Troubles de l'audition
http://www.senat.fr/basile/visio.do?id=qSEQ100212213.html
Question écrite n° 12213 de Mme Patricia Schillinger (sénateur soc. du Haut-Rhin) publiée dans le JO Sénat du 25/02/2010 p. 427
Mme Patricia Schillinger attire l'attention de Mme la ministre de la santé et des sports sur les troubles de l'audition qui se développent de plus en plus dans notre pays. D'après le résultat d'un rapport du Comité scientifique des risques sanitaires émergents et nouveaux, commandé par l'Union européenne, près de 10 millions de jeunes risquent une perte partielle ou totale de l'ouïe.
Cette étude, portant sur des individus ayant écouté leur baladeur à plein volume plus d'une demi-heure par jour pendant cinq ans, est alarmante. En Europe, près de 50 à 100 millions de personnes écoutent chaque jour un baladeur ou un MP3. En France, plus de 5 millions de personnes entendent mal.
En conséquence, elle lui demande de bien vouloir lui indiquer les mesures qu'elle entend prendre pour qu'une véritable politique de prévention soit mise en place en direction des jeunes face aux troubles auditifs.
Réponse du Ministère de la santé et des sports publiée dans le JO Sénat du 19/08/2010 - page 2176
D'après le baromètre santé environnement réalisé par l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé (INPES) en 2007, 1 jeune sur 10, parmi les 18-25 ans, déclare écouter régulièrement son baladeur à un volume sonore élevé. Plus de 8 jeunes sur 10 déclarent avoir été au moins une fois exposés à un volume sonore élevé lors d'un concert, en discothèque, ou encore en jouant de la musique au cours des douze derniers mois. En milieu extraprofessionnel, la prévalence des acouphènes (essentiellement liés au bruit) chez les jeunes de 18-24 ans est estimée à 8 % d'après une étude réalisée en 2000. En région Rhône-Alpes, une étude sur l'audition de jeunes réalisée entre 1998 et 1999 avait montré que 1 jeune sur 4 avait un audiogramme pathologique.La France a mis en place en 1996 une réglementation visant à réduire les risques pour l'audition liés à l'utilisation de baladeurs musicaux : cette réglementation limite le niveau sonore des baladeurs et impose l'étiquetage d'un message de prévention sur l'appareil.
La France est le seul pays à avoir constitué de telles obligations en Europe et est à l'origine de la décision de la Commission européenne du 23 juin 2009 de demander aux organismes de normalisation d'établir des normes européennes permettant d'assurer que les baladeurs n'exposent pas leurs utilisateurs à des niveaux sonores susceptibles d'endommager leurs fonctions auditives.
Dans le cadre du plan national Santé environnement 2, une action 21 intitulée « Renforcer la lutte contre les atteintes auditives et les traumatismes sonores aigus liés à l'écoute de musiques amplifiées » est prévue, avec des outils tels que des campagnes de communication nationales et locales et un renforcement des contrôles d'application de la réglementation. Ainsi, le ministère chargé de la santé et l'INPES ont mené en 2008 une campagne de sensibilisation des jeunes de 13 à 25 ans aux risques auditifs liés à l'exposition à la musique amplifiée.
Enfin, le plan en direction des personnes sourdes et malentendantes lancé le 10 février 2010 par le ministère en charge de la famille et des solidarités vise notamment à améliorer la prévention, le dépistage et l'accompagnement lors de la découverte d'une déficience auditive. En particulier, l'INPES lancera à nouveau en 2011 une campagne de sensibilisation sur les risques liés à la musique amplifiée (mesure n° 2) et des actions de dépistage systématique des troubles de l'audition devraient être mise en place auprès des jeunes (mesure n° 7).
En 2010, des actions de sensibilisation auprès de 200 professionnels du secteur de la musique amplifiée (fabricants et distributeurs de lecteurs MP3 ou téléphones mobiles MP3, distributeurs de musique, labels musicaux, lieux de spectacle) sont prévues afin de leur présenter la campagne INPES et de leur rappeler l'existence de documents d'information grand public disponibles gratuitement.
Dans le milieu scolaire, par le moyen de concerts pédagogiques et d'actions initiées par certains établissements, une sensibilisation aux risques auditifs a été conduite depuis le début des années 2000. Un ensemble de documents et d'outils pédagogiques, élaborés en partenariat avec le ministère de l'éducation nationale à destination des enseignants et personnels médicaux d'établissements scolaires, est disponible depuis 2006.
Par ailleurs, le ministère de la santé et des sports soutient également activement l'action d'associations de référence (comme Agison, CIDB, Semaine du son, Techno+) qui réalisent des actions de prévention au plus près des événements, et notamment auprès des jeunes.