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Question d'actualité au gouvernement n° 0331G de M. Joël Billard (sénateur d’Eure-et-Loir)
M. Joël Billard. Ma question s'adresse à Mme le ministre de la décentralisation, de la réforme de l'État et de la fonction publique.
Madame le ministre, au lendemain des élections municipales, c'est avec consternation que les élus locaux ont pris connaissance des chiffres de la dotation globale de fonctionnement, la DGF, pour l'année 2014. Celle-ci accuse une forte baisse par rapport aux prévisions de réduction, qui étaient de l'ordre de 3 % par an pendant trois ans. Les chiffres annoncés, très variables d'une collectivité à l'autre, plombent les perspectives financières des collectivités.
À cela s'ajoute le surcoût de la réforme des rythmes scolaires, qui aura d'ailleurs pour effet d'accentuer les disparités sociales entre nos territoires.
Les seules marges de manœuvre restent donc la fiscalité et la réduction des investissements. À titre d'exemple, ces coûts représenteraient pour ma commune, qui compte 4 800 habitants, environ 10 % de fiscalité supplémentaire.
Augmenter la fiscalité n'est pas envisageable, les ménages étant déjà fortement touchés par le contexte économique et les hausses d'impôts successives.
Réduire l'investissement aurait un effet négatif pour la relance économique et entraînerait un accroissement du chômage. N'oublions pas que 70 % des investissements publics sont réalisés par les collectivités locales !
J'ai le sentiment que l'on veut tout doucement, sans oser le dire, faire disparaître certaines communes, bien sûr les plus petites. Il serait pourtant dommageable de se priver des 500 000 bénévoles que sont les élus locaux œuvrant au sein de ces indispensables cellules de proximité.
Madame le ministre, pour l'avenir, allez-vous enfin donner avec précision les montants de la dotation globale de fonctionnement, afin que les maires puissent établir leur budget ? En outre, ne serait-il pas judicieux de suspendre voire, de supprimer la réforme des rythmes scolaires, le temps d'en appréhender les impacts, notamment financiers, tout particulièrement dans les territoires ruraux, qui se sentent de plus en plus abandonnés et méprisés ?
Pour 93 % des communes, cette réforme n'est pas acceptée mais imposée. La vérité, c'est qu'une très grande majorité d'élus de tous bords, d'enseignants et de parents d'élèves sont réservés, voire hostiles à sa mise en application, à moins que l'État n'en assume la prise en charge.
Réponse du Ministère de la décentralisation, de la réforme de l'État et de la fonction publique publiée dans le JO Sénat du 11/04/2014 p. 2675
Mme Marylise Lebranchu, ministre de la décentralisation, de la réforme de l'État et de la fonction publique. Monsieur le sénateur, je ne dirai qu'un mot concernant les rythmes scolaires. M. le ministre de l'éducation nationale a rappelé avec force qu'il s'agissait avant tout de nos enfants et qu'il comprenait parfaitement les difficultés de nos communes. Il doit d'ailleurs s'entretenir avec une délégation de l'Association des maires de France, l'AMF, et son président, pour voir comment avancer, afin d'aider les communes à remplir les missions qui leur sont demandées. Je n'irai donc pas plus loin sur cette question.
Concernant la réforme de la DGF, vous étiez présent ici même lorsque, avant que nous puissions engager la deuxième partie de la loi, nous avons pris un engagement fort : « redémonter » - passez-moi l'expression - la DGF, construite sur la base du VRTS, le versement représentatif de la taxe sur les salaires, et par une superposition de diverses couches, qui atteignent aujourd'hui le nombre de dix-sept.
Ce dispositif est devenu difficilement compréhensible. À quoi sommes-nous conduits ? À créer tous les ans des systèmes de péréquation, à essayer d'être aussi justes que possible en redistribuant des dotations de l'État que nous prenons aux uns pour redonner aux autres. C'est là un exercice difficile !
Parallèlement, nous proposons la mutualisation des services pour les intercommunalités et les communes, et ce dans les deux sens. La loi a été très claire à ce sujet. Rappelons que la commune de La Roche-sur-Yon, récemment, et, auparavant, la commune d'Annonay ont réalisé entre 10 % et 14 % d'économies par la simple mutualisation des services.
Or il faut rappeler que les 10 milliards d'euros représentent à peu près 4 % du total des recettes de fonctionnement de nos communes et intercommunalités. L'effort n'est donc pas si violent que vous le dites ! Cela étant, nous voulons qu'il soit accompli dans la justice. Comment faire ? En tenant compte de deux éléments majeurs.
Le premier enjeu, c'est, dans les communes rurales - le ministre de l'agriculture ouvrira bientôt les assises des territoires ruraux le 3 juin _ la nécessité de protéger les terres agricoles. Mme la ministre de l'écologie le sait mieux que quiconque, il s'agit de protéger tous les espaces, captages d'eau, zones NDs, zones Natura 2 000, et j'en passe, en encourageant la non-construction. Nous devons donc créer une part de DGF rurale pour ces communes et intercommunalités.
Le second enjeu, c'est la prise en compte des véritables facteurs de pauvreté, au-delà des seuls critères de population et de potentiel fiscal et financier, aujourd'hui pris en compte, qui ne suffisent pas.
Oui, ces 10 milliards d'euros seront engagés jusqu'en 2017, mais avec une réforme de la dotation globale de fonctionnement, à laquelle le Sénat sera largement associé !