La démographie médicale à l’horizon 2030 : de nouvelles projections nationales et régionales détaillées
http://www.sante.gouv.fr/drees/dossier-solsa/pdf/article200912.pdf
Introduction
Anticiper longtemps à l’avance les évolutions de la démographie médicale et les mettre en regard des évolutions prévisibles de la population est nécessaire pour favoriser une gestion sans à-coups
de l’adaptation des effectifs de médecins aux besoins. Cette anticipation est particulièrement nécessaire compte tenu de la longueur des études médicales. Les projections des effectifs de
médecins à l’horizon de 2030 permettent de dessiner les évolutions futures de la population médicale sous diverses hypothèses.
Selon le scénario tendanciel de référence, à comportements constants, le nombre de médecins actifs se réduirait jusque vers 2020 et la densité médicale serait durablement inférieure à son niveau actuel. La profession rajeunirait et se féminiserait progressivement. Les évolutions des effectifs des différentes spécialités et de médecins dans les régions seraient très contrastées.
Selon les différentes variantes simulées, une unique mesure de régulation ne suffirait pas à répondre aux enjeux à venir. Une augmentation du numerus clausus par exemple, ou un report de deux ans de l’âge de départ à la retraite, permettrait certes de limiter la baisse des effectifs, voire d’accroître transitoirement le nombre de médecins actifs, mais n’aurait pas d’impact sur les déséquilibres entre spécialités ou sur les inégalités régionales.
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ConclusionCet exercice de projections a permis de produire des effectifs projetés de médecins en activité et de dessiner les tendances qui pourraient marquer les évolutions futures de la démographie médicale sous diverses hypothèses.
La population médicale devrait se réduire dans les années à venir, rajeunir et se féminiser d’après le scénario tendanciel. En l’absence de nouvelles mesures de régulation et sous l’hypothèse de comportements constants, les évolutions des effectifs des différentes spécialités et des effectifs régionaux seraient très contrastées. Les effectifs de certains spécialistes fondraient, tandis que le nombre de médecins augmenterait fortement pour d’autres spécialités. Les inégalités régionales en matière de répartition géographique, déjà moins marquées aujourd’hui qu’il y a une vingtaine d’années, continueraient à se réduire pendant quelques années, avant de se creuser à nouveau et de s’inverser.
Les résultats des variantes simulées font apparaître que les changements de comportements des médecins (ou des étudiants en médecine) et les mesures de régulation correspondant aux différentes hypothèses testées auraient des effets sensibles sur les effectifs futurs de médecins actifs, ainsi que sur leur répartition.
Toutefois, il semble qu’une unique mesure ne permettrait pas de répondre à tous les enjeux à venir de la démographie médicale. Ainsi, un accroissement du numerus clausus ou un report de deux ans de l’âge de départ à la retraite, s’ils permettraient d’augmenter l’effectif total de médecins actifs, n’homogénéiseraient pas les évolutions des effectifs de médecins par spécialité et ne feraient pas disparaître les inégalités régionales.
Les résultats des projections montrent aussi qu’il est inadéquat de focaliser l’attention sur les déséquilibres et les inégalités actuels. Compte tenu de la lenteur des ajustements, chercher à les corriger conduirait en effet non pas à les gommer, mais à les déplacer. Il est au contraire indispensable, du fait de l’inertie qui caractérise la démographie médicale, liée notamment à la longueur des études médicales, d’anticiper très longtemps à l’avance les évolutions futures de la population médicale, mais aussi des populations à soigner.
Une régulation efficace de la démographie médicale suppose enfin de porter une attention particulière au choix des mesures, à leur calibrage et à leur durée de mise en oeuvre. Les politiques de stop-and-go, qu’il s’agisse de jouer sur l’effectif global de médecins actifs ou sur sa répartition, ne sont pas adaptées : elles produisent immanquablement des déséquilibres entre entrées et sorties de la vie active, donc des évolutions heurtées de l’effectif médical et de sa répartition, déséquilibres d’autant plus sévères que les variations ne sont pas conçues en fonction d’une cible de long terme.
Pour apprécier pleinement les résultats de cet exercice de projections et en tirer des conclusions quant à l’offre de soins future, il faut les rapprocher du temps de travail des médecins, mais aussi du contenu de leur activité, notamment celle des généralistes.
Enfin, il est indispensable de confronter les évolutions projetées des effectifs aux évolutions anticipées ou projetées des besoins de santé. La non prise en compte des besoins futurs peut en effet conduire à fonder les politiques visant à réguler la démographie médicale sur une impression non objectivée de pléthore ou de pénurie de médecins, comme ce fut le cas dans le passé.
L’évaluation des besoins futurs, délicate, nécessite notamment de tenir compte du vieillissement de la population, des variations de la prévalence des pathologies, de l’évolution des techniques médicales, de la coopération entre professionnels de santé et des objectifs visés en matière de politique de santé (prévention, dépistage par exemple).