Rapport de MM. Luc Goutard, Insee Bretagne et Jérôme Pujol, division Revenus et patrimoine des ménages, Insee lu le19 juillet 2008 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au rapport original et aux tableaux de chiffres inclus)
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?id=2303®_id=0
Résumé
En 2006, selon la nouvelle enquête sur les revenus, la moitié des habitants de la métropole ont un niveau de vie annuel inférieur à 17 600 euros. Par rapport à 2005, ce niveau de vie a progressé de 1,7 % en euros constants. Les 10 % les plus aisés ont un niveau de vie d’au moins 33 190 euros par an. L’ensemble des actifs, constitué des personnes ayant un emploi et des chômeurs, a un niveau de vie moyen comparable à celui des retraités. Les personnes pauvres représentent 13,2 % de la population en 2006 ; leur niveau de vie est inférieur à 880 euros par mois, ce qui correspond à 60 % du niveau de vie médian. La pauvreté touche 30 % des familles monoparentales essentiellement constituées d’une mère et de ses enfants. C’est dans les villes de plus de 20 000 habitants, hors agglomération parisienne, que le taux de pauvreté est le plus fort.
Sommaire
Le niveau de vie médian est de 1 470 euros par mois en 2006.
Les 10 % les plus aisés ont un niveau de vie d’au moins 33 190 euros par an
Actifs et retraités : des niveaux de vie comparables
Le seuil de pauvreté en 2006 : 880 euros par mois
Les familles monoparentales sont les plus touchées par la pauvreté
Le niveau de vie médian est de 1 470 euros par mois en 2006.
Selon la nouvelle série des enquêtes Revenus fiscaux et sociaux, la moitié des personnes vivant dans un ménage ordinaire de France métropolitaine ont un niveau de vie inférieur à 17 600 euros par an, soit 1 470 euros par mois. Cette série rénovée a bénéficié d’améliorations méthodologiques. Pour l’année 2005, les données sont fournies à la fois selon l’ancienne et la nouvelle méthode.
Le niveau de vie correspond au revenu disponible du ménage divisé par le nombre d’unités de consommation. Un ménage de deux personnes ayant un revenu deux fois supérieur à celui d’une personne vivant seule aura un meilleur niveau de vie, en raison des économies d’échelle que lui procure la vie en couple. Pour cette raison, ce n’est pas directement le nombre de personnes du ménage qui est utilisé dans le calcul du niveau de vie, mais une échelle d’équivalence. Le niveau de vie annuel moyen correspond à 20 600 euros en 2006, tous les membres d’un même ménage ayant par construction le même niveau de vie.
Les 10 % les plus aisés ont un niveau de vie d’au moins 33 190 euros par an
En 2006, les 10 % des personnes les plus modestes de la population ont un niveau de vie inférieur à 9 720 euros annuels alors que les 10 % les plus aisées ont au moins 33 190 euros, soit 3,4 fois plus. La moitié des personnes ayant les niveaux de vie les plus faibles disposent de 30,6 % de la masse des revenus disponibles par unité de consommation. Les 20 % les plus aisés disposent de 38,6 % de la masse des revenus disponibles par unité de consommation, soit 4,3 fois plus que les 20 % les plus modestes.
Par rapport à 2005, le niveau de vie médian a progressé de 1,7 % en euros constants. La hausse des niveaux de vie concerne chacun des dix sous-groupes. La valeur du niveau de vie au-delà duquel se situent les 10 % les plus aisés augmente de 2,9 %. Celle en deçà duquel se situent les 10 % les plus modestes progresse de 1,7 %. En 2006, le revenu disponible de ces derniers se compose pour près de 42 % de transferts sociaux. Les prestations familiales et les prestations logement constituent près des trois quarts de ces transferts (73 %). La part des prestations sociales dans le revenu disponible des ménages diminue avec le niveau de vie tandis que celle des revenus d’activité augmente. Les impôts représentent quant à eux 18,8 % du revenu disponible des 10 % des personnes les plus aisées, contre 20,3 % en 2005. Cette baisse résulte pour l’essentiel de celle de l’impôt sur le revenu en 2006. Celle-ci concerne tous les autres sous-groupes mais dans des proportions moindres.
Actifs et retraités : des niveaux de vie comparables
Le niveau de vie moyen des actifs au sens du Bureau international du travail (BIT), c’est-à-dire des actifs occupés et des chômeurs, s’élève à 21 760 euros par an en 2006. Il est ainsi supérieur de plus de 6 % à celui des inactifs. Mais le niveau de vie moyen d’un chômeur est inférieur de 35 % à celui d’un actif qui a un emploi et de 28 % à celui d’un inactif. Le niveau de vie moyen des retraités est de 21 540 euros par an, c’est-à-dire proche de celui des actifs. Même si les retraites sont plus faibles que les salaires, des revenus du patrimoine plus élevés compensent en partie cet écart. Enfin, le nombre d’unités de consommation des ménages retraités, inférieur à celui des ménages actifs, réduit les écarts de revenus disponibles entre les deux types de ménage.
Les jeunes de moins de 25 ans ont un niveau de vie plus faible que le reste de la population : 18 270 euros contre 21 620 euros pour les plus de 25 ans. S’ils vivent seuls, ces jeunes forment des ménages à faibles revenus en raison de difficultés d’insertion sur le marché du travail ou de salaires moins élevés perçus en début de carrière ; s’ils vivent chez leurs parents, ils réduisent le niveau de vie du ménage car ils n’apportent que peu (voire pas) de revenus tout en représentant 0,3 ou 0,5 unité de consommation selon leur âge. Au total, à partir de 18 ans, le niveau de vie croît avec l’âge jusqu’au milieu de la soixantaine puis diminue au-delà.
Le seuil de pauvreté en 2006 : 880 euros par mois
Le taux de pauvreté monétaire est défini comme la proportion de personnes ayant un niveau de vie inférieur à un certain seuil, le seuil de pauvreté. Ce seuil est calculé par rapport à la médiane de la distribution des niveaux de vie. L’Insee et l’Observatoire national de la pauvreté et de l’exclusion sociale (Onpes) ont adopté la norme européenne qui retient le seuil de 60 % du niveau de vie médian.
Le taux de pauvreté est de 13,2 % en 2006. Cela correspond à un niveau de vie inférieur à 880 euros par mois. A titre de comparaison, au 1 er janvier 2006, le plafond du RMI pour une personne seule est de 433 euros par mois et de 650 euros par mois pour une personne seule avec un enfant ou un couple sans enfant. Ainsi, 7,9 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté. La moitié d’entre elles a un niveau de vie inférieur à 720 euros par mois, soit un écart de 18,2 % au seuil de pauvreté. De 2005 à 2006, l’évolution du taux de pauvreté (+ 0,1 point) ne peut pas être considérée comme significative.
Les familles monoparentales sont les plus touchées par la pauvreté
En 2006, 30,3 % des personnes vivant au sein d’une famille monoparentale sont confrontées à la pauvreté, soit une proportion 2,3 fois plus élevée que dans l’ensemble de la population. Ceci représente plus de 1,6 million de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Les familles monoparentales sont le plus souvent constituées d’une mère et de ses enfants (85 % des cas). Pour les familles monoparentales sous le seuil de pauvreté, cette situation est encore plus fréquente (91 % des cas). Seulement 35 % d’entre elles ont un emploi alors que 22 % sont au chômage. Par rapport à 2005, la part de familles monoparentales pauvres est stable. Les transferts sociaux perçus par les familles monoparentales constituent 19 % de leur revenu disponible contre 6 % pour le reste de la population. Parmi les personnes vivant au sein d’un couple avec au moins trois enfants, 20 % sont confrontées à la pauvreté. Les types de ménages les moins touchés par la pauvreté sont les couples sans enfant : seuls 6,4 % d’entre eux sont pauvres.
La structure familiale n’est pas le seul facteur de différenciation de la pauvreté, la zone de résidence est aussi un élément important. Les taux de pauvreté les plus forts (15,4 %) se trouvent dans les unités urbaines de plus de 20 000 habitants, hors agglomération parisienne. Dans cette dernière, 10,5 % des personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté en 2006. La part de personnes pauvres dans les communes rurales est de 12 %.