Secteurs créateurs d’emplois à court-moyen terme après la crise (4e volet/4)
Etude de M. Maxime Liégey (Département Économie Finances) et Mme Cécile Jolly
http://www.strategie.gouv.fr/IMG/pdf/NA200-Eco-Travail-SECTEURSPORTEURS-1.pdf
http://www.strategie.gouv.fr/article.php3?id_article=1274.html
INTRODUCTION
SECTEURS PORTEURS D’EMPLOIS : GRANDES TENDANCES DE MOYEN/LONG TERME
LES SECTEURS DANS LA CRISE
UNE REPRISE AVEC OU SANS EMPLOIS ?
PROJECTIONS SECTORIELLES D’EMPLOI (EMPLOIS PERMANENTS) À 2015
CONCLUSION
PROJECTIONS SECTORIELLES D’EMPLOI (EMPLOIS PERMANENTS) À 2015
Les projections sectorielles d’emploi qui ont été réalisées sont basées sur une hypothèse volontairement prudente (dans un contexte où il n’y a pas de rechute de l’activité), à un double titre :
- L’hypothèse de croissance est reprise de l’OCDE pour 2011 (environ 2%, du fait d’un effet rebond), puis fixée seulement 1,6% les années suivantes.
- Le contexte agrégé de l’emploi est celui d’une faible progression de l’emploi permanent sur les premières années de la période considérée (cf. supra).
Le choix a été fait de considérer qu’il n’y aura pas à court-moyen terme de rattrapage total de la productivité du travail, retenant en cela les leçons des principales crises précédentes de 1973 et 1993 (le déversement d’emplois de l’industrie vers les services tendant à modérer la croissance de la productivité). Ce mécanisme de rattrapage jouera néanmoins, mais de façon atténuée et différenciée selon les secteurs.
Malgré ces hypothèses prudentes :
- en 5 ans, le pic d’emploi du précédent cycle conjoncturel est reconstitué ;
- en 3 ans, on retrouve le niveau moyen d’emploi du précédent cycle ;
- à court terme, d’importants gisements de créations peuvent être identifiés au niveau sectoriel.
Ainsi, le total des créations nettes d’emplois dans les secteurs porteurs (dont l’évolution de l’emploi est positive) s’élève, sur la période 2010-2015, à 831 000 emplois, contre un total de 318 000 destructions nettes d’emplois dans l’ensemble des secteurs déclinants.
Ces projections ont été réalisées sur la base d’hypothèses de taux de croissance relativement conservatrices sur la période 2012-2015 (1,6% par an).
Ainsi, les créations totales d’emplois sur la période 2010-2015 s’élèvent à 324 000 avec une hypothèse de taux de croissance de 1,2% par an sur la période 2012-2015, et culminent à 712 000 avec une hypothèse de 2% par an.
En résumé, ces créations d’emplois reposent sur deux forces :
- Le rebond mécanique des secteurs exposés au commerce international, dont l’effet reste atténué sur l’emploi compte tenu de l’objectif de restauration de la productivité qui caractérise les branches exportatrices : cette force explique l’ampleur des destructions d’emplois dans les secteurs manufacturiers tels les biens d’équipements et les biens intermédiaires, même si les dynamiques varient d’un sous-secteur à l’autre en fonction des avantages comparatifs de la France (ainsi, par exemple, fortes destructions d’emplois dans les biens d’équipement mécaniques et destructions limitées dans les biens d’équipement électriques et électroniques).
- Les moteurs endogènes de développement de certains secteurs, notamment de service ou des filières vertes, amplifiés par le ciblage de certains dispositifs publics :
- la projection confirme les contributions à l’emploi des secteurs amont aux entreprises (ingénierie, conseil, R&D), stratégiques pour les entreprises et qui vont également bénéficier de la politique de soutien aux investissements d’avenir ;
- la montée en gamme, et ses effets sur l’emploi, de secteurs comme le commerce ou l’hôtellerie-restauration se confirme (meilleur maillage territorial, extension des plages horaires) ;
- les services à la personne bénéficient des tendances démographiques et sociales et d’une meilleure structuration de l’offre, dans un contexte fiscal qui reste favorable ;
- les créations d’emplois sont fortes dans certaines filières vertes (bâtiment, transports) qui bénéficient des mesures du Grenelle de l’environnement.
CONCLUSION
Les recompositions du tissu productif engendrent ainsi d’importants besoins de réallocations sectorielles d’emplois entre secteurs porteurs et secteurs en déclin (831 000 créations nettes d’emplois dans les secteurs porteurs d’ici 2015 ; 318 000 destructions nettes d’emplois dans les secteurs déclinants).
Face à ces évolutions structurelles, les instruments de flexibilité permettant de faire face à des
ajustements conjoncturels (de type intérim) ne sont évidemment pas suffisants.
En revanche, la poursuite et le suivi actif des politiques publiques de sécurisation des parcours professionnels et de “flexicurité” se justifient pleinement, à travers un ensemble de dispositifs mis en place au cours des dernières années visant à encourager les transferts de compétences (certification des compétences transférables avec les Certificats de qualification professionnelle inter-industries et la Validation des acquis de l’expérience ; dispositifs de reclassement avec la Convention de reclassement personnalisé, le Contrat de transition professionnelle et la Préparation opérationnelle à l’emploi ; portabilité des droits à la formation avec le Droit individuel à la formation, le Congé individuel de formation, l’autoévaluation des salariés avec les Bilans d’étape professionnelle ; etc.).
Enfin, les enjeux quantitatifs et qualitatifs différenciés selon les secteurs, branches, voire métiers, légitiment une approche moins globale des dispositifs de politique de l’emploi et plaident
pour des approches davantage territoriales d’une part et davantage professionnelles d’autre part
(coopération avec les acteurs professionnels des secteurs concernés, politique contractuelle, voire création de dispositifs plus ciblés – par branches, par métiers en tensions, …).