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Prévention Alcool (14 05 2024)

Nous vous proposons aujourd’hui cette note publiée dans le Bulletin Epidémiologique Hebdomadaire (BEH) du 30 avril 2024 sur le site Santé publique-France (cliquer ici pour accéder au site Santé publique ainsi qu’au texte et aux liens qu’il propose)

https://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2024/9/2024_9_0.html.html

Prévention alcool: de la science à l’action, Santé publique France, une agence pleinement engagée

Caroline Semaille Directrice générale de Santé publique France, Saint-Maurice

Comme l’alimentation ou les jeux d’argent et de hasard, l’alcool occupe une place singulière dans le paysage de la santé publique en France. Sa consommation est associée, pour une grande partie de la population, au plaisir et à la convivialité. La «filière alcool» est un secteur économique important, générateur de nombreux emplois et de recettes fiscales. Mais l’alcool demeure surtout un des premiers facteurs de risque de maladies et de décès en France, avec plus de 40000décès attribuables en 2015 et un coût social estimé à 102 milliards d’euros sur l’année2019. Ce constat doit être rappelé avec force, afin de soutenir des politiques publiques à la hauteur de l’enjeu.

L’impact de l’alcool sur la santé reste sous-estimé par la population… Nos concitoyens savent-ils même s’ils consomment trop?

 

En appui aux professionnels de santé et acteurs concernés, Santé publique France mesure et décrit le fardeau lié à l’alcool, alerte sur les conséquences et met en œuvre des actions de prévention. Les deux articles publiés ce jour dans ce numéro du BEH illustrent l’engagement de l’agence et l’importance de disposer de données pour guider l’action.

Plus de 650 000 patients ont une hypertension artérielle liée à une consommation d’alcool dépassant deux verres par jour ou ne respectant pas les deux jours d’abstinence par semaine. Ainsi, les travaux présentés dans l’article de Gabet et coll. permettent d’évaluer que chez les hommes, près d’une hypertension artérielle sur dix serait attribuable à une consommation d’alcool excédant 10 verres par semaine… et ce n’est pas une fatalité! Des essais interventionnels ont montré qu’en diminuant leur consommation d’alcool quotidienne, les personnes dépassant habituellement deux verres par jour pouvaient bénéficier d’une baisse de leur pression artérielle: la relation entre la consommation d’alcool et l’hypertension artérielle serait donc causale et réversible.

Plus de 4000accidents vasculaires cérébraux hémorragiques seraient quant à eux attribuables chaque année à une consommation chronique d’alcool ou à une consommation ponctuelle excessive selon une autre étude portée par Santé publique France. En plus des risques cardiovasculaires et de cirrhose, la consommation de boissons alcoolisées augmente aussi le risque decertains cancers. Bien que l’alcool soit le deuxième facteur de risque évitable de cancer, les personnes qui enconsomment le citent moins spontanément comme un facteur de risque que celles qui en sont abstinentes… une forme de mise à distance du risque individuel en fonction de son propre comportement.

Enfin, à l’heure où l’hôpital fait face à une crise importante, les travaux de l’agence présentés en mars 2024 aux Journées de la Société française d’alcoologie ont permis d’évaluer le nombre considérable d’hospitalisations pour alcoolisations aiguës ou complications chroniques.

Les grandes enquêtes menées par Santé publique France montrent que, même si les Français ont réduit leur consommation d’alcool depuis trenteans, les niveaux de consommation restent très élevés; et cela, tant en population générale que parmi certaines sous-populations, comme les femmes enceintes. Les enquêtes nationales périnatales et le Baromètre de Santé publique France montrent que des femmes continuent à boire de l’alcool pendant leur grossesse. La question de l’alcoolisation fœtale et de ses conséquences dramatiques sur les nouveau-nés est toujours d’actualité. Il faut rappeler avec force la recommandation ”Zéro alcool pendant la grossesse et accompagner les femmes ayant des difficultés avec leur consommation.

Par ailleurs, les Français connaissent-ils les niveaux de consommation à ne pas dépasser pour limiter l’impact sur leur santé? En 2021, près de trois hommes sur dix (31%) et plus d’une femme sur dix (14%) déclaraient une consommation d’alcool au-delà des repères de consommation à moindre risque.

En 2017, Santé publique France et l’Institut national du cancer (INCa) ont publié un avis d’experts établissant de nouveaux repères de consommation d’alcool à moindre risque pour la France: maximum deux verres par jour et pas tous les jours, soit un maximum de 10 verres par semaine. Ces repères ne signifient pas qu’il n’y ait pas de risque en deçà: il s’agit de «repères de consommation à moindre risque». Deux ans après la publication de l’avis, Santé publique France a conçu une campagne de marketing social avec un double objectif: améliorer les connaissances des Français sur les risques à moyen-long termes liés aux consommations d’alcool et faire connaître ces nouveaux repères de consommation à moindre risque. Cette campagne a été diffusée à sixreprises entre 2019 et 2022. L’objectif final était d’inciter les buveurs à réduire leur consommation.

L’article de Quatremère et coll. présente l’évaluation de l’efficacité de cette campagne en montrant que l’exposition à cette campagne est associée à une meilleure connaissance du repère ”maximum 2verres par jour, du risque d’hypertension artérielle et du risque d’hémorragie cérébrale. Ces résultats sont observés à court terme (un mois après la diffusion de la campagne), mais ne le sont plus à 6 mois. Comme constaté dans la littérature, la répétition dans le temps des campagnes de prévention est indispensable afin de changer efficacement et durablement les comportements de consommation d’alcool. Outre cette campagne sur les repères à moindre risque, Santé publique France a diffusé plusieurs autres campagnes visant la réduction des risques en contexte festif, notamment celles ciblant les jeunes Celles-ci sont complémentaires à des défis comme celui d’un mois sans alcool en France.

Pour accompagner les consommateurs, les dispositifs d’aide à distance sont également essentiels: le dispositif Alcool info service est aux côtés des consommateurs 7j/7 pour les écouter, les aider, répondre à leurs questions, accueillir leur entourage ou tout simplement répondre aux questions du grand public. En 2024, son site bénéficiera d’une refonte complète et fera l’objet d’une vaste campagne nationale d’information.

Les politiques publiques se nourrissent du substrat scientifique, qu’il s’agisse de données documentant les impacts sanitaires et sociaux de l’alcool ou de celles qui mettent en avant les interventions efficaces pour les prévenir. Santé publique France poursuit son engagement en matière de surveillance, de prévention et de plaidoyer en faveur de mesures visant à placer la santé et le bien-être du plus grand nombre parmi les objectifs prioritaires de l’action publique.

Semaille C. Éditorial. Prévention alcool: de la science à l’action, Santé publique France, une agence pleinement engagée. Bull ÉpidémiolHebd.2024;(9):176-7.

http://beh.santepubliquefrance.fr/beh/2024/9/2024_9_0.html

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