Téléphonie mobile : perception des risques
http://www.inpes.fr/10000/themes/sante_environnement/pdf/perception-risques-telephonie-mobile.pdf
Les connaissances, perceptions et comportements des Français vis-à-vis des risques liés à la téléphonie mobile
La question des éventuels risques sanitaires liés à la téléphonie mobile fait l’objet d’une vive controverse largement relayée dans les médias. Qu’en retiennent les Français et comment leur perception de ces potentiels risques se traduit-elle dans leur comportement vis-à-vis de la téléphonie mobile ?
Le public est le témoin de controverses entre experts sur l’impact sanitaire potentiel des ondes électromagnétiques, en particulier celles provenant des téléphones mobiles et de leurs antennes relais. Le caractère invisible et impalpable de ces ondes ajoute probablement à l’inquiétude et favorise les fantasmes. Pour faire face à cette inquiétude, et aider le public à s’y retrouver dans les débats scientifiques, les pouvoirs publics ont décidé d’amplifier l’information du public. Dans le cadre de la préparation de cette campagne d’information, l’INPES a réalisé entre avril et novembre 2009 une étude sur les connaissances, perceptions et comportements des Français vis-à-vis des risques liés à la téléphonie mobile. Une enquête quantitative auprès d’un échantillon représentatif de 1 505 personnes construit selon la méthode des quotas, une étude qualitative et une analyse du traitement du sujet par les médias (presse et Internet) ont été réalisées.
Un très fort attachement au téléphone portable, une perception des risques qui s’accroît
Ce dispositif d’études montre que 85% des 15-75 ans déclarent utiliser un téléphone portable en 2009, et que les Français portent un regard très positif sur la technologie mobile, près de 9 enquêtés sur 10 considérant que le téléphone portable est pour eux quelque chose « d’utile ». 59% et 41% des Français déclarent se sentir « plutôt bien informés » à propos des éventuels effets sur la santé liés à l’utilisation du portable et aux antennes relais respectivement. En 2007 (données du Baromètre santé environnement 2007 de l’INPES), environ 6 personnes sur 10 se déclaraient « plutôt bien informées » à propos de l’utilisation des portables. Le sentiment d’information sur le sujet « téléphonie mobile et santé » semble donc rester stable depuis 2007.
En revanche, la perception des risques liés à la téléphonie mobile semble s’être accrue entre 2007 et 2009 : la proportion de personnes pensant que les antennes relais présentent un risque « très » ou « plutôt » élevé passe en effet de 51% à 61%. De plus, 4 personnes sur 10 étaient d’accord avec l’affirmation selon laquelle utiliser un portable peut favoriser une tumeur au cerveau en 2007, contre environ 6 personnes sur 10 en 2009. Ce renforcement des inquiétudes est probablement lié à l’importance de la couverture médiatique du sujet entre 2007 et 2009, et de la polémique entre experts relayée par les médias.
Des gestes de précaution méconnus et peu appliqués
Les inquiétudes croissantes constatées dans la population vis-à-vis des possibles effets de la téléphonie mobile sur la santé sont cependant loin de se traduire par une application systématique des consignes de protection préconisées par le ministère chargé de la Santé. L’usage de l’oreillette semble s’être légèrement accru, la proportion de ceux qui n’en utilisent jamais passant de 70% à 59%. Mais les autres mesures de protection sont mal connues et parfois mal comprises, et la signification du débit d’absorption spécifique (DAS) n’est connu que par 1 utilisateur de portable sur 10, comme en 2007. Elément positif, l’idée d’une campagne de communication sur le sujet est plutôt bien accueillie, plus des trois quarts des enquêtés affirmant que si le ministère de la Santé recommandait de porter une oreillette pour protéger sa santé, ils le feraient. Le ministère de la Santé figure par ailleurs parmi les acteurs jugés les plus « légitimes » pour s’exprimer sur le sujet téléphonie mobile et santé.
Une analyse plus fine des liens entre opinions, usages du portable et application des mesures de protection montre que le comportement « protecteur » s’explique principalement par une perception moindre de l’efficacité de ces mesures, et des risques potentiels que peut engendrer la téléphonie mobile, par une faible exposition et par l’âge (les plus jeunes se protégeant davantage). Chez ceux qui utilisent le plus leur téléphone portable, l’absence de comportement protecteur est fortement corrélé à une perception plus faible de l’efficacité de l’oreillette pour protéger sa santé, par l’âge et dans une moindre mesure au le fait d’être moins diplômé et d’être une femme.