Nous proposons sur deux jours une note d’analyse de Mme Claire Lesdos-Cauhapé, division Industrie et agriculture, Insee publiée le 3 juillet 2013 sur le site de l’INSEE (cliquer ici pour accéder au site de l’INSEE)
http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1456.html
Les résultats progressent à nouveau en France, mais stagnent en Europe
Sommaire
· Résumé
· Hausse de la valeur de la production agricole
· Forte hausse des prix pour la plupart des produits végétaux
· Réduction des volumes et augmentation des prix des animaux
· Nouvelle hausse du coût des intrants
· Le résultat de la branche agricole augmente
· L’excédent du commerce extérieur se stabilise en 2012
Europe : stabilité du résultat net de la branche agricole par actif en termes réels
Nouvelle hausse du coût des intrants
La valeur des consommations intermédiaires s’accroît à nouveau en 2012 (+ 5,3 %), après un net redressement en 2011. Le prix de l’ensemble des consommations intermédiaires augmente sensiblement alors que la hausse des volumes est modérée. Premier poste, les dépenses pour l’alimentation animale progressent de 6,7 % en valeur malgré une stabilisation des volumes consommés ; avec l’envolée des prix des céréales, les prix se sont renchéris. La facture énergétique est celle qui s’alourdit le plus (+ 14,8 % après + 18,0 % en 2010 et 2011), en raison notamment du remplacement du fioul domestique par le gazole, davantage taxé, comme carburant pour les tracteurs et autres véhicules agricoles. Les dépenses pour l’achat d’engrais diminuent légèrement, après une forte hausse en 2011 : les prix augmentent, mais les quantités utilisées se réduisent. Les achats de produits de protection des cultures s’accroissent sous l’effet de la hausse des volumes : les quantités d’herbicides progressent tandis que celles de fongicides se stabilisent.
Le résultat de la branche agricole augmente
Le montant total des subventions à la branche agriculture diminue : il passe de 9,9 milliards d’euros en 2011 à 9,5 milliards en 2012. Les subventions sur les produits baissent à nouveau, suite aux décisions prises lors du Bilan de santé de la politique agricole commune. Les subventions d’exploitation, qui constituent désormais les principales aides directes à l’agriculture, fléchissent également : le paiement unique augmente légèrement, mais les aides agri-environnementales reculent fortement.
Dans ce compte provisoire de l’agriculture, le résultat net de la branche agricole s’accroît de nouveau en 2012 (+ 4,8 %), mais de façon plus modérée qu’en 2011 et surtout 2010. Ces trois années de croissance succèdent à deux années de forte baisse. L’élément déterminant de cette hausse est la progression de la valeur de la production agricole, qui l’emporte sur l’augmentation des charges. Comme l’emploi agricole total diminue de 2,0 %, le résultat net de la branche agricole par actif progresse un peu plus : + 7,0 %), soit + 5,4 % en termes réels. En moyenne sur trois ans, il se redresse et atteint son plus haut niveau depuis 1980
L’excédent du commerce extérieur se stabilise en 2012
En 2012, l’excédent du commerce extérieur en produits agroalimentaires atteint 11,2 milliards d’euros : 3,7 milliards pour les produits agricoles bruts et 7,5 milliards pour les produits transformés. Après une progression en 2011, il est quasiment stable en 2012. Il s’améliore avec les pays tiers, atteignant désormais le même niveau (5,6 milliards) qu’avec l’Union européenne. Le solde augmente de 1,0 milliard sur les produits transformés alors qu’il baisse de 850 millions sur les produits agricoles bruts, après avoir atteint un niveau record en 2011.
Pour les produits agricoles bruts, la détérioration du solde provient du recul des exportations (- 4,8 % en valeur), la baisse sensible des volumes (- 7,8 %) n’étant pas compensée par la hausse des prix (+ 3,2 %). Les importations se maintiennent, quant à elles, à un niveau proche de celui de 2011. L’excédent diminue principalement pour les céréales (- 731 millions d’euros) en raison de la chute des volumes de blé exportés. En revanche, il augmente pour les animaux grâce à la croissance des prix des gros bovins et des porcins et à celle des quantités de volailles vendues.
L’excédent des produits transformés progresse à un rythme soutenu (+ 15,9 % en valeur). La hausse des exportations est due à la fois aux prix et aux volumes. Ce sont essentiellement les boissons alcoolisées qui permettent cette amélioration, mais aussi les produits de l’industrie sucrière et les produits laitiers. La croissance en valeur des importations provient de la hausse de leurs prix.
Europe : stabilité du résultat net de la branche agricole par actif en termes réels
Dans l’Union européenne à 27 (UE27), d’après les comptes prévisionnels établis en janvier 2013 (sources), la valeur de la production agricole hors subventions augmente en 2012 de 2,0 % en termes réels : les volumes baissent de 3,0 % alors que les prix progressent de 5,2 %. La production végétale croît en valeur de 1,3 % : la forte baisse de volume de la production de vin (- 15,7 %), pommes de terre (- 14,1 %), oléagineux (- 7,4 %) et céréales (- 7,0 %) est contrebalancée par l’augmentation des prix à la production des céréales (+ 10,0 % hors subventions), pommes de terre (+ 9,2 %), oléagineux (+ 8,8 %) et du vin (+ 8,8 %). La croissance de la production animale en valeur est un peu plus prononcée : + 3,3 % hors subventions, dont + 3,8 % pour les prix. La hausse du prix de production est particulièrement marquée pour les œufs (+ 30,6 %) et les porcins (+ 9,7 %).
Les consommations intermédiaires augmentent de 1,8 % en termes réels, du fait essentiellement du renchérissement des prix (+ 3,3 %), notamment ceux des aliments pour animaux, des engrais et de l’énergie. Comme les autres charges nettes s’alourdissent légèrement, le résultat net de la branche agricole par actif stagne en moyenne pour l’UE27, après une hausse de 8,0 % en 2011. Il augmente dans 16 des 27 États membres, progressant le plus fortement en Belgique, Lituanie et Lettonie. C’est en Roumanie, Pologne et Slovénie que les baisses sont les plus marquées.
Depuis 2005, dans l’ensemble de l’UE27, le résultat net de la branche agricole par actif a crû de 28,5 % en termes réels, selon les données disponibles fin janvier 2013. Il a progressé dans 22 pays. Dans les États de l’ancienne Union européenne à 15, il n’a augmenté globalement que de 17,9 %, mais avec de fortes disparités. Il a notamment reculé en Irlande (- 6,1 %), Italie (- 7,4 %) et au Luxembourg (- 25,3 %). Dans le même temps, il a augmenté fortement en France (+ 36,1 %), au Royaume-Uni (+ 37,4 %) et en Allemagne (+ 44,4 %). Dans trois des nouveaux États membres (Estonie, Slovaquie, Lituanie), il a augmenté de plus de 80 %. Ces bons résultats sont dus essentiellement à la forte réduction des effectifs agricoles.