Sous la pression de l'opinion publique, l'Union européenne a donc imposé que tous les produits alimentaires contenant plus de 0,9% d'OGM ou de produits dérivés d'OGM soient étiquetés dans un souci de transparence et d'information vis-à-vis du consommateur.
Petit bémol : si les aliments utilisés dans l'élevage bovin sont effectivement étiquetés, ça n'est pas le cas pour le lait ou la viande d'animaux nourris avec des aliments génétiquement modifiés. Pour l'instant, aucune donnée scientifique ne permet d'affirmer qu'il y a une modification effective des caractéristiques des produits animaux suite à une alimentation à base d'OGM.
Mais sur notre organisme ? Parmi les risques que sont susceptibles de présenter les OGM, figurent notamment des risques pour la santé humaine par toxicité ou allergénicité et des risques pour l'environnement comme la déstabilisation de certains écosystèmes. Pour l'instant, aucune étude scientifique, qu'elle soie indépendante, gouvernementale ou à l'initiative d'ONG, n'a pu démontrer une quelconque nocivité chez l'homme. Mais la question se pose surtout sur le long terme puisque l'histoire nous a appris que les grandes crises sanitaires ne se déclarent souvent que quelques décennies après les faits : poulet aux hormones, vache folle, amiante, etc. La vigilance est donc de mise.
La solution contre la faim dans le monde ?
Théoriquement, le principe des OGM, qui permettrait aux plantes d'être plus résistantes dans des conditions difficiles (salinité, sécheresse, etc.) peut séduire : il pourrait être une solution de premier choix pour augmenter la surface des terres cultivables et nourrir ainsi les 9 milliards d'individus que comptera la planète dans 40 ans. Cela revient à se demander si les OGM permettront aux pays du Sud de produire plus grâce aux graines améliorées. Mais, parce qu'il y a presque toujours un mais, quelques grains de sables viennent enrouer cette mécanique utopiste :
» D'une part, les variétés d'OGM cultivées aujourd'hui ont été développées par les pays du Nord. Ces variétés ne sont donc adaptées ni au climat, ni à l'environnement des pays du Sud.
» La seule augmentation de la productivité agricole, optimisée par des plantes à haut rendement et très performantes, ne peut être l'unique réponse au problème de la faim dans le monde. L'intérêt de telles plantes est en effet limité par le fait que la plupart des petits agriculteurs des pays en voie de développement y ont difficilement accès.
La révolution agricole passe avant tout par le développement d’une agriculture durable, c’est à dire qui prendrait en compte le fonctionnement des écosystèmes pour augmenter le rendement agricole sans ajout massif d'engrais et de pesticides. Mais qui n'exclue pas nécessairement l'utilisation d'OGM qui permettraient d'obtenir des plantes utilisant moins d'engrais, mois d'eau, avec un meilleur rendement et qui seraient résistantes à certaines maladies. En cela, l'agriculture bio peut constituer une partie de la solution, car tout comme l'agriculture conventionnelle, elle peut, théoriquement, produire assez par tête pour nourrir la planète. Mais, revers de la médaille, nécessite plus de main d'œuvre qualifiée.
Pour Pierre Feillet, membre de l'Académie d'agriculture et de l'Académie de Technologie, "les progrès techniques (scientifiques notamment) seront importants, de la semence à la cuisine. Mais dans l'assiette, ces progrès n'ont pas intérêt à se voir. C'est une demande explicite du consommateur que de ne pas voir son assiette modifiée. Par ailleurs, le consommateur urbain ne sait plus ce qu'il mange ni d'où cela vient. Il existe un sorte de boîte noire entre la fourche et la fourchette. Il faut gérer le paradoxe de l'envie d'être assuré de la sécurité alimentaire avec une peur et une véritable répulsion vis-à-vis des biotechnologies." (2)
Manque d'informations, désinformation ou trop plein d'informations contradictoires, dans ces conditions, il est très difficile, à moins d'être impliqué dans le dossier, de savoir ce qu'il faut penser des OGM.
(1) Sondage CSA-Greenpeace, 2008
(2) Source : conférence " Faut-il avoir peur de notre alimentation de demain, organisée dans le cadre de la journée " qu'est-ce qu'on mange ", 23 avril 2008.)Notre assiette de demain : faut-il avoir peur des OGM ?
Article lu le 27 mai 2008 sur le site l’Internaute Santé (cliquer ici pour ouvrir l’article original et sa suite : … pesticides, poulet au chlore, tous obèses, tous diabétiques)
http://www.linternaute.com/sante/nutrition-digestion/dossier/alimentation-demain/1.shtml
Selon un sondage récent, 70% des Français affirment qu'il est important de pouvoir manger des
produits totalement dépourvus d'OGM (1). Les OGM inquiètent, font peur mais surtout, divisent l'opinion publique et la classe politique. En sont pour preuve les récents rebondissements à l'Assemblée provoqués par le projet de loi sur les OGM. Ce texte de loi, adopté à l'Assemblée, vise à transcrire, en droit français, la directive européenne permettant la coexistence des cultures.
Avant de savoir ce qu'il va se passer dans les champs, intéressons-nous à ce qui se passe dans notre assiette. Est-il possible d'y trouver des OGM ?
Pour l'instant, les grandes cultures OGM sont avant tout destinées à l'alimentation animale. Par ailleurs, la star des OGM, le maïs mais également le soja, le colza et le coton sont utilisés pour l'élaboration d'huiles alimentaires et d'additifs courants dans l'alimentation humaine (lécithine de soja et amidon).