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Mortalité infantile en France : pourquoi le taux ne baisse plus ?
Publié le 23 juin 2023
Le taux de mortalité infantile d’une année donnée est le rapport entre le nombre d’enfants décédés avant l’âge d’un an et l’ensemble des enfants nés vivants cette même année. Ce taux a reculé en France métropolitaine au cours du XXe siècle : de 141‰ en moyenne entre 1901 et 1910, il est passé à 3,6‰ en 2005. Qu’en est-il depuis ?
Une étude publiée le 14 juin 2023 par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) révèle que "depuis 2015, la mortalité infantile en France est supérieure à la moyenne européenne" car la mortalité néonatale (avant 28 jours) augmente.
Hausse préoccupante de la mortalité néonatale
En 2021, 2 700 enfants de moins d’un an sont décédés en France, soit 3,7 décès pour 1 000 naissances vivantes. Le taux de mortalité infantile est historiquement bas depuis 2005 mais ne baisse plus. Il a même un peu progressé entre 2014 et 2017, sous l’effet de la mortalité néonatale.
La moitié des enfants décédés avant leur premier anniversaire ont vécu moins d’une semaine, un quart de 7 à 27 jours et un quart plus de 27 jours. 74% de la mortalité infantile est néonatale en 2021, contre 65% en 2005. La mortalité néonatale précoce (avant 7 jours) passe de 1,6‰ en 2005 à 2,0‰ en 2017 et 1,9‰ en 2021. En revanche, la mortalité post-néonatale (de 28 jours à moins d’un an) poursuit sa baisse (1,3‰ en 2005, 1,0‰ en 2017 et 2021).
La hausse de la mortalité néonatale s’explique par les progrès de la médecine néonatale, qui permet aux grands prématurés de survivre quelque temps, et par l’augmentation :
- de l’âge des femmes à la maternité, qui accroît les naissances à risque ;
- des naissances multiples jusqu’en 2010. Leur nombre, stable de 2010 à 2018, a ensuite décru ;
- de la précarité sociale des femmes qui accouchent. La part des accouchements couverts par l’assurance maladierecule, contrairement à ceux pris en charge par l’aide médicale de l’État. La proportion de sans-abri parmi les parturientes s’accroît, particulièrement en Île-de-France ;
- du surpoids chez les femmes enceintes. La prévalence du tabagisme maternel reste également élevée ;
- du nombre de femmes qui souhaitent poursuivre leur grossesse en sachant que le fœtus souffre d’une pathologie grave pour laquelle une interruption médicale de grossessepourrait être autorisée.
La mortalité infantile est plus élevée en outre-mer et en Seine-Saint-Denis
Le taux de mortalité infantile moyen entre 2019 et 2021 s’élève à :
- 3,5‰ en France métropolitaine ;
- 7,7‰ dans les départements et régions d’outre-mer (DROM) : 8,9‰ à Mayotte, 8,2‰ en Guyane, 8,1‰ en Guadeloupe, 7,2‰ en Martinique et 6,7‰ à la Réunion.
En France métropolitaine, ce taux est :
- supérieur à 5‰ en Seine-Saint-Denis, en Indre-et-Loire, dans le Jura et le Lot. L’Île-de-France, le Centre-Val de Loire et le Grand Est dépassent la moyenne nationale ;
- inférieur ou égal à 3‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur et dans les Pays de la Loire.
Un taux de mortalité infantile supérieur à la moyenne européenne
La mortalité infantile en France dépasse la moyenne de l’Union européenne (UE) depuis 2015, alors qu’elle était l’une des plus basses d’Europe à la fin du XXe siècle. Le taux de mortalité infantile moyen de l’UE continue de diminuer (3,3‰ en 2020).
En France, la mortalité infantile n’a reculé que de 20% en deux décennies. La baisse de la mortalité néonatale y est particulièrement ralentie, de même qu’en Allemagne.