http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/detaildoc.asp?numfiche=1437.html
http://www.inpes.sante.fr/CFESBases/catalogue/pdf/1437.pdf
Sommaire
Introduction
Extraits du texte
Discussion
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Dans le Baromètre santé 2010, les consommations de substances psychoactives ainsi que les indicateurs liés à des troubles du sommeil (temps de sommeil court, dette de sommeil), ne semblent pas être associés aux accidents à ces âges, contrairement à ce qui s’observe parmi les populations plus jeunes. En effet, entre 15 et 64 ans, il n’a pas été retrouvé de lien entre l’état de santé global et la survenue d’accidents, excepté lors de la présence d’un handicap. En revanche, dans cette tranche d’âge, le lien entre consommation de cannabis, épisodes d’ivresse, et survenue d’accidents, déjà observé en 2005, est confirmé par les résultats de cette enquête.
Dans les enquêtes du cycle triennal, chez les élèves de CM2 (en moyenne 10-11 ans) comme chez les élèves de troisième (en moyenne 14-15 ans), on n’a pas retrouvé d’influence de difficultés de vision, d’audition, ou la présence d’obésité sur la survenue d’AcVC. Toutefois, dans ces enquêtes scolaires, la présence d’asthme a été reliée à la survenue plus fréquente d’accidents chez les élèves de troisième, résultat parfois confirmé dans la littérature.
Le Baromètre santé 2010 établit également que la pratique sportive (au moins hebdomadaire) est plus importante chez les jeunes, dans les catégories socioprofessionnelles plus favorisées, et en particulier chez les garçons. Ce résultat correspond aux hypothèses formulées dans l’analyse de plusieurs enquêtes pour expliquer la plus grande fréquence de survenue d’accidents de sport. Le mérite de la présente enquête est de donner corps à ces hypothèses en chiffrant effectivement la plus grande pratique sportive des jeunes de milieu favorisé : près des trois quarts des jeunes se déclarant plutôt à l’aise financièrement pratiquent un sport au moins une fois par semaine, contre seulement la moitié de ceux se déclarant en difficulté financière.
L’analyse des accidents du travail selon la catégorie socioprofessionnelle rend compte d’un résultat déjà observé dans le Baromètre santé 2005 : les catégories sociales les moins favorisées déclarent davantage d’accidents du travail (7,0 % des ouvriers contre 1,5 % des cadres à titre d’exemple). Ces résultats peuvent être mis en regard des statistiques de mortalité par accident du travail qui soulignent que les secteurs les plus concernés sont la construction, l’industrie et les transports, et que les mécanismes impliqués le plus souvent sont les chutes de hauteur et les accidents de machine et de véhicule, des professions plus souvent exercées par les ouvriers.
Les accidents de la circulation survenus entre 15 et 19 ans touchent essentiellement les garçons.
Ces données peuvent également être rapprochées des résultats connus sur les comportements à risque des adolescents, particulièrement masculins, puisque 25,3 % des garçons de 17 ans déclaraient en 2005 avoir déjà conduit après avoir bu ou fumé, contre 6,8 % des filles, ou encore des statistiques de mortalité routière qui indiquent qu’entre 15 et 19 ans, 78,8 % des adolescents tués dans les accidents de transport sont de sexe masculin (74,9 % en moyenne), et la majorité des motocyclistes tués sont de sexe masculin (94,8 %).
Ces accidents, nettement plus fréquents chez les plus jeunes, apparaissent également associés aux consommations de substances psychoactives. Pour la première fois, il a été possible d’établir un lien entre ces événements et des troubles du sommeil : la « dette de sommeil », indicateur qui permet de qualifier les personnes déclarant dormir moins que le temps dont elles estiment avoir besoin, est ainsi corrélée à la survenue d’accidents de la circulation, ce qui est en conformité avec les publications sur le sujet. La consommation d’alcool, de cannabis, et la perte de vigilance (potentiellement due à une dette de sommeil), sont par ailleurs les facteurs de risques d’implication dans un accident corporel de la route identifiés par l’Observatoire national interministériel de la sécurité routière (Onisr).
Les limites de l’enquête sont quant à elles connues : le fait que le module sur les accidents arrive à la fin de l’interrogatoire peut entraîner, au moment de la collecte, des effets de lassitude et des biais de mémorisation, éventuellement variables, mais dans des proportions impossibles à chiffrer, avec l’âge, le sexe et la situation de la personne interrogée. Les effectifs interrogés sur les accidents étaient différents : 26 650 en 2005, contre 9 110 en 2010, sous-ensemble des 27658 de l’ensemble de l’enquête. De plus, par rapport à 2005, on doit rappeler que la méthode est un peu différente : en 2005, seules des personnes possédant un téléphone fixe avaient été contactées, en 2010, elles pouvaient l’être aussi bien sur fixe que sur mobile.
Afin de s’assurer que les écarts observés n’étaient pas dus aux différences de populations interrogées, l’ensemble des résultats ont été vérifiés sur des populations comparables.
Ces premières données confirment un certain nombre de résultats connus. Elles permettent également d’identifier plusieurs pistes d’analyses qui permettraient de mieux cerner les circonstances de survenue d’accidents. Tout d’abord, compte tenu des tendances observées depuis 2005, il semble nécessaire d’analyser plus finement les évolutions des pratiques sportives et de repérer les sports particulièrement accidentogènes. D’autre part, si le lien entre troubles du sommeil et accidents de la circulation était déjà identifié, l’influence de ces troubles dans la survenue d’autres types d’accidents est observée dans cette enquête. Une recherche plus précise permettrait de déterminer les troubles les plus néfastes (dette de sommeil, temps de sommeil trop court, état de somnolence récurrent), ou d’affiner la recherche de seuils à partir desquels le manque de sommeil apparaîtrait problématique.
Les résultats de ce type d’enquête doivent évidemment être resitués dans une perspective de prévention. Pour la prévention primaire, toute information sur les groupes les plus à risque est bienvenue pour adapter au mieux les campagnes d’information sur ces populations cibles.
L’amélioration de la prévention passive par la réglementation nécessite de disposer d’informations toujours plus précises sur les éléments, produits, environnement matériel dans lesquels surviennent les accidents les plus nombreux et/ou les plus graves. C’est dire que la répétition et l’amplification des enquêtes du Baromètre santé sont nécessaires, et qu’elles doivent aussi être complétées par d’autres types d’investigations, comme les études de cas, les enquêtes thématiques, ciblées sur tel ou tel accident, ou les études sur les séquelles des accidents.