Article de M. Renaud Honoré, lu le 15 octobre 2008 sur le site des Echos (cliquer ici pour accéder au site des Echos)
http://www.lesechos.fr/info/transport/4785176-la-sncf-appelee-a-plus-de-transparence-sur-ses-tarifs.htm?xtor=EPR-1001
Le député UMP Hervé Mariton estime dans un rapport publié aujourd'hui que le système de prix de la SNCF évite les abus, mais reste trop peu lisible. Il en appelle à l'affichage d'un « prix de référence » pour le client.
Vous avez dit « yield management » ? Depuis des mois, ce terme quelque peu barbare - hérité du secteur aérien et qui désigne la modulation des tarifs en fonction du taux de remplissage - empoisonne la vie de la SNCF : la compagnie ferroviaire est accusée de profiter de ce système complexe pour dissimuler des hausses de tarifs dans ses TGV, selon certaines associations de consommateurs.
« Faux », si l'on en croit Hervé Mariton - le député UMP de la Drôme auteur d'un rapport d'information dévoilé aujourd'hui - qui ne voit pas d'abus mais appelle néanmoins la compagnie ferroviaire à revoir sérieusement la transparence de son offre. « La variabilité des tarifs, dimension essentielle du «yield management» n'est pas par essence contraire aux intérêts du consommateur et au service public », écrit le rapporteur spécial du budget des transports dans ce rapport, dont « Les Echos » ont pu consulter une copie. Mais concernant l'information du public, « la situation actuelle montre que des progrès restent à faire et s'imposent à la SNCF ».
Des écarts maximaux de 1 à 3
La compagnie ferroviaire va donc devoir rendre son offre plus lisible. Une façon de pallier le principal défaut de ce système, qui prévoit des changements de prix à tout moment si bien que « la compréhension par le client du tarif pratiqué en est altérée » avec des écarts maximaux de 1 à 3 pour des prix sur une même destination (contre 1 à 5 pour Air France). A ce petit jeu, ce sont les « non-dégourdis », ces personnes qui « n'ont pas d'accès au site de réservation de la SNCF ou bien qui n'ont ni la capacité ni le goût d'en découvrir les subtilités » qui font office de perdants, selon le député. Au vu des chiffres de trafic, il semble ainsi que les porteurs des cartes Famille nombreuse, Senior et Loisir hors Prem's ne soient « pas correctement informés et mobilisés par la SNCF, voire que cette clientèle ne constitue pas une cible prioritaire pour la SNCF ».
Comment résoudre cette situation ? Hervé Mariton propose que la compagnie affiche un « prix de référence » par trajet, qui correspondrait au prix médian (il y a autant de personnes qui payent plus que moins). Le voyageur pourrait ainsi se rendre compte s'il fait une bonne affaire ou non. Ce prix de référence devrait « s'afficher sur l'écran de l'internaute ainsi que sur celui du guichetier, voire sur un écran répéteur de celui du guichetier installé face au client ». Ce prix de référence irait par ailleurs de paire avec la suppression de la distinction entre période de pointe et période normale.
Autre aspect de la transparence des tarifs, le député propose d'afficher la part du péage versée à RFF dans le prix du billet, à la manière de ce que font les compagnies aériennes avec la surcharge carburant, et ce, afin de rendre visible à tous le coût de l'entretien du réseau. Hervé Mariton voudrait enfin que les billets soient nominatifs pour diminuer la fraude.
La SNCF devrait en tout cas rapidement réagir à ce rapport, un point presse étant déjà prévu à la fin du mois. Signe que le sujet est sensible, cette conférence se fera en compagnie de... Luc Chatel, le secrétaire d'Etat à la Consommation. Un nouveau guide voyageurs devrait y être présenté. La SNCF fait également remarquer que son trafic reste résolument en croissance, signe que le consommateur n'est pas totalement mécontent. Autre argument avancé : le prix moyen du TGV (42 euros) reste inférieur de 30 % à 50 % à ceux pratiqués en Espagne ou en Allemagne.