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mars au jardin : bêcher ? (02 03 2009)

Bêcher ou ne pas bêcher, telle est la question

 

 

Article de M. Alain Lompech, paru le 28 février 2009 sur le site du Monde (cliquer ici pour accéder au site du Monde)

 

http://www.lemonde.fr/aujourd-hui/article/2009/02/28/becher-ou-ne-pas-becher-telle-est-la-question_1161694_3238.html#xtor=EPR-32280155&ens_id=628868

 

 

Les jours rallongent, les merles et les grives chantent et se mettent des peignées sans prendre garde au chat qui les boulotterait bien. Les pinsons commencent à prendre leurs distances, tandis que le rouge-gorge devient presque plus effronté, comme s'il devinait qu'on n'allait pas tarder à sortir la bêche pour faire quelques trous et remuer la terre. Il suit le jardinier d'un bout du jardin à l'autre, volant d'un buisson à une allée si rapidement que l'on ne voit parfois que son ombre passer.

 

Surtout, de ses deux yeux ronds et sombres, le rouge-gorge regarde en hochant la tête, en la mettant de côté, tandis qu'il remet ses ailes en place très rapidement. Mais non, il ne fait pas la cour au jardinier ! Il lui cause, à sa façon. Et les deux se comprennent.

 

Ça tombe fort bien, car des trous il va falloir en faire et remuer de la terre pas moins, ce qui va donner l'occasion à cet oiseau d'attraper quelques insectes sortis du sol.

 

Encore qu'une mode propagée par le jardinage écologique dit qu'il ne sert à rien de bêcher, mieux que c'est mauvais pour le jardin : ça fait mal à la terre. On n'est pas convaincu. Entre pratiquer le double bêchage aussi épuisant qu'inutile préconisé autrefois... quand le jardinage n'était que biologique, qu'écologique, et ne pas remuer la terre du tout, il y a un moyen terme.

 

 

Ce double bêchage qui consistait finalement à remuer la terre sur une profondeur égale à deux fois la hauteur du fer de l'outil était préconisé dans les sols lourds est inutile. Il vaut mieux amender régulièrement la terre en compost, en matières organiques, en poudre d'os, en calcaire, en engrais naturels que l'on peut étendre à l'automne pour laisser les éléments se charger de leur intégration à la terre, travail qui sera parachevé par l'action des vers de terre et autres bestioles qui vivent dans les couches supérieures de la terre.

 

On pourra aussi plus classiquement étaler tout cela maintenant et l'enfouir en bêchant soigneusement la terre sur une vingtaine de centimètres de profondeur. Avant, on aura évidemment extirpé le maximum de mauvaises herbes en les retirant d'un coup de fer de binette, ou à l'aide d'un vieux couteau. Si l'on découvre des longs spaghettis blancs, parfois tout entortillés, il faut les retirer à la main et n'en laisser aucun bout dans le sol : ce sont des racines de liserons. Chaque tronçon donnerait naissance à un nouveau pied.

 

Quand la terre sera bêchée, il faudra soit simplement passer un petit coup de râteau, soit un gros coup de râteau pour égaliser la surface. Ensuite, on pourra semer ou planter.

 

Evidemment on pourrait ne pas bêcher pour suivre les recommandations new look. Il faudrait alors recouvrir la terre de feuilles de cartons lourds, ou de bâches opaques, de vieux tapis et laisser la nature faire. C'est efficace, mais on a beau ne pas être très attiré par les jardins tirés au cordeau, avoir une réelle tendresse pour les cabanons des jardins ouvriers, ne pas reculer devant un tas de paille recouvrant une souche de bananier... on n'est pas certain pour autant d'avoir envie de contempler un jardin recouvert de cet attirail écologiquement correct.

 

Ceci vaut pour les grandes plates-bandes vierges de toutes plantes vivaces ou pour les planches du potager. Pour les massifs de plantes vivaces qui peuvent même accueillir certains petits arbustes, ce que les Britanniques appellent des mixed border, il faut y aller différemment.

 

Si elles sont installées depuis longtemps et qu'il s'agit de les entretenir, il faut juste nettoyer et étaler une bonne couche de broyat frais tiré des tailles de haies, de compost ou de terreau et laisser les insectes du sol faire leur travail de transformation qui sera parachevé par les bactéries qui rendent les amendements assimilables par les plantes.

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