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bretton woods : gouvernance mondiale (14 11 2008)

Bretton Woods acte II : une gouvernance mondiale

 

Article de MM. Christian de Boissieu (président du Conseil d'analyse économique) et Jean-Hervé Lorenzi (président du Cercle des économistes)  lu le 13 novembre 2008 sur le site du Monde (cliquer ici pour accéder au site du Monde)

 

http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/11/13/bretton-woods-acte-ii-une-gouvernance-mondiale-par-christian-de-boissieu-et-jean-herve-lorenzi_1118126_3232.html#xtor=EPR-32280156

 

 

Cette année aura été une incroyable année de rupture. Pas seulement à cause de l'exacerbation de la crise financière et de sa propagation vers l'économie réelle, mais aussi parce que trois événements majeurs la marqueront à jamais. En premier lieu, ce fut l'échec du cycle de Doha. Au-delà des raisons invoquées, c'est un véritable refus des règles du commerce international telles qu'elles ont été imaginées par le monde occidental.

 

 

Deux autres phénomènes bouleversent le paysage : l'incroyable volatilité des marchés énergétiques et des matières premières agricoles rend difficile une croissance économique mondiale forte tout simplement parce que le monde ne peut fonctionner au jour le jour. Enfin, la fin de l'année 2007 et cette année ont vu apparaître le débat-clé des années à venir, celui du contrôle des entreprises et en réalité celui de la liberté des capitaux, à travers la discussion encore marginale sur les fonds souverains.

 

Cette année aura donc été celle de la remise en cause du fonctionnement des trois grands marchés : du commerce, des capitaux, des ressources rares. Et ces trois marchés sont complètement reliés entre eux. C'est la raison pour laquelle le nouveau Bretton Woods, expression uniquement destinée à souligner le caractère global et ambitieux de la négociation qui doit s'instaurer, mettra sur la table de façon articulée et cohérente les grandes composantes du nouvel accord mondial.

 

Bien entendu, en premier lieu, il faut poser les bases de la nouvelle architecture financière avec deux objectifs majeurs. Tout d'abord apporter des réponses claires et cohérentes entre elles aux principaux défis soulevés par la crise financière en cours, qu'il s'agisse du fonctionnement des agences de notation, des normes comptables, du retour dans le champ de la réglementation d'un certain nombre d'opérateurs qui y échappent, de l'amélioration des règles prudentielles appliquées aux institutions financières et de leur supervision, du code de conduite à destination des fonds souverains, du système de rémunération et d'incitation dans la finance.

 

Puis redéfinir le rôle du FMI, en le centrant sur la cogestion des crises bancaires et financières de nature systémique, en coopération étroite avec les banques centrales et les gouvernements. Cela suppose de lui conférer des moyens en proportion, sans doute des compétences réglementaires propres tout en affirmant que l'essentiel des pouvoirs réglementaires et de supervision vont, pour des arguments de proximité et de souveraineté, rester de la compétence nationale (et, en plus, communautaire pour les pays de l'Union européenne).

 

On le voit déjà, ce nouveau Bretton Woods aura une dimension bancaire et financière, qui le distingue déjà du Bretton Woods originel de 1944-1945, très orienté sur les questions monétaires. On peut toujours rêver à la transition inverse de celle de mars 1973 et à repasser des changes flottants à des changes plus stables. Mais il n'y a rien à attendre de ce côté-là pour au moins les cinq ou dix prochaines années, alors qu'une meilleure gouvernance bancaire et financière ne peut attendre.

 

SOUCI DE CROISSANCE

 

Il s'agira aussi de négocier l'équilibre énergétique mondial et, à travers cela, l'évolution du prix du brent et les marges de fluctuations acceptables pour une croissance équilibrée. Il faudra également se concerter sur l'investissement en production agricole, et c'est peut-être le point le plus vital pour les toutes prochaines années, à réaliser à l'échelle mondiale et de la même manière s'efforcer d'avoir un système de prix rationnel et compatible avec ce même souci de croissance. Sans oublier de définir les règles de la propriété du capital, c'est-à-dire ce qui est jugé acceptable par les uns et par les autres, comme prises de contrôle d'entreprises par des non-résidents.

 

Enfin, la récession qui s'installe rendra nécessaire des plans de soutien importants, au moins pour la moitié de l'économie mondiale. Encore faut-il que nous soyons d'accord pour que les politiques monétaires et budgétaires menées par les uns et les autres n'entraînent pas des évolutions incontrôlées des taux de change, ce qui ne ferait que compliquer l'équation à résoudre. Le G8 élargi va préparer une rencontre mondiale mettant à plat tous ces problèmes liés entre eux avec un effet attendu et un objectif principal. L'effet serait que la seule annonce de cette conférence contribuerait vraisemblablement à une stabilisation des marchés financiers enfin rassurés sur la gouvernance économique mondiale.

 

Un objectif, celui de faire de 2009 la première année d'un cycle de croissance réaliste parce que fondé sur la reconnaissance d'un équilibre inédit dû à la nouvelle répartition des richesses et des liens qui associent de manière inextricable les différentes facettes des marchés. L'hôte de cette rencontre pourrait être le FMI, sachant qu'à la fin du processus, les organes de régulation économique et financière mondiaux adaptés à la nouvelle donne seraient largement refondés.

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