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Règles, endométriose, ménopause : impact sur la vie des femmes (1/2) (09 04 2025)

Nous vous proposons aujourd’hui et demain (soit 2 parties) une note longue et si nécessaire publiée le 28 mars 2025 sur le site Vie-publique (cliquer ici pour accéder au site Vie-publique)

https://www.vie-publique.fr/eclairage/292038-regles-endometriose-menopause-leur-impact-sur-la-vie-des-femmes

Règles, endométriose, ménopause : leur impact sur la vie des femmes est-il pris en compte ?

Dernière modification : 28 mars 2025

La vie d'une femme est prise pour moitié dans un cycle, celui des menstruations, jusqu'à la survenue de la ménopause. Une femme en âge de procréer sur dix souffre d'endométriose (règles douloureuses). Retour sur ces questions de santé et sur leurs effets dans la vie des femmes.

Sommaire

 

  1. Les règles : entre questions de santé publique, d'éducation et d'égalité
  2. L'endométriose : une maladie mal connue qui touche 1 femme sur 10
  3. La ménopause : entre problèmes de santé plus fréquents et invisibilisation sociale

 

Les questions de la grossesse, de la maternité et de l'interruption volontaire de grossesse (IVG) alimentent depuis longtemps en France le débat public et la production de lois. Le corps des femmes connaît cependant encore des zones d'ombre. L'ombre de la méconnaissance et des tabous, autour des menstruations. Cela a des répercussions sur un phénomène physiologique et une maladie connexe : la ménopause (l'arrêt des règles) et l'endométriose (avec pour principal symptôme, des règles douloureuses).

La vie des femmes se transforme à la survenue des premières règles, à la puberté. Les règles enclenchent un cycle mensuel, mais aussi un décompte à l’échelle de leur existence, puisque la fin des règles, liée à l'épuisement du stock d'ovules, marque l’entrée dans la ménopause – autant de sujets tabous et mal connus. Une femme en âge de procréer sur dix en France souffre d’endométriose, maladie gynécologique chronique.

Menstruations, ménopause sont considérées comme un "phénomène physiologique naturel", normal. L'endométriose, du domaine du pathologique, a des impacts largement sous-estimés – mais aussi tabous, du fait de son lien avec les règles. La maladie était il y a encore quelques années quasi inconnue du grand public, mal connue des professionnels de santé, et reste insuffisamment prise en charge.

De rares rapports parlementaires ou ministériels ont récemment tenté d'avancer sur ces questions :

Les règles : entre questions de santé publique, d'éducation et d'égalité

Les règles sont un écoulement sanguin provenant de la muqueuse de l'utérus. Chaque mois, la muqueuse s'épaissit pour accueillir un ovule fécondé. Ce phénomène prépare une éventuelle grossesse. S'il n'y a pas eu fécondation par un spermatozoïde, la couche superficielle de la muqueuse utérine se détache et est éliminée par le vagin. La durée d'un cycle varie selon les femmes de 23 à 35 jours (Informations et conseils sur les règles de la jeune fille). L'apparition des règles est considérée comme normale entre 10 et 15 ans (comprendre les changements à la puberté).

La survenue de douleurs pendant les règles est appelée dysménorrhée. Les douleurs menstruelles peuvent :

  • apparaître à l'adolescence et être en général sans gravité. Cela concerne 50% à 70% des adolescentes de façon permanente ou occasionnelle ;
  • survenir à l'âge adulte et être liées à une maladie.

Dans la majorité des cas, les douleurs menstruelles s'atténuent ou disparaissent spontanément après quelques années ou une première grossesse.

Une question de santé publique et d'éducation

Le rapport sur les menstruations constate que les femmes ont une connaissance insuffisante des menstruations (cycle menstruel, produits de protection, dysménorrhées...).

Les rapporteures soulignent que ces sujets sont insuffisamment abordés dans les cadres scolaire et médical, considérés pourtant comme essentiels dans l'accès à l'information sur la santé et le corps humain.

Le rapport préconise d'aborder le sujet dès la classe de sixième et non en quatrième, la plupart des jeunes filles ayant leurs règles avant. Une approche plus large (c'est-à-dire pas seulement en cours de sciences de la vie et de la Terre) doit permettre, notamment, de déconstruire le tabou social et de dissocier ce sujet de l'éducation à la sexualité.

Cette information doit s'adresser aussi aux garçons, dans le cadre plus général du respect d'autrui.

Les protections menstruelles

Il existe deux catégories de protections intimes ou périodiques :

  • les protections internes :
  • les tampons (utilisés par 60% à 80% des Françaises, usage unique) ;
  • les coupes menstruelles (réutilisables) ;
  • les protections externes :
  • les serviettes hygiéniques (usage unique ou lavables) ;
  • les protège-slips (usage unique ou lavables) ;
  • les culottes de règles (lavables).

En 2018, une évaluation de la sécurité des produits de protections intimes de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (Anses) a révélé la présence de produits chimiques dans ces produits, sans dépassement des seuils sanitaires (dioxines, glyphosate...).

Les experts de l'Anses n'en concluent pas pour autant à l'innocuité totale de ces produits. Les effet des perturbateurs endocriniens et des sensibilisants cutanés n'ont pas été pris en compte, et les informations manquent sur les auxiliaires de fabrication (colles, parfums, encres…)

Si les taux sont faibles, il est étonnant que la composition des produits d'hygiène féminine n'ait jamais auparavant suscité d'inquiétudes particulières.

En outre, le port de protections internes peut provoquer, dans de rares cas, un syndrome de choc toxique (SCT). Le SCT peut être difficile à diagnostiquer du fait de sa rareté et de symptômes pouvant correspondre à d'autres maladies (fièvre de 38,9 °C ou plus, céphalées, vomissements, diarrhée…).

Selon un professionnel de santé interrogé par les rapporteures, sur les cas de SCT, "20% des femmes rentrent chez elles sans avoir compris ce qui leur est arrivé, sans avoir compris la maladie et continuent ensuite d’utiliser des tampons de la même manière".

Des questions d'égalité et de précarité menstruelle

En France, 15,5 millions de femmes âgées de 13 à 50 ans achètent des protections menstruelles. Les femmes ont, en moyenne, leurs règles pendant 38 années. Cela représente à l'échelle d'une vie :

  • 2 280 jours de menstruations ;
  • 11 400 protections ;
  • entre 8 000 et 23 000 euros.

L'accès aux protections et "un enjeu de dignité humaine". La précarité menstruelle concerne en France 1,7 million de femmes. Leur niveau de vie ne leur permet pas d'acquérir les protections menstruelles nécessaires. Les femmes les plus précaires, notamment les sans-abri, ont recours à des protections de fortune pour gérer leur flux sanguin menstruel.

Le rapport recommande une vigilance accrue concernant les lieux de privation de liberté.

La lutte contre la précarité menstruelle passe aussi par les collèges, lycées et universités, pour garantir l'égalité des chances. 2 problématiques apparaissent :

  • l'accès ponctuel à des protections en cas de besoin ;
  • la précarité à laquelle sont confrontées certaines jeunes femmes.

Il n'est en effet pas possible d'assister à un cours lorsqu'on a ses règles mais pas de protection menstruelle. Offrir à chaque élève des conditions de scolarité convenable est une question d'égalité des chances.

L'égalité est un principe à valeur constitutionnelle. La loi "doit être la même pour tous", selon l'article 6 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789. Mais ce principe ne s'applique pas de façon stricte dans tous les domaines. Des dispositifs économiques, éducatifs ou sociaux existent afin de "compenser un handicap individuel, social ou géographique" (principe d'égalité) : bourses d'études, exonération d'impôt, etc.

Toutefois, une lycéenne dont les règles surviennent durant les épreuves du baccalauréat sera désavantagée par rapport aux autres candidats (gêne, douleurs, difficultés de concentration…). Alors que le phénomène physiologique des règles concerne potentiellement la moitié des élèves et est connu, aucune solution n'existe afin de compenser ce désavantage.

D'autres domaines ignorent pareillement la question des règles : monde du travail, compétitions sportives, etc. Si on parle ici d'un phénomène physiologique naturel, le respect du principe d'égalité voudrait que la question des règles soit réellement prise en compte à tous les niveaux de la société.

Selon le site Ameli.fr, les douleurs lors des règles sont la première cause d'absentéisme scolaire de l'adolescente et d'absentéisme professionnel de la jeune femme.

Des propositions de loi visant à prendre en compte la santé menstruelle des salariées (congé menstruel, accès à des toilettes adaptées) ont été déposées, mais elles n'ont pour l'instant pas été adoptées. Des employeurs commencent cependant à accorder des congés menstruels aux femmes qui souffrent de règles douloureuses (mairie de Saint-Ouen, métropole de Lyon...). Par ailleurs, pour la première fois, la loi de financement de la sécurité sociale pour 2024 prévoit le remboursement des protections périodiques réutilisables pour les femmes de moins de 26 ans et pour les bénéficiaires de la complémentaire santé solidaire (C2S).

.../....   (à suivre demain)

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