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Incitations comportementales et environnement (2/2) (26 05 2011)

2er volet de la Synthèse des actes du séminaire « Incitations comportementales et environnement » organisé par le Centre d’analyse stratégique, le 9 mars 2011, publiés sur le site du CAS (cliquer ici pour accéder au site du CAS ou au rapport complet du séminaire)

www.strategie.gouv.fr

http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/Actes_Nudges-verts_VF_17mai.pdf

 

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6. La Commission européenne développe également des campagnes de communication avec l’aide de professionnels du marketing social pour transmettre des messages positifs et réalistes : le comportement « éco-citoyen » ne doit plus être perçu comme une régression ou une punition. En effet, remplir les objectifs ambitieux de l’UE en matière de politique environnementale (portés par le Paquet Energie Climat (Ce plan doit permettre la réalisation de l'objectif « Trois fois 20 » d'ici à 2020, à savoir faire passer la part des énergies renouvelables à 20 %, réduire les émissions de CO2 de 20 % et accroître l’efficacité énergétique de 20 %.) ou par la Feuille de Route « Vers une économie à faible émission de carbone à l’horizon 20503 » adoptée le 9 mars par la Commission) impose de tirer parti du portefeuille d’approches qui peuvent être empruntées et de faire du citoyen une partie prenante à part entière de ces politiques.

 

7. Le Royaume-Uni s’engage aussi dans une politique ambitieuse avec la récente adoption du «Green Deal» qui est un programme visant à engendrer des économies d’énergie. Les particuliers sont invités à recevoir chez eux des professionnels qui établissent un bilan énergétique de leur habitat et leur proposent une série de dispositifs et de travaux de rénovation pour en améliorer l’efficacité. Ce programme est innovant à double titre. Tout d’abord, de par son mode de financement, puisque les Britanniques paieront ces travaux progressivement, à hauteur des économies réalisées au fur et à mesure sur leurs factures énergétiques. Ensuite, il met en pratique les analyses des sciences comportementales afin de développer de nouveaux types d’incitations. Le cabinet du Premier ministre britannique comprend ainsi une unité, nommée Behavioural Insights Team, en charge du pilotage de diverses expérimentations, notamment de systèmes de compteurs électriques intelligents affichant la consommation en temps réel, de factures comparant les consommations de foyers de profils identiques ou encore d’interrupteurs qui éteignent automatiquement la lumière lorsque l’on sort d’une pièce.

 

8. Ces types de dispositifs sont désormais regroupés sous le terme de «nudges» dans la littérature anglo-saxonne pour traduire l’idée d’un « coup de pouce » qui guiderait les choix d’une personne vers des décisions favorables à la collectivité. Ces incitations comportementales jouent sur les signaux qui permettent de sensibiliser les citoyens. Elles consistent généralement à illustrer les aspects vertueux des comportements écologiques de manière suffisamment évocatrice ou à impulser plus directement de bonnes pratiques.

Par exemple, des robinets d’eau qui se ferment systématiquement lorsque l’usager prend du savon ont été développés, ou encore des brochures mentionnant la consommation moyenne d’un véhicule en euros plutôt qu’en unité de carburant. Autre illustration, en Californie, le simple fait d’indiquer à des foyers le pourcentage de leurs voisins qui triaient leurs déchets a permis d’augmenter de 19 % le volume de recyclage de certaines communes.

Les résultats de ces expérimentations démontrent le caractère à la fois opérationnel, efficace et ajustable des nudges. En outre, ces instruments permettent d’alléger la contrainte que représente l'adoption d'un nouveau comportement et ainsi de combattre l’association d’idée courante entre « action environnementale » et « effort ».

 

9. Cependant, les nudges ne sont pas des solutions miracles et présentent certaines limites. Des effets pervers sont par exemple identifiés : prendre conscience que l’on a de meilleures pratiques que son voisin en matière d’écologie peut engendrer un relâchement. De nombreuses questions sur la durabilité des effets sont posées, tout comme sur la difficulté de transposer des expériences réalisées sur des groupes relativement restreints à une échelle plus importante, éventuellement nationale. En outre, contrairement à l’idée que leurs partisans défendent, les nudges ont un coût qui peut s’avérer élevé en termes de développement, de mise en œuvre, de collecte et d’analyse des données. Enfin, essayer d’orienter le comportement des citoyens ne doit se faire que dans une totale transparence sur les méthodes employées et les résultats mis en avant, sous peine que l’action de l’État se trouve discréditée.

 

10. Afin d’être véritablement efficace et de ne pas rester anecdotique, l’utilisation des nudges doit s’intégrer dans une politique environnementale cohérente. Ces instruments ne doivent pas être imaginés en substitution mais en complément des autres : la complexité des individus en matière de comportements environnementaux invite à utiliser une grande diversité d’instruments. Informé au mieux des enjeux et conscient du caractère « gagnant-gagnant » des politiques environnementales, le citoyen s’avère plus réceptif aux incitations mises en place. Enfin, il est fondamental de poursuivre les efforts engagés dans l’éducation à ces pratiques dès le plus jeune âge, afin de favoriser l’adoption de comportements vertueux par les jeunes générations qui semblent plus que jamais gagnées par des pratiques d’hyperconsommation malgré une sensibilisation inédite aux enjeux de développement durable.

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