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santé mentale (2 décembre 2009)

 

 

Quel est l’état des lieux de la santé mentale en France ?

 

Existe-t-il une singularité française en matière de santé mentale et de bien-être ?

A noter : pour éviter les généralisations sur un sujet aussi complexe et large que la santé mentale, le groupe de travail a été attentif à la précision des indicateurs : les indicateurs de maladie mentale recouvrent la quantification des pathologies mentales, ceux de mal-être s’attachent aux tensions mentales, ceux de bien-être portent sur la satisfaction tirée de son existence au niveau émotionnel, subjectif ou cognitif.

 

L’état des lieux du rapport en matière de santé mentale se divise en deux parties :

les pathologies dites « de la modernité » (stress, détresse psychologique, dépression, suicide)

le bien-être et la santé mentale positive (dont la confiance en soi et le sentiment d’être en capacité de faire face aux difficultés).

Les expressions de détresse psychologique (dont la dépressivité) ont largement augmenté ces 30 dernières années. Mais cela n’empêche pas une majorité de Français de se dire habituellement « heureux et intéressés par la vie» et capables de prendre en main leur destin.

 

Le rapport présente des chiffres concernant l’état de la santé mentale en France

 

On note un recul du suicide qui représente moins de 2% des décès. La dépression, dans sa forme la plus sévère, est stable autour de 3%. Par contre, la détresse psychologique a considérablement augmenté : elle a été multipliée par trois en 20 ans et touche un Français sur cinq.

 

Les jeunes (avec un pic d’anxiété chez les 15-19 ans), les actifs (avec un rajeunissement de la dépression) et les femmes sont actuellement plus exposés.

 

Les femmes et les hommes présentent des profils de santé mentale différents :

Les femmes développent des symptômes ou des pathologies, détresse psychologique, stress, idéations suicidaires et tentatives de suicide. Les femmes sont deux fois plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir pris des médicaments psychotropes au cours de l’année, et ce quel que soit l’âge (24,3 % vs 13,8 % parmi les 18-75 ans).

Les addictions, drogues, violence sont davantage des comportements masculins. Ils se suicident trois fois plus que les femmes et cette tendance augmente d’autant avec l’âge.

Les personnes âgées : les taux de suicides aboutis sont six fois plus élevés dans la population âgée de plus de 85 ans par comparaison aux 15-24. Les taux de décès par suicide les plus élevés sont le fait des veuf(ve)s puis des personnes divorcées ; les célibataires et les personnes mariées présentant les taux les plus faibles.

Le rapport attire également l’attention sur des phénomènes peu connus, comme le « syndrome du bâtiment malsain » et l’addiction aux jeux vidéos des jeunes.

Il précise aussi certaines idées, comme la consommation d’alcool à l’adolescence qui touche en majorité les enfants de ménages favorisés.

Enfin, il met en avant des pratiques innovantes pour répondre à ces enjeux : à l’étranger, les tribunaux canadiens de santé mentale, l’éduction artistique au Vénézuéla, l’autopsie psychologique en Finlande, en Grande Bretagne et au Canada, ou le programme Prisma au Québec pour la prévention de la dépendance. En France, sont également à développer les Centres d’accueil et de crise, structures intermédiaires entre psychiatrie et médecine générale ou des initiatives comme « Un toit - Deux générations » pour contribuer au maintien à domicile des personnes âgées.

 

Quelles recommandations ?

Les données du problème incitent à faire rapidement évoluer des approches de la santé mentale encore trop réactives, fragmentées ou sectorielles, strictement sanitaires ou médico-sociales Le plan « santé mentale » français recouvre ainsi des réalités essentiellement associées à la psychiatrie et à la maladie mentale.

 

L’inscription de la gestion des risques psychosociaux à l’agenda marque donc une inflexion majeure dans l’émergence d’une nouvelle problématique « santé mentale et société ». La santé mentale et la satisfaction dépendent de facteurs environnementaux (famille, éducation, emploi, logement, etc.) et de comportements individuels (tabagisme, recours au système de soins, etc.).

Une amélioration significative ne peut donc être obtenue que par une action continue.

 

La sensibilisation et la responsabilisation de l’ensemble des acteurs vis-à-vis de la santé mentale constituent les voies les plus souhaitables. Il s’agit de ne pas s’appuyer sur le seul système de santé et sur les personnels soignants mais d’amener chacun, pouvoirs publics, employeurs, managers, enseignants, associations, particuliers à faire progresser, même modérément, sa prise en considération des enjeux de santé mentale.

 

Dans cet ordre d’idées, quelques préconisations sont envisagées :

Eviter la consommation excessive d’antidépresseurs. Selon la DREES, sur 100 personnes ayant consommé un antidépresseur dans l’année, 56 % d’entre elles n’ont ni troubles anxieux, ni troubles dépressifs justifiant l’usage de substances psychoactives.

Doter chaque jeune d’un capital personnel : développer le plus tôt possible des compétences complémentaires à celles délivrées par les enseignements traditionnels, d’après les travaux anglo-saxons sur l’importance des compétences émotionnelles, cognitives et sociales censées favoriser la cohésion et l’intégration, le développement des dispositions à l’apprentissage, de l’identité et de la confiance en soi, comme la préparation à la vie en collectivité.

Réhabiliter la qualité de vie au travail : porter par exemple une attention accrue aux restructurations en période de crise avec la mise en place d’une véritable surveillance de l’état de santé des salariés en restructurations ; sensibiliser massivement dans leur formation ou leur vie professionnelle des managers aux instances de dialogue social, aux liens entre santé et restructurations et aux mise au point de plans d’action, de prévention et de réparation, d’accompagnement, définir une stratégie publique adaptée, notamment pour l’inspection du travail.

Répondre aux enjeux du grand âge et de la dépendance: mieux reconnaître la place des aidants familiaux pour mieux concilier vie professionnelle et vie familiale et pour prévenir les risque de burn-out des aidants ainsi que les risques d’isolement ou de maltraitance des aînés, valoriser les métiers de service à la personne, généraliser le modèle de gestionnaire de cas (guichet unique) en matière de dépendance, développer les gérontechnologies.

 

 

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