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Crise économique, marché du travail et pauvreté (rapport ONPES)(1/2) (04 04 2012)

Extraits (hors graphiques et tableaux) de la lettre n°2 (mars 2012) résumant le rapport 2011-2012 publié le 29 mars 2012 sur le site de l’Observatoire National de la Pauvreté et de l’Exclusion Sociale (cliquer ici pour accéder au site de l’ONPES)

http://www.onpes.gouv.fr/Les-Rapports.html

http://www.onpes.gouv.fr/IMG/pdf/La_Lettre_no2_2012-2.pdf

NDLR : nous proposons la publication en 2 volets les 3 et 4 avril 2012, de la lettre de l’ONPES résumant le rapport 2011-2012

 

 Le mot de l’Observatoire

Jérôme Vignon, président de l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale a transmis le 20 mars dernier le septième rapport de l’ONPES à Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale. La présente Lettre en retrace les grandes lignes.

À partir d’un tableau de bord rénové comprenant une vingtaine d’indicateurs, la première partie de ce rapport rend compte de l’évolution de la pauvreté et de l’exclusion sociale en France sur les dix dernières années.

Les effets de la crise sur les personnes les plus pauvres sont analysés dans une deuxième partie, qui étudie la situation française au regard de celle des autres pays européens et particulièrement de l’Allemagne qui a bien résisté à la crise du point de vue du marché du travail mais au prix d’une hausse de la pauvreté en emploi.

Enfin, la dernière partie de ce rapport, conformément aux missions de l’observatoire, ne comporte pas de recommandations en matière de politique publique, mais ouvre des pistes pour avancer dans la connaissance des phénomènes de pauvreté, et éclairer l’ensemble des acteurs concernés par la lutte contre l’exclusion.

Le rapport 2011-2012 (Le rapport est disponible sur le site de l’Observatoire www.onpes.gouv.) de l’ONPES en bref

Crise économique marché du travail et pauvreté

En 2009, 13,5 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté monétaire à 60 % du niveau de vie médian (+0,5 point en un an), soit 8,2 millions de per­sonnes. Cette augmentation fait suite à une relative stabilité au cours de la période 2000-2008, marquée par un point bas en 2004. En 2009, 7,5 % de la population vit en dessous du seuil de pauvreté à 50 % du revenu médian (795 euros), soit 4,5 millions de personnes (+0,4 point en un an). La pauvreté en conditions de vie (Mesure l’absence ou la difficulté d’accès à des biens ou à des consommations d’usage ordinaire), elle, enregistre une baisse passant de 14,7 % à 12,6 % entre 2004 et 2009, mais on note toutefois une interruption de cette tendance, puisque cet indicateur remonte à 13,3 % en 2010. Enfin, le surendettement s’est accentué entre 2008 et 2011 (+23 %).

Une augmentation de la pauvreté qui touche différemment les ménages et les territoires

Près d’un tiers des familles monoparentales (soit 2,3 fois plus que l’ensemble de la po­pulation) et 21 % des familles nombreuses sont confrontées à la pauvreté monétaire. Ce taux est aussi élevé chez les jeunes de 18 à 24 ans (22,5 %), les enfants (18 %) et les femmes de plus de 75 ans (12,4 %).

La pauvreté est inégalement répartie sur le territoire. Dans les cinq départements les plus pauvres elle est deux fois plus élevée que dans les cinq départements les moins touchés (19,7 % contre 8,8 %). Elle atteint presque 23 % en Seine-Saint-Denis, et est inférieure à 10 % en Île-de-France, région qui concentre cependant le plus grand nombre de personnes pauvres et où l’intensité de la pauvreté (Écart relatif entre le niveau de vie médian de la population pauvre et le seuil de pauvreté) est parmi les plus éle­vées (20,6 % contre 18,9 % en moyenne). Contrairement à une idée reçue, le taux de pauvreté en zone rurale est supérieur à celui enregis­tré en zone urbaine (en 2008, 14,4 % contre 12,7 %). Néanmoins, il est nettement plus élevé dans les zones urbaines sensibles (32,4 % en 2009).

La grande pauvreté est difficilement enrayée par notre système de protection sociale

La grande pauvreté se traduit par une augmentation de la part des ménages dont les dépenses de logement sont supérieures à 40 % de leur revenu (8,4 % en 2010, contre 7,3 % en 2008) et une augmentation du renon­cement aux soins pour raisons financières (15,4 % en 2008, contre 14,1 % en 2006), et ce malgré le rôle po­sitif joué par le système de protection sociale qui réduit d’environ 50 % le taux de pauvreté. La précarité éner­gétique constitue également un phénomène préoccu­pant : en 2006 (Dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles) un ménage sur cinq appartenant au 1er quartile de niveaux de vie dépensait plus de 10 % de ses revenus pour chauffer son logement.

 

Une personne en emploi sur quinze est pauvre

Disposer d’un emploi protège de la pauvreté. En 2008, le taux de pauvreté monétaire était en effet trois fois plus élevé pour un chômeur que pour l’ensemble de la population, contre 2,4 fois en 1996. Cette tendance ne doit cependant pas masquer la dégradation de la situation des salariés les moins protégés. Et avoir un emploi n’est plus une condition suffisante pour fran­chir le seuil de pauvreté. En 2009, 6,7 % de la popula­tion en emploi est en situation de pauvreté monétaire, et ce phénomène est particulièrement accentué chez les femmes seules chargées de famille (15,5 %), les travailleurs isolés (autour de 9 %), et dans certains secteurs où la précarité de l’emploi est importante comme l’hôtellerie-restauration (environ 19 %), ou les services à la personne (15 %) ou encore l’agriculture.

 

Stabilité des inégalités sur le long terme, mais hausse des hauts revenus par rapport aux autres depuis 2004

De 1996 à 2009 les inégalités de revenus sont res­tées globalement stables. Deux périodes peuvent néanmoins être distinguées. Entre 1996 et 2004, l’augmentation des hauts revenus s’est accompagnée d’une hausse du niveau de vie des plus modestes. Mais depuis 2004, ce dernier a cessé d’augmenter aussi rapidement qu’auparavant, alors que celui des plus aisés a continué sa progression. Dès lors le rap­port entre la masse des niveaux de vie détenue par les 20 % des personnes les plus aisées et celle détenue par les 20 % les plus modestes a augmenté (passant de 4 à 4,3 entre 2004 et 2009), ce qui traduit une augmentation des inégalités entre les deux extrêmes de la distribution des revenus. Entre 2008 et 2009, du fait de la crise, ces évolutions se sont accentuées et le niveau de vie des 10 % des ménages les plus mo­destes est passé à 10 410 euros annuels, en baisse de 1,1 %, alors que celui des 10 % les plus aisés est resté stable (+0,1 %).

 

De ces constats deux risques principaux semblent se dessiner.

Le premier touche les actifs pour lesquels une qua­lification insuffisante et un fonctionnement sélectif du marché du travail rendent très difficile les chances d’accéder à un emploi durable et de qualité. Le re­cours important des entreprises aux contrats intéri­maires ou à durée déterminée rend particulièrement faible la probabilité d’accéder à l’emploi stable. Elle est en France d’environ 17 %, soit le taux le plus bas de l’Union européenne (sources : Rapport 2011 de la Commission européenne sur l’emploi et les tendances sociales). Pour les chômeurs de très longue durée, la probabilité d’accéder à un emploi de qualité est également très réduite : un tiers des de­mandeurs d’emploi sont connus de Pôle emploi de­puis plus de huit ans et n’ont été que la moitié du temps en emploi au cours de cette période.

Le second risque, celui de la grande pauvreté, concerne des personnes marquées par un éloignement du mar­ché du travail. Les chances de sortir de cette situation sont très faibles, en raison du cumul de handicaps, notamment en matière de santé, d’éducation et de logement. L’accès effectif de ces personnes aux droits fondamentaux est particulièrement délicat.

NDLR : Suite demain sur ce blog

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