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Construction : activité 2022 (27 09 2023)

Nous vous proposons aujourd’hui cette note publiée le 24 août 2023 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)

https://www.insee.fr/fr/statistiques/7657465.html

En 2022, une augmentation contrastée de l’activité dans la construction selon les régions

INSEE PREMIÈRE   No 1964     Paru le : 24/08/2023

Isabelle Delhomme, Jonathan Kurzmann, Nicolas Sigler (Insee)

En 2022, le chiffre d’affaires des entreprises françaises du secteur de la construction croît de 14,8 %, en euros courants, par rapport à son niveau d’avant-crise, dans un contexte de hausse des prix. L’activité augmente sur l’ensemble du territoire, mais cette croissance est différenciée selon les régions. Avec la crise sanitaire liée à la Covid-19 et plus particulièrement avec le premier confinement de 2020, l’activité économique des entreprises de la construction s’était fortement contractée dans l’ensemble des régions françaises. En 2022, la plupart des régions ont dépassé leur tendance d’avant-crise, à l’image de la Bourgogne-Franche-Comté, la Normandie ou encore le Centre-Val de Loire. Toutefois, les chiffres d’affaires augmentent à un rythme plus faible qu’avant la crise sanitaire en Occitanie et en Île‑de‑France, régions qui faisaient partie de celles ayant connu les plus fortes hausses entre 2015 et 2019.

Sommaire

En 2022, l’activité économique augmente dans toutes les régions

Des entreprises fortement affectées par le premier confinement

La plupart des régions ont dépassé leur tendance d’avant-crise

L’Île-de-France et l’Occitanie ne retrouvent pas leur tendance d’avant-crise

Difficultés de recrutement et forte reprise de l’activité vont de pair

Encadré 1 – Des tendances 2015-2019 corroborées par les comptes régionaux

Encadré 2 – L’évolution des heures rémunérées dans la construction, une analyse complémentaire de l’activité

 

En 2022, l’activité économique augmente dans toutes les régions

 

En 2022, en France, le secteur de la construction représente, en moyenne, 6,6 % des chiffres d’affaires issus des déclarations mensuelles de taxe sur la valeur ajoutée (TVA). Ce secteur comprend à la fois la construction de bâtiment (27 % du chiffre d’affaires du secteur), le génie civil (13 %) et les travaux de construction spécialisés tels que le gros œuvre, la maçonnerie, la toiture, etc. (60 %). Le chiffre d’affaires augmente, en euros courants, de 14,8 % en 2022 par rapport à son niveau d’avant-crise, en 2019. Ce secteur a été fortement affecté par la pandémie liée à la Covid-19 (-6,4 % entre 2019 et 2020). Par la suite, le chiffre d’affaires a fortement augmenté en 2021 et plus légèrement en 2022 (respectivement +14,8 % et +6,9 %). Entre 2015 et 2019, le chiffre d’affaires des entreprises de ce secteur augmentait de 5,1 % en moyenne par an (encadré 1).

Dans toutes les régions françaises, le chiffre d’affaires des entreprises du secteur de la construction dépasse son niveau de 2019, avec toutefois des différences marquées. L’évolution est la plus forte en Corse (+26,9 %), où elle est soutenue notamment par les dépenses des collectivités locales dans le bâtiment et les travaux publics. Le chiffre d’affaires des entreprises de la construction augmente aussi fortement dans les Pays de la Loire (+22,3 %), en Bretagne (+21,5 %), en Bourgogne-France-Comté (+21,4 %) et en Provence-Alpes-Côte d’Azur (+20,8 %). À l’opposé, la hausse est moindre en Occitanie (+14,9 %), en Île‑de‑France (+10,2 %), en Martinique (+8,7 %) et en Guadeloupe (+2,2 %).

 

Toutefois, ces évolutions en valeur sont à nuancer du fait de la hausse de l’inflation sur la période. La production de la branche construction en volume aux prix de l’année précédente est passée de 295,5 milliards d’euros (Md€) à 300,9 Md€ entre 2019 et 2022, soit une croissance de 1,8 %. En effet, entre 2019 et 2022, l’indice des prix des logements neufs et anciens augmente en moyenne de 6,0 % par an (contre +2,6 % par an entre 2015 et 2019). Dans le même temps, les coûts mesurés par les index du bâtiment et des travaux publics progressent respectivement de 4,2 % et 4,4 % en moyenne par an sur la période 2019-2022 (contre +1,6 % et +1,9 % avant la crise).

Des entreprises fortement affectées par le premier confinement

La comparaison de la situation en 2020 par rapport à ce qu’elle aurait été si la tendance entre 2015 et 2019 s’était poursuivie permet de mesurer les effets de la crise sanitaire et, plus particulièrement, du confinement sur l’activité du secteur de la construction (encadré 2). Ainsi, au niveau national, en mai 2020, le chiffre d’affaires du secteur de la construction est 27 % inférieur à la tendance basse, c’est-à-dire la valeur la plus faible de l’évolution attendue s’il n’y avait pas eu de confinement,. La Corse, la Bretagne et l’Occitanie sont les trois régions pour lesquelles la chute d’activité économique est la plus forte (de -37,3 % à -29,7 %). À l’inverse, Auvergne-Rhône-Alpes, Provence-Alpes-Côte d’Azur et l’Île‑de‑France sont les trois régions métropolitaines les moins affectées par le premier confinement (respectivement -21,1 %, -23,1 % et -24,5 %). Du fait que l’activité dans la construction augmentait peu, voire diminuait, avant la crise sanitaire, la baisse est moindre dans les régions d’outre-mer : -7,2 % en Guadeloupe, -12,9 % en Martinique et -19,2 % à La Réunion.

La plupart des régions ont dépassé leur tendance d’avant-crise

Le niveau des indices de chiffre d’affaires en 2022 marque parfois une rupture par rapport à la tendance observée avant la crise sanitaire. Dans la majorité des régions, l’indice de chiffre d’affaires dépasse le niveau qu’il aurait atteint si la tendance observée entre 2015 et 2019 s’était poursuivie. En France métropolitaine, c’est particulièrement le cas en Bourgogne-Franche-Comté, Normandie et Centre-Val de Loire, avec respectivement +8,6 %, +7,1 % et +6,4 % par rapport à leur tendance haute des années 2015-2019. Avant la crise sanitaire, ces régions avaient les trajectoires de croissance les plus faibles, moins de 5,0 % par an. Le nombre d’habitants était stable, voire fléchissait sur la période, et les logements commencés entre 2015 et 2019 représentaient respectivement 3,2 %, 3,5 % et 4,1 % de leurs stocks de logements de 2015, soit moins qu’au niveau national (5,5 %).

La Corse et la Bretagne, qui faisaient partie des régions avec les plus fortes hausses de chiffres d’affaires avant la crise (+8,3 % et +7,1 %), dépassent leur trajectoire attendue au regard de la période précédente (+2,4 % par rapport à la tendance haute). En effet, le chiffre d’affaires augmente plus fortement dans les régions où la population croît le plus. En Corse et en Bretagne, la croissance démographique était plus marquée qu’au niveau national entre 2015 et 2019 (+1,0 % et +0,5 %). Les besoins en logements et en équipements (infrastructures routières, transports en commun, piscines, écoles, etc.) y sont plus élevés, afin d’offrir un niveau de service adapté au surplus d’habitants. Ainsi, le nombre de logements commencés sur la période correspondait à 8,3 % des stocks de logements de 2015 dans ces régions, soit plus qu’au niveau national.

Quant à la Guadeloupe, et, à un degré moindre, les Hauts-de-France, elles sont revenues dans leur tendance 2015-2019. Malgré une stabilisation de la population dans les Hauts-de-France, le chiffre d’affaires dans la construction a augmenté de 6,0 % par an entre 2015 et 2019, davantage qu’au niveau national. Le parc de résidences secondaires y est en forte hausse entre 2015 et 2019 (+8,0 %). De plus, le parc de logements est ancien : une résidence principale sur deux a été construite avant 1971, contre 44 % en France métropolitaine. La rénovation ou la construction sur du bâti ancien peut avoir un impact sur l’activité économique des entreprises du secteur.

L’Île-de-France et l’Occitanie ne retrouvent pas leur tendance d’avant-crise

Les entreprises d’Île‑de‑France et d’Occitanie ne retrouvent pas, en 2022, leur tendance d’avant-crise. Le chiffre d’affaires dans la construction y est inférieur respectivement de 0,5 % et de 2,1 % au niveau attendu par la tendance basse estimée sur la période 2015-2019. Ces deux régions figuraient parmi celles dont l’indice de chiffre d’affaires augmentait le plus entre 2015 et 2019 (+6,6 % et +7,9 %). Le retour à un niveau d’activité très élevé est sans doute plus difficile à atteindre. En Île‑de‑France, la pénurie de foncier et les effets de la période Covid et du télétravail sur les migrations de population, avec davantage de départs de l’aire parisienne vers les autres régions, ont également pu avoir des conséquences sur l’activité dans le bâtiment

Difficultés de recrutement et forte reprise de l’activité vont de pair

Les difficultés de recrutement dans la construction peuvent également être le signe d’une reprise économique du secteur. En effet, en 2022, dans les régions où l’indice de chiffre d’affaires est au-dessus de sa tendance, les tensions de recrutement sont fortes. Par exemple, en Corse, dans les Pays de la Loire ou encore en Centre-Val de Loire, plus de 80 % des recrutements sont jugés difficiles (respectivement 88 %, 86 % et 82 %). Par ailleurs, le nombre annuel moyen de logements commencés après la crise est supérieur à la période pré-Covid dans toutes ces régions.

À l’inverse, respectivement 61 %, 69 % et 73 % des recrutements sont jugés difficiles par les entreprises du secteur de la construction en Île‑de‑France, dans les Hauts-de-France et en Occitanie, contre 74 % au niveau national. Ces trois régions n’ont pas réussi à dépasser leur tendance de 2015-2019, malgré la forte inflation. De plus, le nombre annuel moyen de logements commencés en 2021-2022 diminue en Occitanie et en Île‑de‑France par rapport à la période 2015-2019.

Encadré 1 – Des tendances 2015-2019 corroborées par les comptes régionaux

Les comptes nationaux annuels donnent une fois par an une description globale et détaillée de l’économie nationale. Ils permettent notamment d’analyser l’évolution de la valeur ajoutée (VA) de chaque secteur et du produit intérieur brut (PIB).

Les valeurs ajoutées régionales des branches marchandes sont estimées par proratisation de la VA de chaque entreprise au sens d’une unité légale selon la masse salariale de chacun de leurs établissements.

Entre 2015 et 2019, les comptes régionaux corroborent les tendances régionales observées via les indices de chiffre d’affaires. En effet, l’analyse de l’évolution de la valeur ajoutée dans la construction fait également ressortir les régions identifiées comme les plus dynamiques en matière de chiffres d’affaires. La valeur ajoutée augmente de 5,0 % par an en Île‑de‑France, de 4,5 % en Corse et de 3,9 % en Occitanie. À l’inverse, les régions avec les plus faibles augmentations de chiffre d’affaires sur la période, à savoir la Normandie, le Centre-Val de Loire et la Bourgogne-Franche-Comté sont celles ayant les plus faibles croissances en matière de valeur ajoutée dans la construction entre 2015 et 2019 (respectivement +2,3 %, +2,0 % et +1,8 %).

 

Encadré 2 – L’évolution des heures rémunérées dans la construction, une analyse complémentaire de l’activité

Plusieurs sources, apportant des informations complémentaires, permettent de mesurer l’activité du secteur de la construction. Le chiffre d’affaires propose un suivi financier de l’activité, signe de la plus ou moins bonne santé financière des entreprises et de leur capacité à absorber les aléas de conjoncture. Toutefois, il n’est pas toujours représentatif d’une activité réelle sur le terrain. Dans le cas de la construction, des écarts entre les heures rémunérées et le chiffre d’affaires peuvent s’expliquer, car elles reflètent des réalités différentes.

Les heures rémunérées sont issues des déclarations sociales nominatives (DSN). Dans la majorité des secteurs, elles comprennent les heures supplémentaires et les absences pour lesquelles le salarié perçoit une rémunération (congés payés, jours fériés, etc.). Cependant, dans le secteur de la construction, les congés payés sont pris en charge par une caisse et ne sont pas pris en compte dans les heures rémunérées. De même, les congés sans solde, les arrêts maladie et les périodes d’activité partielle en sont exclus.

Hors période de crise, les évolutions des deux sources sont proches quelle que soit la région. Néanmoins, lors du premier confinement, l’impact est plus fort sur les heures rémunérées dans toutes les régions françaises. Au printemps 2020, la baisse d’heures rémunérées est 2 à 3 fois plus forte que celle des chiffres d’affaires pour les entreprises du secteur de la construction.

Plus précisément, l’impact de la crise est visible dès le mois de mars sur les heures rémunérées, alors qu’il n’apparaît qu’en avril dans le cas des chiffres d’affaires. En effet, le confinement total a eu un impact immédiat sur l’emploi, alors que les chiffres d’affaires sont lissés ; les paiements sont effectués lors de la réservation des constructions, puis par tranches, au cours de la fabrication de la maison ou de l’immeuble.

Le pic de perte d’activité en matière d’heures rémunérées est atteint dès avril, contre mai pour les chiffres d’affaires. En effet, le confinement s’est étendu sur la totalité du mois d’avril, entraînant un arrêt complet de la production, alors que mars et mai n’ont été concernés que partiellement.

 

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