Les centenaires en France : une prévision difficile
Fiche d’actualité de Mme France Meslé et M. Jacques Vallin publiée en novembre 2008 sur le site de l’Institut National d’Etudes Démographiques (cliquer ici pour accéder au site de l’INED ou au texte pdf de la fiche et de ses tableaux annexes)
http://www.ined.fr/fr/tout_savoir_population/fiches_actualite/centenaires_france/html
http://www.ined.fr/fichier/t_telechargement/22323/telechargement_fichier_fr_version_imprimable_centenaire.pdf
En 2008, la France métropolitaine compte un peu plus de 20 000 centenaires. Passer le cap des cent ans n’est donc plus un phénomène rare, surtout pour les femmes, largement majoritaires à cet âge (près de six femmes pour un homme). Avant la seconde guerre mondiale, les centenaires ne se comptaient que par dizaines et c’est tout juste s’il y en avait 200 en 1950, cent fois moins qu’aujourd’hui (Labat et Dekneudt, 1989).
Depuis, leur nombre a explosé : 450 en 1960, 900 en 1970, 1600 en 1980, 3700 en 1990…, plus qu’un doublement tous les dix ans !
Mais les centenaires restent pour la plupart de « jeunes » centenaires : plus de 80 % ont moins de 105 ans et 30 % n’ont pas encore fêté leur 101e anniversaire.
Faut-il en conclure que la longévité humaine augmente ?
Pas nécessairement. Il se pourrait que la limite maximale de la vie humaine reste en fait inchangée (sans qu’elle soit connue) et que l’augmentation du nombre de centenaires soit simplement la conséquence mécanique de la hausse de l’espérance de vie liée au progrès sanitaire. Plus le nombre de personnes vivant jusqu’à 90 ans est élevé, plus il y a de chances qu’une partie de la population atteigne 100 ans. La montée spectaculaire de l’espérance de vie au XXe siècle reposait avant tout sur la baisse de la mortalité des enfants et des jeunes adultes.
Ce n’est que dans la seconde moitié du siècle et surtout à partir des années 1970, avec la lutte contre les maladies cardio-vasculaires, que la mortalité des personnes âgées a commencé à reculer, accélérant le vieillissement de la population et augmentant plus que jamais les chances d’atteindre 100 ans (Vallin et Meslé, 2001).
Ainsi, dans l’hypothèse d’une poursuite régulière de la baisse de la mortalité, 11 % des enfants nés en 2000 pourraient devenir centenaires (16 % des filles et 4 % des garçons). Dans ce formidable changement, on le sait, les progrès ont été plus rapides pour les femmes que pour les hommes et cela explique le déséquilibre de population en faveur des premières.
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