Nous vous proposons aujourd’hui le 1er de 4 volets d’une note longue mais importante publiée le 5 novembre 2024 sur le site Vie-publique (cliquer ici pour accéder au site Vie-publique)
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Chronologie du changement climatique d'origine humaine (1)
Dernière modification : 5 novembre 2024
La responsabilité humaine dans le réchauffement climatique est une donnée intégrée par les experts et les scientifiques depuis plusieurs décennies. Si la Terre vit une accélération exponentielle des dérèglements en tous genres depuis le milieu du siècle dernier, l'influence effective de l'homme sur son environnement n'est pas un phénomène nouveau.
Sommaire
Fin XVIIIe siècle - 1967 | Le réchauffement climatique est un fait | La constatation
1968-1988 | Le réchauffement climatique est d'origine humaine | La prise de conscience
1989-2006 | Le réchauffement climatique doit être contenu | Les velléités
2007-2018 | Le réchauffement climatique n'est pas assez contenu | Les inquiétudes
2019-2024 | "L'effondrement climatique a commencé" | Les faits
Changement climatique anthropique : Évolution du climat venant s’ajouter à ses variations naturelles, qui est attribuée aux émissions de gaz à effet de serre engendrées par les activités humaines, et altérant la composition de l’atmosphère de la planète.
L'homme dégrade son environnement de plusieurs manières :
par prélèvement (pêche, exploitation minière, etc.) ;
par transformation (agriculture, pollution, etc.).
Parmi les actions de l'homme susceptibles d'avoir un effet notoire ou majeur sur l'environnement, il faut distinguer :
celles dont la récurrence à petite, moyenne ou grande échelle crée sur le long terme un déséquilibre majeur (disparition des espèces ou des ressources par surexploitation) ;
celles dont l'importance singulière est telle qu'elles bouleversent des environnements ou des écosystèmes plus ou moins vastes (assèchement de la mer d'Aral, déforestation en Amazonie, catastrophes nucléaires de Tchernobyl ou Fukushima).
En termes de causalité, l'homme peut être à l'origine de transformations majeures ou par son intervention, voulue ou pas, dans un processus indépendant (climatique, géologique, etc.) créer les conditions d'un dérèglement ou d'une catastrophe.
Devant la complexité des causalités, une chronologie de la transformation climatique d'origine humaine (ou anthropique) doit intégrer les actions de l'homme sur l'environnement afin de saisir dans son ensemble l'étendue de la dégradation de la planète.
Fin XVIIIe siècle à 1967 : Le réchauffement climatique est un fait - La constatation
Plusieurs événements (pré)historiques pourraient figurer dans une chronologie sur le réchauffement climatique d'origine humaine et l'action de l'homme sur l'environnement : l'invention de l'agriculture il y a près de 10 000 ans, les premières installations humaines sédentaires, mais aussi la grande peste, qui décime au moins 1/3 de la population européenne entre 1346 et 1353 en suivant la route de la soie et en arrivant par les ports européens, au gré des guerres et du commerce. Le véritable point de rupture, dans l'histoire, quand l'action de l'homme sur son environnement devient perceptible, sinon évidente, est la Révolution industrielle et le début de l'émission massive de gaz à effet de serre.
Fin du XVIIIe siècle
Première Révolution industrielle : l'économie mondiale est bouleversée. Passage d’une économie essentiellement agraire à une production de biens manufacturés à grande échelle, d'abord en Angleterre, puis en France au début du XIXe siècle. Outre les bouleversements sociaux, c'est aussi le début de la pollution à grande échelle. Depuis cette époque, la concentration de gaz à effet de serre (GES) a augmenté de façon constante.
Fin du XIXe siècle - début du XXe siècle
Deuxième Révolution industrielle. Utilisation de nouvelles sources d'énergie : électricité, gaz, pétrole. La chimie se développe (engrais azotés, explosifs).
1914-1918
Première Guerre mondiale, premier usage des armes chimiques, aux effets dévastateurs. Les guerres modernes atteignent durablement l'environnement et dévastent des écosystèmes. Les effets des guerres modernes sur les écosystèmes, en termes de pollution, sont encore peu étudiés.
1939-1945
Seconde Guerre mondiale, industrialisation des moyens de donner la mort. Avec la destruction de Nagasaki et Hiroshima par la bombe atomique, l'homme met au point une arme capable de rayer des villes de la carte.
17 août-6 septembre 1949
Conférence scientifique des Nations unies pour la conservation et l’utilisation des ressources naturelles. Pour la première fois, un organisme des Nations unies alerte sur l'épuisement et l'usage des ressources naturelles (terre, eau, forêts, faune, carburants, énergie et minéraux).
1951
Premier rapport sur l'état de l'environnement dans le monde, publié par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), qui insiste sur les liens entre économie et énergie.
16 décembre 1964
Loi n° 64-1245 relative au régime et à la répartition des eaux et à la lutte contre leur pollution.
1965
Remise d'un rapport sur la pollution environnementale par le conseil scientifique consultatif du président des États-Unis, Lyndon Johnson, avertissant que d'ici à l'an 2000 il y aurait 25% de CO2 en plus dans l'atmosphère, avec pour conséquence des changements climatiques notables.
1er mai 1967
Publication d'une étude par Syukuro Manabe et Richard T. Wetherald (Thermal Equilibrium of the Atmosphere with a Given Distribution of Relative Humidity), qui modélise le climat et prévoit l'augmentation des quantités de CO2. La modélisation climatique sera essentielle aux travaux du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC).
1968-1988 | Le réchauffement climatique est d'origine humaine | La prise de conscience
Les catastrophes industrielles ne sont pas un fait nouveau, mais leur ampleur mène à une prise de conscience, tant sur les responsabilités de l'homme que sur les conséquences à long terme (marées noires, accidents nucléaires…). Les nations acceptent le fait que le réchauffement climatique est d'origine humaine et décident de l'envisager au travers de grandes conférences internationales et traités. Sous l'égide de l'Organisation des Nations unies (ONU), les premières instances et organisations dédiées au climat et à l'environnement voient le jour.
1968-1973
Famines au Sahel et en Éthiopie, causant la mort de plus d'un million de personnes. Ces famines liées à la sécheresse alertent sur le réchauffement climatique et ses conséquences, et seront de plus en plus fréquentes.
28 février 1970
Discours du président français, G. Pompidou (Problèmes de l'environnement urbain) : "L'emprise de l'homme sur la nature est devenue telle qu'elle comporte le risque de destruction de la nature elle-même. La nature nous apparaît de moins en moins comme la puissance redoutable que l'homme du début de ce siècle s’acharnait encore à maîtriser, mais comme un cadre précieux et fragile qu'il importe de protéger pour que la Terre demeure habitable à l'homme".
7 janvier 1971
Nomination de Robert Poujade, ministre délégué auprès du Premier ministre, chargé de la protection de la nature et de l'environnement.
2 février 1971
Signature de la convention sur les zones humides, dite "convention de Ramsar". Destinée à l'origine à préserver les habitats d'oiseaux d'eau, son champ de compétence s'est par la suite étendu à tous les aspects de la biodiversité.
Années 1970-1980
Influence de l'homme sur le climat reconnue par les scientifiques. Le débat est de savoir si le changement climatique d'origine humaine a déjà commencé.
5-16 juin 1972
Conférence des Nations unies sur l'environnement, ou conférence de Stockholm. Il s'agit de la première grande conférence des Nations unies sur les problèmes environnementaux. Elle marque un tournant dans le développement des politiques environnementales internationales. La création du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE) est entérinée.
3 mars 1973
Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction ou convention de Washington.
10 juillet 1976
Catastrophe industrielle à Seveso, en Italie. Un nuage d'herbicide s'échappe de l'usine Icmesa et intoxique de nombreuses personnes. Cette catastrophe est à l'origine d'une prise de conscience en Europe et de la "directive Seveso", contraignant les États membres à identifier les risques industriels, établir un système d'inspection des sites dangereux et prendre les mesures pour faire face à d'éventuels accidents.
Loi n° 76-629 relative à la protection de la nature, fondatrice en France.
16 mars 1978
Marée noire. Le pétrolier libérien Amoco Cadiz, qui transporte 223 000 tonnes de pétrole brut et 4 000 tonnes de fioul de soute, s'échoue sur les côtes bretonnes. Au fur et à mesure que le navire se disloque, sa cargaison se répand et pollue 360 km de littoral entre Brest et Saint-Brieuc. Il s'agit de la plus grande marée noire par échouement pétrolier jamais enregistrée.
1979
Rapport du scientifique Jule Charney, établissant qu'il existe bien un réchauffement climatique dû aux GES issus de l'usage de combustible fossile par les hommes. Le rapport a été demandé par le président américain à l'Académie nationale des sciences.
12-23 février 1979
Conférence mondiale sur le climat à Genève, l'une des premières grandes rencontres sur le changement climatique.
23 juin 1979
Convention sur la conservation des espèces migratrices appartenant à la faune sauvage, dite convention de Bonn.
3 décembre 1984
Fuite de 45 tonnes de gaz dans l'usine de pesticides de la compagnie américaine Union Carbide à Bhopal, en Inde, qui fait 1 754 morts et 170 000 intoxiqués, dont 12 000 dans un état critique le jour même de l'accident. On estime qu'il y a eu entre 15 000 et 20 000 morts. les conséquences sanitaires et environnementales de cette catastrophe industrielle se font toujours sentir quarante ans après.
1985
Découverte du trou dans la couche d'ozone, causé principalement par l'usage de chlorofluocarbures (CFC) dans l'industrie (réfrigérateurs, climatiseurs, aérosols). Plus de la moitié de l'ozone disparaît dans l'Antarctique pendant le printemps austral.
Un rapport du PNUE définit les "réfugiés environnementaux", dont font partie les réfugiés climatiques.
9 janvier 1985
Loi n° 85-30 relative au développement et à la protection de la montagne, visant à trouver un équilibre entre développement et protection de la montagne, dite "loi Montagne 1".
22 mars 1985
Signature de la convention de Vienne, qui établit les principes de protection de la couche d'ozone. Cette convention fait suite aux avertissements de scientifiques quant aux dangers de l'appauvrissement de la couche d'ozone pour l'environnement et la santé humaine.
3 janvier 1986
Loi n° 86-2 relative à l'aménagement, la protection et la mise en valeur du littoral, dite "loi Littoral".
26 avril 1986
Accident nucléaire de Tchernobyl, en Ukraine. L'incendie du réacteur rejette dans l'atmosphère une quantité de radioactivité équivalent à 200 bombes Little Boy ("Petit garçon", larguée sur Hiroshima). Près de 200 000 km2 de terres ont été contaminées. Dès 1991, un excès de cancers de la thyroïde de l'enfant est apparu dans les régions particulièrement touchées. Entre 1990 et 1998, en Belarus, en Ukraine et en Russie, le taux de cancer de la thyroïde chez les enfants qui avaient moins de 18 ans au moment de l'accident a été multiplié par un facteur entre 10 et 100 (accidents dus aux rayons ionisants). L'échelle INES (International Nuclear Event Scale) est créée afin d'aider la population et les médias à comprendre immédiatement la gravité d'un accident nucléaire. L'accident nucléaire de Tchernobyl est classé au niveau 7, le plus élevé.
16 septembre 1987
Protocole de Montréal, qui restreint l'utilisation de produits chimiques pouvant endommager la couche d'ozone.
23 juin 1988
Audition du scientifique James Edward Hansen devant le Congrès américain, qui déclare que le changement climatique est déjà enclenché.
Novembre 1988
Création du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (GIEC) en vue de fournir des évaluations détaillées de l'état des connaissances scientifiques, techniques et socio-économiques sur les changements climatiques, leurs causes, leurs répercussions potentielles et les stratégies de parade.
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