Nous vous proposons aujourd’hui le 2e des 4 volets d’une note longue et importante publiée le 5 novembre 2024 sur le site Vie-publique (cliquer ici pour accéder au site Vie-publique)
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Chronologie du changement climatique d'origine humaine (2)
Dernière modification : 5 novembre 2024
La responsabilité humaine dans le réchauffement climatique est une donnée intégrée par les experts et les scientifiques depuis plusieurs décennies. Si la Terre vit une accélération exponentielle des dérèglements en tous genres depuis le milieu du siècle dernier, l'influence effective de l'homme sur son environnement n'est pas un phénomène nouveau.
Sommaire
Fin XVIIIe siècle - 1967 | Le réchauffement climatique est un fait | La constatation
1968-1988 | Le réchauffement climatique est d'origine humaine | La prise de conscience
1989-2006 | Le réchauffement climatique doit être contenu | Les velléités
2007-2018 | Le réchauffement climatique n'est pas assez contenu | Les inquiétudes
2019-2024 | "L'effondrement climatique a commencé" | Les faits
.../...
1989-2006 | Le réchauffement climatique doit être contenu | Les velléités
Les rapports du GIEC, et des événements climatiques plus destructeurs et fréquents, sont les premiers avertissements massifs quant à l'urgence de la situation. Mais le clivage entre pays développés, qui polluent la Terre depuis la fin du XIXe siècle, et pays en développement, qui aspirent pour leurs populations à un "progrès" similaire, enraye la nécessité d'agir face à ce que l'on commence à entrevoir comme une urgence commune. Le protocole de Kyoto lie les pays développés à un objectif de réduction des GES. Les États-Unis quittent le traité, mais sa ratification par la Russie permet son entrée en vigueur.
24 mars 1989
Marée noire. Le pétrolier américain Exxon Valdez, qui transporte 180 000 tonnes de pétrole brut, s'échoue dans le détroit du Prince William, non loin de la ville de Valdez, en Alaska, reconstruite après un raz-de-marée. L'échouement provoque le déversement de 38 500 tonnes de brut, plus de 7 000 km2 de nappes polluent 800 km de côtes. Une des conséquences est la promulgation de l'amendement "double coque" du 6 mars 1992 à la Convention internationale pour la prévention de la pollution par les navires (Marpol).
1990
Premier rapport d'évaluation du GIEC, qui confirme la responsabilité humaine dans le réchauffement climatique, le rôle des émissions de gaz à effet de serre et la gravité des changements en cours.
3 janvier 1992
Loi n° 92-3 sur l'eau : "L'eau fait partie du patrimoine commun de la nation. Sa protection, sa mise en valeur et le développement de la ressource utilisable, dans le respect des équilibres naturels, sont d'intérêt général."
9 mai 1992
Signature de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC), entrée en vigueur le 21 mars 1994. Pour la première fois un traité fixe des objectifs contraignants aux pays industrialisés pour réduire le réchauffement climatique et aider à faire face à ses conséquences.
21 mai 1992
Création du réseau européen Natura 2000.
3-14 juin 1992
Conférence des Nations unies sur l'environnement et le développement (CNUED), ou conférence de Rio, qui réunit des dirigeants politiques, des diplomates, des scientifiques, des représentants des médias et des ONG (organisations non gouvernementales) de 179 pays pour un effort massif visant à concilier l'impact des activités socio-économiques humaines et l'environnement. Ouverture à la signature de la Convention sur la diversité biologique, traité international juridiquement contraignant, et de la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification.
2 février 1995
Loi n° 95-101 relative au renforcement de la protection de l'environnement, qui établit le principe de précaution, "selon lequel l'absence de certitudes, compte tenu des connaissances scientifiques et techniques du moment, ne doit pas retarder l'adoption de mesures effectives et proportionnées visant à prévenir un risque de dommages graves et irréversibles à l'environnement à un coût économiquement acceptable".
28 mars-7 avril 1995
Première Conférence des parties (signataires de la CCNUCC), ou COP1, organisée par l'ONU, qui se tient à Berlin. La COP1 voit s'opposer pays industrialisés, responsables du réchauffement climatique, et pays pauvres, souhaitant mener à bien leur développement économique. la COP1 n'aboutit à aucune mesure concrète, mais les participants prennent la mesure de l'urgence et s'accordent sur le fait que les compromis de la CCNUCC ne sont pas adaptés pour atteindre les objectifs fixés.
1996
Deuxième rapport d'évaluation du GIEC, qui analyse les aspects scientifiques (groupe de travail I) et socio-économiques (groupe de travail III) de l'évolution du climat.
11 décembre 1997
Signature du protocole de Kyoto, premier traité de réduction d'émissions de GES, lors de la COP3. Le texte lie les pays développés à des objectifs de réduction des émissions de GES (5,2% sur la période 2008-2012 par rapport aux émissions de 1990). Les pays en développement comme le Brésil, la Chine ou l’Inde, sont parties au protocole mais ne sont pas soumis à la réduction d’émissions.
11 décembre 1999 : Marée noire
Le pétrolier maltais Erika, qui transporte 31 000 tonnes de fioul lourd n° 2, se brise en deux à une trentaine de milles au sud de la pointe de Penmarc'h. Des nappes de fioul se répandent, la plus longue estimée à 3 000 t., faisant 15 km de long. Le navire, construit en 1975, ne bénéficiait pas d'une double coque.
2000
Assèchement de la mer d'Aral. Autrefois 4e plus grande étendue d'eau intérieure du monde, la mer d'Aral, située en Asie centrale, a perdu en un demi-siècle 75% de sa superficie et 90% de son volume. Elle a été utilisée pour irriguer des champs de coton ou de blé.
18 septembre 2000
Création du code de l'environnement par l'ordonnance n° 2000-914.
2001
Troisième rapport d'évaluation du GIEC, qui détermine ce que constitue "une perturbation anthropique dangereuse du système climatique" en s'appuyant sur de nouvelles données scientifiques. Le GIEC apporte aussi des preuves permettant "de dire que la majeure partie du réchauffement observé au cours des cinquante dernières années est due aux activités humaines"
Juillet 2001
Refus des États-Unis de ratifier le protocole de Kyoto. Selon le président George W. Bush, les pays industrialisés ont une plus grande charge que les pays en développement dans la réduction des émissions de GES.
10 novembre 2001
Signature des accords de Marrakech à l'occasion de la COP7. Malgré la sortie des États-Unis du protocole de Kyoto, les accords détaillent les règles de sa mise en œuvre, entre autres pour aider les pays en développement à affronter le changement climatique.
2 septembre 2002
Déclaration du président de la République, Jacques Chirac, lors du sommet mondial sur le développement durable à Johannesburg : "Notre maison brûle et nous regardons ailleurs. La nature, mutilée, surexploitée, ne parvient plus à se reconstituer et nous refusons de l'admettre."
6 juin 2002
Signature du Traité international sur les ressources phytogénétiques pour l'alimentation et l'agriculture.
Août 2003
Canicule la plus sévère jamais enregistrée en France depuis le début des mesures (1947), causant la mort de près de 20 000 personnes.
13 octobre 2003
Directive 2003/87/CE, qui met en place le système d'échange de quotas d'émission de l'Union européenne (UE) au 1er janvier 2005, en vertu du principe pollueur-payeur. L'UE est le troisième émetteur de CO2 au monde, mais elle s'est engagée à réduire ses émissions de 40% d'ici à 2030 par rapport aux niveaux de 1990 (et de 55% à la suite du pacte vert pour l'Europe). Le SEQE a été parfois détourné par certaines entreprises qui ont revendu des quotas gratuits et ainsi augmenté leurs profits.
16 février 2005
Entrée en vigueur du protocole de Kyoto après sa ratification par la Russie. Le texte devait être ratifié par au moins 55 pays représentant 55% des émissions mondiales de GES pour entrer en vigueur.
1er mars 2005 : Loi constitutionnelle n° 2005-205, qui intègre la Charte de l'environnement au bloc de constitutionnalité.
11 octobre 2006
Sortie d'un documentaire, Une vérité qui dérange, dans lequel Al Gore, ex-vice-président des États-Unis, avertit sur les dangers pour l'humanité du réchauffement climatique.
2007-2018 | Le réchauffement climatique n'est pas assez contenu | Les inquiétudes
Les diverses parties ont par le passé signé des traités juridiquement contraignants, mais l'accord de Paris marque un tournant dans la lutte contre le réchauffement climatique. Les COP prennent en compte les difficultés des pays en développement. La nécessité de contenir le réchauffement climatique sous un certain seuil (2 °C dans un premier temps) devient une évidence, entre autres grâce aux rapports du GIEC. La catastrophe nucléaire de Fukushima, consécutive à un tsunami, la fonte du permafrost, la multiplication des épisodes de chaleur extrême continuent d'avertir l'homme sur ses responsabilités.
2007
4e rapport d'évaluation du GIEC. Le réchauffement climatique est sans équivoque : "On note déjà, à l'échelle du globe, une hausse des températures moyennes de l'atmosphère et de l'océan, une fonte massive de la neige et de la glace et une élévation du niveau moyen de la mer. Vu les politiques d'atténuation des effets des changements climatiques et les pratiques de développement durable déjà en place, les émissions mondiales de GES continueront d'augmenter au cours des prochaines décennies".
6 juillet-25 octobre 2007
Grenelle de l'environnement, qui rassemble État, collectivités locales, partenaires sociaux et ONG investies dans les questions environnementales.
12 octobre 2007
Al Gore et le GIEC prix Nobel de la paix 2007 pour "leurs efforts de collecte et de diffusion des connaissances sur les changements climatiques provoqués par l'homme et pour avoir posé les fondements pour les mesures nécessaires à la lutte contre ces changements".
3-4 décembre 2007
COP13, à Bali. L'Australie annonce qu'elle va ratifier le protocole de Kyoto. Ainsi, seuls les États-Unis ont renoncé à ratifier le traité. Le plan d'action de Bali ouvre officiellement les négociations destinées à donner une suite à la première période d'engagement du protocole de Kyoto.
12 décembre 2008
Paquet énergie-climat, adopté lors du Conseil européen. Ce plan d'action doit permettre à l'UE d'atteindre d'ici à 2020 un triple objectif : réduire de 20% les émissions de GES par rapport à leurs niveaux de 1990 ; porter la part des énergies renouvelables à 20% de la consommation et réaliser 20% d'économies d'énergie.
3 août 2009
Loi n° 2009-967 de programmation relative à la mise en œuvre du Grenelle de l'environnement, dite "loi Grenelle 1". L'objectif est, à l'horizon 2050, de diviser par quatre les émissions de GES.
18 décembre 2009
Accords de Copenhague, signés par les chefs d'État réunis lors de la COP15. Le texte donne des orientations sur le traitement du changement climatique (réduction des émissions de GES et financements pour les pays en développement). L'objectif est de contenir sous 2 °C le réchauffement climatique d'ici à la fin du siècle.
5 janvier 2010
Loi n° 2010-2 relative à la reconnaissance et à l'indemnisation des victimes des essais nucléaires français. Entre 1959 et 1996, la France a procédé à 210 essais nucléaires au Sahara ou en Polynésie française. Le vivier de personnes potentiellement contaminées est très large : population locale, militaires de carrière, appelés du contingent, travailleurs civils. L'étude d'impact du projet de loi estime à 150 000 le nombre de travailleurs présents sur les sites sur toute la période. Un rapport sénatorial du 18 septembre 2013 estime que 80 000 personnes des populations locales ont été contaminées. Le rapport déplore "une loi qui s'applique difficilement et indemnise très peu".
12 juillet 2010
Loi n° 2010-788 portant engagement national pour l'environnement, dite "loi Grenelle 2".
Novembre 2010
Publication du premier rapport Emissions Gap Report, par le PNUE, qui conclut à l'insuffisance des engagements pour contenir le réchauffement sous 2 °C d'ici à la fin du siècle.
10 décembre 2010
Accords de Cancún, signés à l'issue de la COP16, qui mettent en place le Fonds vert pour le climat de l'ONU.
31 janvier 2011
Rapport de la l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (Food and Agriculture Organization – FAO) sur la situation mondiale des pêches et de l'aquaculture en 2010. Les stocks de poissons mondiaux surexploités, épuisés ou en phase de reconstitution (32%) doivent être restaurés d'urgence.
11 mars 2011
Séisme de magnitude 9 à 80 km à l'est de l'île de Honshu, au Japon. S'ensuit un tsunami, qui dévaste la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi et provoque la fusion des cœurs de trois réacteurs nucléaires. De très importants rejets radioactifs ont lieu dans l'environnement, provoquant une contamination durable des territoires autour de la centrale et de l'océan Pacifique. L'accident nucléaire de Fukushima Daiichi est le second à être classé au niveau 7 de l'échelle INES, après Tchernobyl.
8 décembre 2012
Adoption de l'amendement de Doha au protocole de Kyoto, lors de la COP18, qui ajoute de nouveaux objectifs de réduction d'émissions de GES à 80% des niveaux de 1990, juridiquement contraignant, pour les 38 parties signataires, dont l'UE et ses États membres, sur la période 2013-2020.
2014
5e rapport d'évaluation du GIEC. Chacune des 3 dernières décennies a été successivement plus chaude à la surface de la Terre que toutes les décennies précédentes depuis 1850. Les années 1983 à 2012 constituent probablement la période de 30 ans la plus chaude qu'ait connue l'hémisphère Nord depuis 1 400 ans. Le réchauffement climatique océanique constitue l'essentiel de la hausse de la quantité d'énergie emmagasinée au sein du système climatique et représente près de 90% de l'énergie accumulée entre 1971 et 2010.
17 août 2015
Loi n° 2015-992 relative à la transition énergétique pour la croissance verte.
12 décembre 2015
Accord de Paris sur le climat, adopté à l'issue des négociations de la COP21. Les parties signataires, dont presque toutes l'ont ratifié, se mettent d'accord sur un objectif commun : contenir d'ici à 2100 le réchauffement climatique bien en dessous de 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels et limiter la hausse des températures à 1,5 °C. L'accord est entré en vigueur le 4 novembre 2016. C'est le premier accord mondial et juridiquement contraignant sur le climat.
Août 2016
Contamination de quelque 1 500 rennes et d'au moins 23 personnes en Sibérie par la maladie du charbon, dont le bacille, Bacillus anthracis, avait disparu de la région depuis 1941. Des températures ayant atteint 35 °C en Sibérie en juillet 2016 ont entraîné la fonte du permafrost. Des chercheurs ont émis l'hypothèse que la décongélation d'une carcasse de renne contaminée il y a des décennies pourrait être à l'origine de ces cas. En 2015, des chercheurs du laboratoire Information génomique et structurale (CNRS/Aix-Marseille Université), du laboratoire Biologie à grande échelle (CEA/Inserm/Université Joseph Fourier) et du Genoscope (CNRS/CEA), avaient découvert un nouveau virus géant vieux de 30 000 ans dans le permafrost sibérien.
4 octobre 2016
Le Parlement européen donne son consentement pour la ratification européenne de l'accord de Paris par 610 voix pour, 38 contre et 31 abstentions.
28 novembre 2016
Loi n° 2016-1888 de modernisation, de développement et de protection des territoires de montagne, dite "loi Montagne 2".
Octobre 2018
Rapport spécial du GIEC, qui évalue les effets d'une augmentation de la température de 1,5 °C au-delà des niveaux préindustriels. Le taux de réduction des émissions de GES doit être revu à la hausse.
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