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Les métiers en 2030 (volet 1) (22 03 2022)

Nous vous proposons aujourd’hui la présentation et le long résumé d’un rapport publié le 10 mars 2022 sur le site Vie-publique (cliquer ici pour accéder au site vie-publique)

https://www.vie-publique.fr/rapport/284354-les-metiers-en-2030-rapport-groupe-prospective-metiers-et-qualifications#xtor=EPR-526.html 

Pour accéder au texte (pdf) du long (196p.) rapport, cliquer ci-dessous :

https://www.vie-publique.fr/sites/default/files/rapport/pdf/284354.pdf

Les métiers en 2030 - Rapport du groupe Prospective des métiers et qualifications

Auteur(s) : Jean-Christophe Sciberras Cécile Jolly Jean Flamand Boris Le Hir Martin Rey Alexis Eidelman Camille Cousin Aurore Desjonqueres

Auteur(s) moral(aux) : France Stratégie - Direction de l'Animation de la Recherche, des Études et des Statistiques

Présentation

Le rapport dresse un panorama chiffré des perspectives des métiers à l’horizon 2030 qui intègre à la fois les grandes tendances observées par le passé et les évolutions attendues sur les plans démographiques, économiques, technologiques et environnementaux. Le rapport vise à anticiper les évolutions et besoins par secteur et les déséquilibres potentiels entre offre et demande d’emploi, afin de guider les politiques publiques. Au regard des bouleversements économiques et sociaux induits par la crise sanitaire, le rapport éclaire leur impact à moyen terme sur la dynamique d’emploi des secteurs d’activité et des métiers. Il tient également compte des enjeux liés à la lutte contre le réchauffement climatique.

Résumé

Le rapport Les Métiers en 2030 dresse un panorama chiffré des perspectives des métiers à l’horizon 2030. Compte tenu des grandes tendances observées dans le passé, des évolutions qui peuvent être anticipées (démographiques, économiques, technologiques et environnementales) et de l’impact attendu de la crise liée au Covid-19, cet exercice tente de répondre à trois séries de questions : combien d’emplois seront créés dans les différents métiers ? quels seront les besoins de recrutement des entreprises compte tenu par ailleurs des départs en fin de carrière ? et, enfin, quels déséquilibres potentiels peut-on anticiper si, pour chaque métier, rien n’est fait pour corriger l’écart entre les besoins de recrutement des employeurs et le flux de jeunes sortant de formation initiale ?

Pour un métier donné, les postes à pourvoir (ou besoins de recrutement) des employeurs d’ici 2030 résultent à la fois des emplois créés ou détruits – qui font varier les effectifs en poste – et des postes laissés vacants par les départs en fin de carrière. Une partie de ces besoins de recrutement sera comblée par des jeunes sortis de formation initiale et débutant dans ce métier.

La confrontation entre les postes à pourvoir et les jeunes débutants peut mettre en évidence des déséquilibres potentiels dans certains métiers. Les postes à pourvoir peuvent être plus nombreux que les ressources en main-d’œuvre identifiées ou, à l’inverse, les effectifs de jeunes entrant dans un métier peuvent excéder le nombre de postes à pourvoir. Les besoins de recrutement non pourvus à l’horizon 2030 par des jeunes débutant en emploi peuvent être comblés par des personnes déjà en poste et venant d’autres métiers, des demandeurs d’emploi, ainsi que, dans une moindre mesure, par les inactifs réintégrant le marché du travail ou de nouveaux immigrés. À l’inverse, les déséquilibres peuvent être accrus par des mobilités vers d’autres métiers, des départs de l’emploi vers le chômage ou l’inactivité dans certains métiers : c’est ce qu’illustre la figure A.

Afin d’assurer la cohérence d’ensemble des projections d’emploi par métier, Les Métiers en 2030 s’appuie sur un scénario macroéconomique de référence issu d’une modélisation sectorielle de l’économie.

Figure A – Les Métiers en 2030 : postes à pourvoir et déséquilibres potentiels par métiers Lecture : pour un métier donné, les postes à pourvoir ou besoins de recrutement sont mesurés par le cumul des créations nettes d’emplois et des départs en fin de carrière qui sont en partie pourvus par les jeunes sortant de formation initiale débutant en emploi. Le déséquilibre potentiel pour ce métier est ainsi l’écart entre les postes à pourvoir (ou besoins de recrutement) et le flux de ressources en main-d’œuvre constitué des jeunes entamant leur carrière professionnelle. Ce déséquilibre potentiel peut – ou non – être comblé par des personnes en emploi changeant de métier, des personnes sortant du chômage, des personnes précédemment inactives ou par de nouvelles ressources en main-d’œuvre venant de l’étranger.

Ce scénario repose pour l’essentiel sur des évolutions démographiques et macroéconomiques tendancielles qui concernent notamment la population active, les gains de productivité, le contexte international (hors conflit russo-ukrainien) et les politiques mises en œuvre (seules celles déjà décidées sont prises en compte). Du fait de la crise sanitaire, il intègre également une préférence accrue des ménages pour la santé et un recours persistant au télétravail qui réduit les mobilités et la fréquentation des lieux publics. Plusieurs scénarios alternatifs sont également considérés à titre de variantes. Le scénario « bas carbone » permet de respecter jusqu’en 2030 les objectifs de la Stratégie nationale bas carbone (SNBC), notamment via une accélération substantielle de l’investissement (voir encadré infra pour une description des principaux écarts entre le scénario de référence et le scénario bas carbone). Le scénario "Covid+" suppose un impact plus fort de la crise sanitaire sur la distanciation sociale à l’horizon 2030.

Au total, dans le scénario de référence retenu, 1 million d’emplois seraient créés entre 2019 et 2030, ce qui conduirait à une baisse progressive du chômage structurel cohérente avec la trajectoire retenue en la matière par le Conseil d’orientation des retraites (COR).

Comme les autres éléments du scénario économique, cette réduction du taux de chômage doit être comprise non comme une prévision mais comme la résultante des hypothèses retenues, dans un scénario qui vise à permettre aux pouvoirs publics d’identifier les difficultés potentielles et les actions à entreprendre en matière d’emploi. En particulier, dans ce scénario de référence, les besoins de recrutement seraient tels dans certains métiers que la demande d’emploi ne serait pas pleinement satisfaite par les seules entrées de jeunes sur le marché du travail. L’un des objectifs des Métiers en 2030 est justement de quantifier ces déséquilibres potentiels par métiers, afin de guider les politiques et les décisions individuelles, en matière de formation initiale, d’orientation des personnes en recherche d’emploi, de reconversion des actifs en emploi ou de recours à l’immigration.

L’indicateur de déséquilibre vise à éclairer l’évolution que l’on peut attendre – toutes choses égales par ailleurs – des difficultés de recrutement pour un métier donné. Il ne va donc pas rendre compte de sa tension initiale observée : si un métier est en tension aujourd’hui et s’il ne présentait pas de déséquilibre nouveau en 2030, ses difficultés de recrutement devraient rester assez comparables à celles rencontrées actuellement par les employeurs.

Forte progression des services aux entreprises et de la santé

La recomposition projetée d’ici 2030 de l’activité et de l’emploi fait apparaître quelques grandes tendances sectorielles. La croissance de l’emploi dans les services serait équivalente à celle de l’emploi d’ici 2030. Ce poids des services traduit la place importante dans l’emploi, d’une part des services aux entreprises, d’autre part des services d’utilité collective soutenus par la socialisation des dépenses d’éducation, de santé et d’action sociale.

La trace qu’a laissée la crise liée au Covid-19 avantage encore plus fortement les secteurs de la santé et du numérique. Elle pénalise en revanche les activités fondées sur les interactions sociales (hôtellerie-restauration, commerce, spectacles) et sur la mobilité (transports) qui créeraient moins d’emploi que par le passé. L’ambition climatique a été également accentuée par les politiques françaises et européennes, de même que la volonté de limiter la dépendance industrielle, avantageant respectivement la construction et l’industrie.

La construction serait stimulée par l’investissement et l’accroissement des besoins de rénovation des bâtiments pour répondre notamment aux exigences d’efficacité énergétique de la transition bas carbone. Après un cycle baissier de près de dix ans (80 000 emplois perdus entre 2009 et 2019), et poursuivant la reprise constatée depuis 2017, le secteur (y compris les activités immobilières) afficherait une forte croissance : il devrait créer 190 000 emplois entre 2019 et 2030.

Après avoir crû assez nettement en deçà du reste de l’économie au cours des dix dernières années, la valeur ajoutée de l’industrie progresserait comme le reste de l’économie entre 2019 et 2030. Les effectifs des métiers industriels progresseraient (voir infra), et la part de l’emploi industriel dans le total resterait stable à 10 %. L’emploi dans la production industrielle stricto sensu, étant en partie externalisé (intérim, conseil, distribution), baisserait légèrement, mais bien moins fortement que dans la décennie passée. Cette inversion de tendance refléterait un ralentissement de l’externalisation et les bénéfices des politiques publiques engagées en matière de revitalisation du tissu industriel depuis la décennie 2010. Elle serait également le signe d’un recentrage de l’industrie sur certaines activités stratégiques (pharmacie, produits informatiques) et déterminantes dans la transition bas carbone (matériels de transport). L’agroalimentaire continuerait d’être dynamique, bien qu’à un rythme moins soutenu que dans la décennie passée. En revanche, l’emploi continuerait de se replier dans les secteurs de basse technologie très concurrencés par les pays émergents (fabrication de caoutchouc plastique et de produits minéraux ; métallurgie) et dans la maintenance confrontée à d’importants gains de productivité (maintenance prédictive assistée par ordinateurs).

Enfin les services généraux de l’administration (1)  continueraient de se replier, de même que l’emploi agricole. Le maintien de taux d’intérêt bas et la numérisation des usages en banque et assurance devraient induire dans ces secteurs des gains de productivité défavorables à l’emploi.

1 Cette branche, appelée "administration publique" dans la nomenclature de l’Insee, intègre les activités de nature gouvernementale concourant au bon fonctionnement administratif : activités régaliennes, activités d'administration générale ou de tutelle dans le domaine de la vie économique et sociale.

1,8 million d’emplois supplémentaires pour les diplômés du supérieur

Les créations d’emploi continuent à être globalement favorables aux diplômés de l’enseignement supérieur qui occuperaient près d’un emploi sur deux en 2030 (47 % contre 43 % aujourd’hui) : 1,8 million d’emplois occupés par des diplômés du supérieur seraient ainsi créés entre 2019 et 2030, alors que les emplois exercés par ceux qui n’ont pas dépassé le baccalauréat diminueraient de près de 800 000.

40 % des créations d’emplois exercés par des diplômés du supérieur seraient concentrées dans trois secteurs – les activités juridiques, comptables et de gestion ; les services administratifs et de soutien ; et le commerce –, avec chacun entre 200 000 et 300 000 créations nettes d’emplois. Viendraient ensuite, avec une augmentation des effectifs comprise entre 80 000 et 150 000, les activités informatiques, la construction, la santé, l’hôtellerie-restauration, les activités récréatives et culturelles et la R & D. Cette croissance des postes de diplômés est tirée par le dynamisme des activités informatiques, de la santé, de la R & D et, dans une moindre mesure, des activités juridiques, comptables et de gestion. À l’inverse, dans le commerce, l’hébergement restauration, les services administratifs et de soutien, les activités récréatives et culturelles et la construction, c’est l’augmentation tendancielle du niveau d’études des recrutés qui contribue le plus à la hausse de l’emploi occupé par les diplômés du supérieur. Dans l’industrie, les effectifs de ces diplômés seraient en progression de 10 %, l’effet positif lié à l’augmentation de la part des diplômés du supérieur dans l’emploi total l’emportant sur la légère baisse de l’emploi industriel.

S’agissant des actifs en emploi n’ayant pas dépassé le baccalauréat, la construction créerait près de 55 000 postes entre 2019 et 2030, malgré l’augmentation tendancielle de la qualification dans le secteur. La santé et le médico-social gagneraient respectivement environ 120 000 postes occupés par des personnels non titulaires d’un diplôme du supérieur, essentiellement dans l’accompagnement des patients et des personnes fragiles.

Les cadres du privé, les professions de la santé et des services à la personne sont parmi les métiers les plus créateurs d’emploi

Certains métiers sont très liés à un secteur : les ouvriers du gros œuvre du bâtiment exercent ainsi à 85 % dans des entreprises de la construction, les caissiers sont principalement recrutés dans le secteur du commerce et les cadres de la banque sont très sensibles à l’évolution des activités financières et d’assurance. Mais ce n’est pas le cas de tous les métiers. Un informaticien, un comptable, un secrétaire, un avocat peuvent être embauchés par une entreprise de construction, de l’automobile ou du conseil. De la même manière, les cuisiniers ne sont pas tous salariés dans l’hôtellerie ou la restauration mais sont aussi nombreux à travailler pour les collectivités, dans la santé ou l’action sociale notamment.

Les quatre métiers les plus créateurs d’emploi (entre 110 000 et 115 000 chacun) seraient les ingénieurs informatiques, les infirmiers-sages-femmes, les aides-soignants et les cadres commerciaux. Viendraient ensuite les aides à domicile (+100 000) et les ouvriers qualifiés de la manutention (+80 000), qui devanceraient les cadres des services administratifs et financiers et les ingénieurs et cadres techniques de l’industrie (respectivement +75 000).

Il est à noter que les cadres du bâtiment (+60 000) et les personnels d’études et de recherche (+50 000) figureraient parmi les quinze métiers les plus dynamiques.

La progression des métiers de l’industrie s’explique par le recentrage sur le cœur de métier de l’industrie qui a conduit à l’externalisation de fonctions support, y compris stratégiques (conseil), de contrôle (qualité, environnement) et de distribution. Symétriquement, certaines fonctions industrielles, comme la maintenance des équipements ou le contrôle de la qualité, sont devenues essentielles dans de nombreux secteurs d’activité. De ce fait, les ingénieurs et cadres de l’industrie comme les techniciens et agents de maintenance sont aujourd’hui souvent recrutés par les secteurs du conseil (stratégie, analyses techniques) et du commerce (maintenance et contrôle qualité), même s’ils exercent également dans des activités industrielles.

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Suite demain mercredi 23 03 2022

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