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Pollution de l’air, épidémie et mortalité (28 09 2021)

Nous vous proposons aujourd’hui des extraits d’une étude publiée dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire n° 13 de septembre 2021 (cliquer ici pour accéder au site du BEH)

http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2021/13/2021_13_2.html

Impact de la pollution de l’air ambiant sur la mortalité en France métropolitaine: réduction en lien avec le confinement du printemps 2020 et impact à long terme pour la période 2016-2019

 

Par Lucie Adélaïde1 (lucie.adelaide@santepubliquefrance.fr), Sylvia Medina1, Vérène Wagner1, Perrine de Crouy-Chanel1, Elsa Real2, Augustin Colette2, Florian Couvidat2, Bertrand Bessagnet3, Maxime Alter4, Amélie Durou1, Sabine Host5, Marion Hulin1, Magali Corso1, Mathilde Pascal1
1 Santé publique France, Saint-Maurice
2 Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), Verneuil-en-Halatte
3 Centre technique de référence en matière de pollution atmosphérique (Citepa), Paris
4 Air Climat Énergie Santé (Atmo Grand Est), Schiltigheim
5 Observatoire régional de santé Île-de-France (ORS), Paris

Bull Epidémiol Hebd. 2021;(13) :232-42. http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2021/13/2021_13_2.html

 

Résumé

Contexte

 

La réduction des activités socioéconomiques liée au confinement adopté pour limiter la propagation de la Covid-19 au printemps 2020 a conduit à des diminutions des concentrations de polluants dans l’air ambiant.

MéthodesLa méthode d’évaluation quantitative d’impact sur la santé (EQIS) a été utilisée pour estimer l’impact sur la mortalité de la population française en termes de: 1/ à court terme et à plus long terme, conséquences des réductions des niveaux de particules (PM10 et PM2,5) et du dioxyde d’azote (NO2) durant le confinement, et 2/ à long terme, estimation du poids total de la pollution sur la période 2016-2019.

Résultats La limitation des activités socioéconomiques au printemps 2020 a entraîné une réduction de l’exposition de la population française au NO2 et aux particules fines qui a permis d’éviter environ 2 300 décès en lien avec les PM et près de 1 200 en lien avec le NO2.

L’impact à long terme de la pollution sur la mortalité est estimé à près de 40 000 décès annuels en lien avec les PM2,5 et à près de 7 000 décès attribuables à l’exposition au NO2.

ConclusionCes résultats constituent une nouvelle illustration confirmant que même des actions publiques à court-terme de réduction des sources de pollution de l’air conduisent à des bénéfices immédiats en termes d’exposition de la population et d’impact sur la santé. Les actions publiques, autres que le confinement qui n’est évidemment pas souhaitable, constituent ainsi un levier efficace pour améliorer la qualité de l’air ambiant et la santé de la population. De plus, les résultats soulignent que, sur le long terme, la mortalité en lien avec la pollution de l’air demeure un facteur de risque conséquent en France et que les efforts de réduction de la pollution doivent être poursuivis durablement sur toutes les sources, avec une transition adaptée mais néanmoins ambitieuse.

 

Introduction

Afin d’endiguer la propagation du SARS-CoV-2, les autorités françaises ont pris des mesures de confinement totalement inédites au printemps2020, conduisant à un ralentissement massif des activités économiques et sociales en France. Ces mesures ont eu pour conséquences indirectes des réductions locales et ponctuelles de certains facteurs de risques environnementaux, comme par exemple le bruit en ville, ou les concentrations de certains polluants dans l’air. Les études analysant la qualité de l’air en France au printemps 2020 suggèrent notamment des diminutions marquées des concentrations moyennes quotidiennes de NO2 et plus modérées pour les particules fines (PM10 et PM2,5).

 

Cette étude présente une estimation des impacts sur la santé attribuables à la baisse des niveaux de pollution en lien avec les mesures de confinement adoptées en France métropolitaine au printemps 2020.

 

Pour mettre en perspective ces résultats, et afin d’actualiser les estimations publiées en 2016, une évaluation du fardeau que représente à long terme la pollution de l’air ambiant sur la mortalité annuelle en France métropolitaine pour la période 2016-2019 a également été réalisée.

 

Discussion

Au total, les bénéfices sanitaires liés à l’amélioration de la qualité de l’air ambiant durant le confinement du printemps 2020 peuvent être estimés à environ 2300décès évités en lien avec une diminution de l’exposition de la population française aux PM, et 1200 au NO2, majoritairement dus à des effets à plus long terme (diminution de la contribution de la pollution au développement de pathologies conduisant au décès), et dans une moindre mesure à des effets à court terme (décompensation de pathologies préexistantes). Il s’agit d’un ordre de grandeur, en soulignant que les effets du NO2 et des PM ne peuvent être sommés intégralement, une partie des décès pouvant être attribuée à l’exposition conjointe à ces deux indicateurs de pollution.

 

Pour mettre en perspective ces estimations liées aux baisses de concentrations du printemps2020, l’impact à long terme de la pollution de l’air ambiant sur la période2016-2019 a été estimé à près de 40000décès par an en lien avec une exposition de la population aux PM2,5, et à près de 7 000 décès par an pour le NO2.

 

Ces résultats représentent un ordre de grandeur des impacts sanitaires de la pollution de l’air ambiant. Ils sont associés à plusieurs sources d’incertitudes (cartographie de la pollution, hypothèses concernant l’influence du confinement sur les émissions, choix des risques relatifs…). Par ailleurs, ne considérant que deux indicateurs de pollution, et uniquement la mortalité, ils représentent une estimation a minima des effets de la pollution sur la santé.

 

Conclusion

Ces résultats constituent une nouvelle illustration confirmant que, dans un contexte inédit, qui n’est certainement pas réaliste ni souhaitable pour améliorer la qualité de l’air à long terme, les mesures d’actions publiques apparaissent comme un levier efficace pour réduire les niveaux de pollution. Certains enseignements peuvent déjà être capitalisés en termes de mesures d’actions publiques ou de changements comportementaux (télétravail, report modal…) qui vraisemblablement sont appelés à se pérenniser au sein de la société française.

 

Par ailleurs, dans une mise en perspective plus large et de long terme, cette étude rappelle et souligne que, si la mortalité en lien avec la pollution de l’air ambiant présente une tendance à la baisse, l’impact à long terme de la pollution de l’air sur la santé demeure un facteur de risque conséquent et toujours d’actualité en France. Ainsi, les efforts de réduction de la pollution de l’air ambiant doivent être poursuivis durablement sur toutes les sources de pollution avec une transition adaptée, mais néanmoins ambitieuse.

 

Enfin, les restrictions d’activité imposées pour limiter la propagation de la Covid-19 ont eu d’autres conséquences sur la santé de la population, aussi bien positives (réduction du bruit, des accidents de la route, etc.) que négatives (santé mentale, baisse ou retard au dépistage et à l’accès aux soins, diminution de l’activité physique, augmentation de la sédentarité, etc.). Ces facteurs mettent en évidence la nécessité de prendre en compte de manière transversale les indicateurs de santé en considérant les impacts plurifactoriels des interventions, notamment d’adhésion de la population, d’impacts sur les comportements et la santé mentale et, plus largement, d’impact sur le changement climatique.

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