pour notre image", résume Jean-Louis Baésa, directeur général des services à la mairie. Il ne s'explique pas les "légers" dépassements des normes, sauf par "un rejet clandestin". Toutes les trois seront candidates pour le palmarès 2009.
En vingt-trois ans, le Pavillon bleu, label qui récompense la politique environnementale des communes, est devenu une référence d'excellence. Si bien que les mairies qui l'ont décroché ne se privent pas de le faire savoir, de l'exposer dans leur vitrine pour rassurer les touristes. Les données chiffrées disent aussi la difficulté à l'obtenir : 95 communes en 2006, 87 en 2007, 78 en 2008. C'est la raison pour laquelle peu de mairies se portent candidates : une grosse centaine seulement sur les 3200 qui disposent d'un point de baignade.
"Il est vrai que nos critères sont exigeants, reconnaît Thierry Lerévérend, directeur de l'of-FEEE, à l'initiative du label. Et nous sommes devenus extrêmement sélectifs au fil des années." Pour expliquer l'exclusion de neuf communes cette année, il évoque "l'été 2007 pourri, avec force pluies qui ont dû peser sur la qualité des eaux". Il note cependant que "beaucoup d'efforts ont été réalisés par beaucoup de municipalités".
EXPERTISE GRATUITE SUR LES QUESTIONS D'ENVIRONNEMENT
Pour ne pas décourager les maires, le Pavillon bleu propose cette année aux communes une expertise gratuite sur les questions de l'environnement, afin de pointer leurs forces et leurs faiblesses. Pareillement, la première candidature au label est désormais gratuite. Les sommes demandées pour les suivantes restent modiques : 500 euros pour une commune de moins de 2 500 habitants, 650 euros pour celles de moins de 10 000, et 900 euros pour les plus grandes. Thierry Lerévérend espère aussi que les élections en mars des conseils municipaux susciteront de nouvelles vocations.
Pour annoncer la liste des communes retenues, Pavillon bleu a choisi Beynat, en Corrèze, un village de 2 000 habitants, pour sa gestion de l'étang de Miel, "signe qu'on peut agir à tous les niveaux sur l'environnement", souligne Thierry Lerévérend. Deux nouveaux lauréats ont été récompensés : Roscoff (Finistère) et Beauvais (Oise). Par région, c'est le Languedoc-Roussillon qui décroche le plus de Pavillons bleus (18), devant les Pays de la Loire (15) et Provence-Alpes-Côte-d'Azur (12, malgré les trois communes des Bouches-du-Rhône qui n'ont pas été reconduites). Au total, ce sont 242 plages qui ont été labélisées, contre 252 l'année précédente. Pourvu que l'été soit beau!
Résultats complet du palmarès sur http://www.pavillonbleu.org/