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Violences : bilan hommes et femmes (2/2) (27 11 2013)

Note d’analyse de Mmes et MM. Thomas Morin, division Études sociales, Laurence Jaluzot, Sébastien Picard, division Conditions de vie des ménages, Insee publiée le 22 novembre 2013 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)

http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1473.html

Résumé : Femmes et hommes face à la violence : Les femmes sont plus souvent victimes d’un proche ou de leur conjoint

En 2010 ou 2011, 2,2 millions de personnes de 18 à 75 ans ont subi des violences physiques ou sexuelles. Les hommes sont beaucoup moins souvent que les femmes victimes de viols et d’autres atteintes sexuelles. Les jeunes adultes et les parents de familles monoparentales sont plus exposés à toutes les formes de violences. Pour un homme sur deux victime de violence, l’auteur est un inconnu. À l’opposé, les trois quarts des femmes victimes de violence connaissent leur agresseur. Notamment, pour plus de 30 % d’entre elles, il s’agit du conjoint ou de l’ex-conjoint. Ces violences conjugales sont rarement suivies de plaintes, en particulier lorsqu’il s’agit d’agressions à caractère sexuel.

Sommaire

·         En 2010 ou 2011, 5,1 % des 18-75 ans ont été victimes de violences physiques ou sexuelles

·         Les femmes plus souvent victimes que les hommes de violences sexuelles

·         Les jeunes adultes et les parents de familles monoparentales plus exposés

·         Les femmes plus souvent agressées par un proche, les hommes par un inconnu

·         Les violences conjugales à l’encontre des femmes touchent tous les milieux sociaux

·         Les violences conjugales rarement suivies de plaintes

…/…

Les femmes plus souvent agressées par un proche, les hommes par un inconnu

Les femmes sont plus souvent victimes d’un proche, tandis que les hommes le sont plus souvent d’une personne inconnue. Ainsi, plus de la moitié des hommes victimes de violences physiques et/ou sexuelles au cours des deux années précédant l’enquête ne connaissaient pas leur(s) agresseur(s). Quand celui-ci est connu, il s’agit soit du conjoint ou de l’ex-conjoint (13 % des hommes victimes), d’un autre membre de la famille (11 %), d’une personne connue personnellement (13 %), comme par exemple un ami ou un collègue, ou simplement connue de vue (12 %).

A contrario, les trois quarts des femmes victimes de telles violences connaissaient leur agresseur. Pour les deux tiers d’entre elles, il s’agit d’un proche ou d’une personne connue personnellement. Parmi celles qui ont subi des violences physiques, 31 % ont été victimes de leur conjoint ou d’un ex-conjoint, 22 % d’un autre membre de leur famille, et 10 % d’une autre personne connue personnellement. Quand il s’agit de violences sexuelles l’agresseur est plus souvent leur conjoint ou leur ex-conjoint (35 %), ou une personne connue personnellement (21 %), mais plus rarement un autre membre de leur famille (11 %). Les agressions sexuelles sont moins souvent commises par une personne inconnue que les agressions physiques.

Les violences conjugales à l’encontre des femmes touchent tous les milieux sociaux

Plus de 400 000 femmes ont été victimes de violences conjugales au cours des deux années précédant l’interrogation, soit 1,8 % des femmes âgées de 18 à 75 ans. Les violences conjugales concernent tous les milieux sociaux, quel que soit le lieu de résidence. Toutefois, les diplômées du supérieur sont relativement moins exposées aux violences conjugales (1,4 %), alors qu’elles subissent autant les autres types de violences. Les femmes dont le niveau de vie est plus élevé sont également moins souvent confrontées à la violence de leur conjoint. Pour un tiers des femmes victimes de violences conjugales, le conjoint était sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue. Les violences commises sous l’emprise de l’alcool ou de la drogue sont plus fréquentes au sein des ménages les plus modestes.

Les violences conjugales rarement suivies de plaintes

Pour plus de la moitié des femmes qui en ont été victimes, les violences conjugales ont perturbé leur vie quotidienne et leur vie professionnelle. Pour 16 % d’entre elles, un médecin a délivré un certificat d’incapacité totale de travail. Pourtant, la plupart de ces violences ne sont pas suivies de plaintes : 28 % des victimes se sont déplacées à la police ou à la gendarmerie, 16 % d’entre elles ont porté plainte et 12 % ont enregistré une main courante ou n’ont fait aucune déclaration. Les recours sont plus rares encore quand l’agression commise par le conjoint est un rapport sexuel ou des attouchements forcés : 17 % des femmes victimes se sont alors rendues à la police ou à la gendarmerie et 8 % seulement ont déposé une plainte.

Le taux de plainte est plus élevé et le dépôt d’une main courante est plus fréquent quand le couple s’est séparé entre le moment des faits et le moment de l’enquête. Le recours à la loi est également plus fréquent quand, au moment des faits, l’agresseur est l’ex-conjoint et non le conjoint. En effet, un peu plus de la moitié des femmes agressées par leur ex-conjoint se sont rendues à la police ou à la gendarmerie et un tiers d’entre elles ont porté plainte. Plus l’agresseur est proche de la victime, moins les faits sont suivis de plainte.

La raison la plus souvent évoquée par les femmes qui n’ont pas eu recours à la police ou à la gendarmerie après des violences conjugales est le désir de trouver une autre solution. Beaucoup d’entre elles considéraient également que cela n’aurait servi à rien. Enfin, une part importante des victimes ne se sont pas déplacées pour éviter des épreuves supplémentaires, comme un témoignage ou une confrontation.

 

Presque toutes les femmes victimes de violences conjugales qui se sont déplacées à la police ou la gendarmerie ont également parlé de ces actes à des amis ou à des proches. Une grande partie d’entre elles ont appelé un numéro vert, se sont adressées à des services sociaux ou des associations d’aide aux victimes ou encore ont consulté un psychologue ou un psychiatre. Ces recours sont beaucoup plus rares chez les femmes qui ne se sont pas déplacées à la police ou à la gendarmerie. Dans l’ensemble, plus d’une femme sur cinq victime de violences conjugales ne s’en est confiée à personne, pas même à des amis ou à des proches. Quand la violence commise par le conjoint ou l’ex-conjoint était de nature sexuelle, plus d’une femme sur trois n’en a parlé à personne.

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