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Santé mentale et travail (11 04 2019)

Question de sénateur et réponse ministérielle publiées le 21 février 2019 sur le site du Sénat (cliquer ici pour accéder au site du Sénat)

http://www.senat.fr/questions/base/2018/qSEQ181208282.html

 

Question écrite n° 08282 de M. Éric Bocquet (sénateur du Nord - CRCE)

Éric Bocquet attire l'attention de Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la problématique de la détresse psychique au travail. Une récente étude de la fondation Pierre Deniker et de l'IPSOS, présentée au Conseil économique, social et environnemental, tout dernièrement, portait à connaissance que 22 % des actifs présentent une détresse « orientant vers un trouble mental » comme la dépression ou les addictions. Les résultats de l'étude sont préoccupants. 

Les facteurs de risques psychosociaux au travail ont, en effet, une forte influence sur la santé physique comme mentale des salariés. Le stress est le premier risque socioprofessionnel et il est constaté une augmentation constante des pathologies mentales liées au travail.

 
Le déséquilibre entre vie professionnelle et vie personnelle, les horaires décalés, le travail de nuit et des week-ends, les longues heures de transports pour accéder au travail, avoir un faible revenu ou encore avoir connu une période de chômage, sont autant de paramètres qui ont un effet sur la détresse des salariés.

 
Au-delà de ces éléments factuels, le jugement, la perception et les émotions ressenties au travail peuvent également favoriser cette détresse. Il peut être évoqué la question de la valorisation, de l'utilité, de la fierté au travail, de la solidarité, la communication, la confiance en l'avenir, la qualité des relations humaines... Autant de facteurs déterminants qui influent fortement sur le risque d'une détresse orientant vers un trouble mental.

 
Cette étude, particulièrement précise et exhaustive, montre ainsi à quel point la santé mentale des actifs est un véritable enjeu de santé publique, un enjeu de société même.

 
À la suite de la publication de l'étude, le président de la fondation Pierre Deniker, a lancé un plaidoyer pour une politique d'évaluation et de prévention en santé mentale chez les actifs. Il faut investir cette question. Plus que jamais, les conditions doivent être créées pour que le travail puisse être une source d'épanouissement et non de mal-être.

 
C'est pourquoi, il est proposé que le Gouvernement puisse se saisir de ce sujet et il lui demande quelles actions ce dernier compte prendre au regard des résultats alarmants de cette étude. 

 

Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée dans le JO Sénat du 21/02/2019 p. 1030

 

 

Le travail peut avoir un effet positif sur la santé mentale des personnes. De nombreuses études montrent que les personnes qui occupent un emploi tendent à être en meilleure santé mentale que celles qui ne travaillent pas. En effet, en plus de fournir un revenu, le travail favorise les contacts sociaux ainsi que le développement d'habiletés et de l'estime de soi. Toutefois, les conditions et les contextes de travail ne sont pas toujours favorables au maintien d'une bonne santé mentale.

 

En novembre 2018, l'Organisation de coopération et de développement économiques a fait paraitre son rapport « Health at a glance : Europe 2018 » qui met un accent sur la santé mentale : les troubles mentaux représentent un véritable fardeau pour les européens, tant pour les personnes (plus d'un européen sur six avait un trouble psychique en 2016), que pour leurs économies (impact sur le travail, sur le revenu des personnes et sur le Produit intérieur brut).

 

L'étude présentée par la Fondation Deniker en novembre 2018 croise des données sur la santé mentale (évaluée par le degré de souffrance psychique) des personnes actives et des données sur l'environnement au travail. Les résultats montrent qu'en France, plus d'un actif occupé sur cinq présente une détresse psychique orientant vers un trouble mental. Dans cette étude, les facteurs de risques psychosociaux qui impactent le plus la santé mentale sont les suivants : 

- l'équilibre vie privée-vie professionnelle : ce facteur est le plus important, pour les hommes comme pour les femmes, toutes catégories d'actifs confondues ;

- ne pas avoir un travail valorisant ; 

- subir un harcèlement au travail ; 

- manquer de soutien social ou de solidarité au travail.

 

Cette enquête montre l'importance de l'attention qui doit être portée par les managers à l'amélioration des conditions de travail, pour participer à la prévention des troubles psychiques des actifs. Le Gouvernement est mobilisé pour atteindre cet objectif : le ministère du travail met en œuvre le troisième Plan Santé au Travail qui constitue la feuille de route partagée de l'ensemble des acteurs de la prévention des risques professionnels sur la période 2016-2020. Il porte une ambition renouvelée pour la santé au travail, en mettant l'accent sur la prévention primaire et l'amélioration de la qualité de vie au travail comme levier de santé, de maintien en emploi des travailleurs et de performance sociale et économique de l'entreprise.

 

Le ministère des solidarités et de la santé se préoccupe prioritairement de la santé des professionnels de la santé, y compris des étudiants : La feuille de route santé mentale et psychiatrie, lancée en juin 2018 par la ministre des solidarités et de la santé, prévoit de développer des actions de prévention de la souffrance psychique au travail en ciblant prioritairement les professionnels de santé, en ville, et en établissements dont les établissements sociaux et médico-sociaux. L'amélioration de la détection et de la prise en charge des risques psycho-sociaux des professionnels de santé et médico-sociaux, et notamment des syndromes apparentés à l'épuisement professionnel, est inscrite dans la stratégie nationale de santé. « Prendre soin de ceux qui nous soignent » : la ministre des solidarités et de la santé a fait sienne cette ambition d'amélioration de la qualité de vie au travail (QVT) en installant en juillet 2018 un observatoire national dédié, réaffirmant l'importance de ces questions pour tous les professionnels de santé et médico-sociaux, qu'ils exercent en établissement, en ambulatoire ou au domicile. Cet observatoire est chargé de trois missions (recueillir les données quantitatives et qualitatives qui puissent améliorer la QVT ; élaborer des avis et propositions ; organiser un colloque annuel sur la QVT). Il rendra ses conclusions avant la fin de l'année 2019.

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