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croissance européenne : mesures (2/3) (12 08 2010)

Extraits d’un important article publié le 4 juillet 2010 sur le site de La Tribune (cliquer ici pour accéder au site de la Tribune)

http://www.latribune.fr/actualites/economie/international/20100704trib000527080/aix-2010-dix-mesures-pour-une-croissance-europeenne.html

dix mesures pour une croissance européenne : déclaration des Rencontres d'Aix du Cercle des économistes.

Introduction

I.         Les risques pour l’Europe du nouvel ordre mondial

II.       Inventer la croissance de demain

III.      Dix mesures pour bâtir une croissance européenne

Conclusion

II. Inventer la croissance de demain

Une fois affirmé notre espoir dans une croissance forte en Europe, tout reste à faire. Il y a en premier lieu un enjeu méthodologique. Les vocables croissance durable, croissance équitable sont si usités qu’ils ont perdu leur sens et sont devenus des concepts vides. Et puis, malgré les enjeux environnementaux et du réchauffement climatique, nous ne pouvons nous satisfaire d’une croissance "low cost". Une économie trop tertiarisée se développe principalement
sur des emplois peu qualifiés aux salaires moyens faibles.

En fait, il nous faut déterminer les secteurs et les acteurs porteurs de cette nouvelle croissance.

1) Des nouveaux secteurs

En termes sectoriels, nous pouvons énumérer certains moteurs de cette croissance, étant bien
entendu que le contenu s’entend aussi bien en termes industriels qu’en termes de services :
a. "Green business" : énergie dé
carbonée, transports et bâtiments verts.
b. Economie des seniors : la bio
ingénierie au service de la santé, sciences du vivant.
c. Société numérique, les nanotechnologies, la robotique.
d. Repenser aussi les processus de production pour les rendre plus économes en
matières premières.

e. Agronomie et hydraulique pour répondre à la limitation des terres arables.
Mais les premières estimations quantitatives du potentiel en croissance et en emploi de ces
nouveaux secteurs indiquent qu’ils sont trop limités et pauvres en emploi pour suffire à tirer la
croissance mondiale de demain. Des ruptures technologiques sont donc indispensables dans tous ces domaines pour concilier croissance durable et de qualité.

 

 

2) Des ruptures dans les "business models"

Ces ruptures technologiques viendront probablement de l’hybridation des domaines scientifiques. Plus que les TIC qui sont désormais matures, des domaines comme les biotechnologies sont riches de promesses. …/… Dans le même temps, nous voyons éclore des nouveaux modes de production et de consommation. …/… Ces nouveaux business modèles posent aussi de nouveaux défis, comme les questions de la propriété intellectuelle, de la gratuité, de la protection de la vie privée, de la sécurité et de l’accès des populations défavorisées ou périphériques dans un monde tout numérique.

3) Des contraintes à gérer

On a souvent été tenté d’opposer de manière un peu artificielle croissance de qualité à la Stiglitz et croissance durable à la Stern. Le seul sujet demeure de surmonter les trois contraintes que nous impose un monde à démographie galopante, en fait les trois raretés fondamentales : matières premières, épargne et qualification. Cela suppose d’inventer des technologies économes, d’orienter l’épargne vers les investissements de long terme socialement et économiquement rentables et de créer les formations adaptées aux métiers de demain.

4) Mettre en oeuvre une nouvelle politique industrielle

Les puissances publiques doivent activer des leviers précis pour stimuler les facteurs structurels de croissance : l’investissement productif et la productivité globale des facteurs (recherche et développement, innovation, qualification). Il ne s’agit pas de promouvoir une politique industrielle tout azimut mais une politique sélective faisant le pari d’un petit nombre de secteurs d’avenir sur lesquels se concentrent les efforts de la puissance publique, éventuellement dans le cadre de partenariats public privé. …/… L’économie verte ne verra le jour que si les puissances publiques soutiennent les technologies propres dès aujourd’hui sans attendre une rupture technologique exogène qui diminuerait du jour au lendemain les coûts de l’énergie propre. La machine à innovation doit être amorcée par l’Etat, au moyen de subventions ou d’une fiscalité avantageuse au secteur vert, soigneusement calibrée pour vérifier les effets induits. Ce n’est qu’une fois que ce secteur aura rattrapé son retard technologique sur les industries polluantes que l’on pourra laisser les forces du marché décider de l’allocation des ressources.

Mais fixer des objectifs ne suffit pas. …/… Il faut catalyser l’effort de recherche par le lancement de grands projets. Diriger la recherche vers les secteurs moteurs de l’économie de demain, par des partenariats public privé et des plateformes technologiques pour définir l’agenda de recherche à long terme. Mais pour développer un système productif équilibré et solide, il faut évidemment solliciter deux politiques majeures : la politique de l’emploi et la politique fiscale. Pour la première, la contrainte majeure consistera à intégrer de manière massive les jeunes, les seniors et les populations immigrées. Quant à une politique fiscale de la production, elle suppose un choix : une subvention (au travers des baisses de charge) sur le travail qualifié ou le travail non qualifié ?

5) L’innovation au coeur de la croissance

Les ruptures technologiques entrainent des transformations très profondes de la société. …/… la puissance publique en est évidemment partie prenante. …/… Le rôle des puissances publiques est non pas de fixer autoritairement les grands choix mais d’éclairer les multiples interactions que les technologies ont à terme les unes sur les autres. Orienter, diriger, le changement technique, par une fiscalité (taxe carbone) favorable à l’investissement dans les technologies propres et à l’innovation verte. Un Etat "amorceur".

6) Assurer les risques majeurs de long terme

Quel mode de financement pour la croissance de long terme et l’innovation de demain ? …/… Le ralentissement de l’innovation et l’absence criant de l’éclosion de technologie de rupture tient en grande part des problèmes de financement. C’est ce qu’illustrent les difficultés de structurer la filière industrielle autour de la voiture électrique. La mise en oeuvre de la nouvelle croissance ne pourra s’effectuer que si les investisseurs de long terme sont au rendezvous. …/… L’Etat ne peut plus être l’investisseur de long terme de référence, mais il a un rôle dans la canalisation de l’épargne.

…/… La guerre de l’épargne sera remportée si l’on réussit à orienter une épargne privée grandissante vers les investissements productifs de long terme économiquement et socialement rentables. …/… La puissance publique doit être un facilitateur pour la canalisation de l’épargne dans l’investissement de long terme par le biais d’une allocation des risques de long terme repensée. …/…

Cette révolution intellectuelle serait in fine simplement le triomphe de la théorie standard de la gestion du risque telle qu’elle est pratiquée par les professionnels de l’assurance – partage du risque entre assureurs et réassureurs. Aux marchés financiers d’absorber le risque marginal de courte et moyenne période, à la collectivité de prendre en charge le risque résiduel, ce risque de long terme non diversifiable aux origines aussi multiples qu’imprévisibles, de nature économique, financier ou géostratégique. La puissance publique doit revêtir le rôle de réassureur de l’économie réelle.

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