La santé des 11-15 ans : bilan mitigé
Bonne nouvelle : en France, les élèves de 11 à 15 ans se jugent, pour la très grande majorité d'entre eux, en bonne santé. C'est ce qui ressort de l'enquête internationale HBSC (Health Behaviour in School-Aged Children) menée, en 2006, dans 40 pays sous l'égide de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) et publiée, mardi 2 septembre, par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (Inpes).
La consommation de cigarettes est en baisse, le recours aux préservatifs pour les jeunes de 15 ans sexuellement actifs est massif, les problèmes de surpoids sont, en moyenne, moins fréquents que dans les pays comparables. En revanche, certains indicateurs sont au rouge. La consommation de cannabis, même si elle stagne, est une des plus fortes d'Europe, les ivresses dues à l'alcool progressent, le rapport à l'école laisse à désirer, de même que la communication entre parents et adolescents.
SANTÉ ET BIEN-ÊTRE
La très grande majorité des élèves perçoit sa santé comme "excellente" ou "bonne" (87,2 %). Les jeunes rapportent un niveau élevé de "satisfaction globale" concernant leur vie, mais ce sentiment diminue avec l'âge, surtout chez les filles. Celles-ci rapportent plus souvent un syndrome de plainte. Elles sont ainsi 45,6 % à déclarer souffrir de deux troubles psychosomatiques (maux de tête, de ventre, de dos, difficultés à s'endormir, irritabilité, déprime, mauvaise humeur) plus d'une fois par semaine dans les six mois précédant l'enquête contre 29,5 % chez les garçons.
MILIEU SCOLAIRE ET FAMILIAL
Globalement, près des deux tiers des élèves déclarent aimer l'école ("beaucoup" 21,1 %, "un peu" 44,2 %). Mais, plus les jeunes avancent en âge, plus ce sentiment se dégrade. C'est entre 11 et 13 ans que la chute est la plus forte. La rupture que constitue le passage de l'école élémentaire au collège apparaît plus marquée et moins bien vécue que dans la plupart des autres pays. La proportion d'élèves qui déclarent aimer "beaucoup" l'école chute de façon très marquée entre 11 et 15 ans, passant de 28,5 % à 10,6 % chez les garçons et surtout de 40,6 % à 12,8 % chez les filles. La France se situe parmi les dix pays pour lesquels cette dégradation avec l'âge est la plus nette. Par ailleurs, plus le temps passe, plus la communication avec la famille s'appauvrit elle aussi. Les élèves sont 85,9 % à communiquer plutôt facilement avec un au moins de leurs parents biologiques à 11 ans, 81,4 % à 13 ans et seulement 73,9 % à 15 ans. A cet âge, la France fait partie des pays affichant les moins bonnes performances.
POIDS ET ACTIVITÉ PHYSIQUE
Environ 30 % des jeunes s'estiment "trop gros" ou déclarent faire ou devoir faire un régime, une proportion plus forte chez les filles (44 %) que chez les garçons (21 %). Et, pourtant, seuls 10,3 % des élèves disent être en surcharge pondérale. Par ailleurs, les filles ont une activité physique (aller à l'école à pied, faire du sport, jouer en cour de récréation, etc.) nettement moins importante que les garçons. A 11 ans, elles sont 32 % seulement à déclarer avoir une activité physique au moins six jours par semaine pendant une heure minimum, contre 46 % pour les garçons ; cette proportion tombe respectivement à 34,5 % et 17,7 % à 15 ans. A 15 ans, les filles passent en moyenne cinq heures par jour devant un écran (télévision, ordinateur, jeux vidéo) contre six heures et vingt-trois minutes pour les garçons.
VIE SEXUELLE
Un peu plus du quart des élèves de 15 ans déclare avoir déjà eu des rapports sexuels, les garçons davantage que les filles. Les jeunes Français sont parmi ceux qui déclarent utiliser le plus un préservatif au dernier rapport (85,6 %, suivi par la pilule pour 20,6 % et la pilule du lendemain pour 14,2 %). Seulement 9,7 % des adolescents sexuellement initiés déclarent n'avoir utilisé aucun mode de contraception lors de leur dernier rapport sexuel. TABAC L'expérimentation du tabac (avoir fumé au moins une fois), même si elle demeure plutôt courante à 15 ans, affiche une baisse notable depuis 2002 (52 % contre 63 %). De même, le tabagisme quotidien continue de baisser. Entre 2002 et 2006, il est passé de 20 % à 14 %. Par ailleurs, la féminisation du tabagisme se confirme : d'apparition plus tardive que chez les garçons, il est en revanche plus fréquent à 15 ans. Plus on expérimente la cigarette tôt (avant 13 ans) et plus on devient dépendant.
CANNABIS
En France, le cannabis est la première substance illicite chez les jeunes adolescents. Son usage semble stagner depuis 2002 - 29 % des élèves de 15 ans déclaraient en avoir fumé, contre 28 % en 2006 -, mais la France reste un des pays les plus consommateurs en se plaçant au 6e rang sur les 40 étudiés. L'expérimentation précoce est rare (seuls 5 % des élèves de 13 ans disent en avoir déjà fumé au cours de leur vie). Par ailleurs, son usage, plutôt masculin, tend à se féminiser. En 2002, les garçons de 15 ans étaient 40 % plus souvent consommateurs de cannabis que les filles. Ce chiffre tombe à 10 % en 2006.
ALCOOL
L'alcool demeure la substance psychoactive la plus consommée à la primo-adolescence. Quelques 59 % des élèves de 11 ans, 72 % de ceux de 13 ans et 84 % de ceux de 15 ans déclarent en avoir déjà consommé au cours de leur vie. Phénomène particulièrement préoccupant, l'ivresse alcoolique présente une forte augmentation entre 2002 et 2006, puisque désormais 41 % des élèves de 15 ans déclarent avoir déjà été ivres, contre 30 % en 2002. Cette pratique touche davantage les garçons : 9 % des garçons de 11 ans déclarent avoir déjà été ivres, pour 4 % des filles, et, à 15 ans, 44 % contre 38 %. La France se situe néanmoins parmi les 10 pays où l'ivresse est la moins fréquente. C'est en Europe du Nord (pays scandinaves, Grande-Bretagne) que les niveaux de consommation sont les plus élevés.
L'enquête HBSC-France, conduite tous les quatre ans, a porté sur 7 154 élèves de 11, 13 et 15 ans, dont 49,7 % de garçons et 50,3 % de filles. Elle a été coordonnée par le service médical du rectorat de Toulouse avec le concours de l'Inserm et du ministère de l'éducation nationale.
Sur Internet : www.inpes.sante.fr.