https://www.insee.fr/fr/statistiques/4168956.html
En 2018, la consommation des ménages ralentit plus fortement que le pouvoir d’achat
(Alexandre Bourgeois, division Synthèses des biens et services, Insee)
Le revenu disponible des ménages ralentit légèrement en termes réels (+ 1,2 %, après + 1,4 %) : la hausse du revenu disponible brut en euros (+ 2,7 %, après + 2,2 % en 2017) ne compense pas complètement celle des prix (+ 1,5 %, après + 0,8 %). La dépense de consommation ralentit plus nettement (+ 0,9 % en volume, après + 1,4 % en 2017) et le taux d’épargne croît de 0,3 point pour s’établir à 14,2 % du revenu disponible brut.
Les consommations tabac–alimentation-boissons alcoolisées-habillement baissent en volume. À l’inverse, l’hébergement-restauration reste très dynamique et les dépenses de transports, tout en décélérant, contribuent positivement à la croissance de la consommation. En 2018, la consommation des ménages ralentit plus fortement que le pouvoir d’achat
DOCUMENTATION : Sommaire
En 2018, la consommation décélère dans un contexte de hausse des prix
L’hébergement et la restauration restent très dynamiques
Les transports décélèrent, tout en restant un moteur de croissance de la consommation
Les dépenses liées au logement accélèrent
Les dépenses de culture et de loisirs continuent de croître
La dépense en communication reste dynamique en volume
La progression des dépenses des ménages liées à la santé est modérée
La consommation alimentaire et celle de boissons alcoolisées et de tabac se replient
Les dépenses en habillement et chaussures se replient
Les achats des non-résidents se stabilisent, après un rebond en 2017
En 2018, la consommation décélère dans un contexte de hausse des prix
En 2018, en volume, la dépense de consommation des ménages décélère (+ 0,9 %, après + 1,4 % en 2017 et + 1,8 % en 2016 ; figure 1 et figure 2). Elle contribue pour 0,4 point à la croissance du produit intérieur brut (PIB ; + 1,7 %). Son évolution est nettement inférieure au rythme d’avant-crise (+ 2,4 % en moyenne par an entre 2000 et 2007), mais elle égale le rythme moyen d’après-crise (+ 0,9 % par an de 2008 à 2018). Hormis les achats de téléviseurs, portés par la Coupe du monde de football, les achats de biens durables poursuivent leur ralentissement, tout en restant plus dynamiques que l’ensemble de la consommation (figure 3) : ils représentent 8,4 % de la consommation des ménages et progressent de 1,6 % en volume, après + 3,1 % en 2017 et + 5,9 % en 2016. La consommation effective des ménages, incluant les dépenses directement financées par la collectivité, augmente au même rythme que la dépense de consommation des ménages en 2018. En effet, la dépense de consommation individualisable des administrations publiques évolue quasiment comme celle des ménages (+ 0,8 %) ; celle des institutions sans but lucratif est plus dynamique (+ 1,3 %), mais son poids est relativement faible.
En valeur, le revenu disponible brut (RDB) des ménages poursuit son accélération (+ 2,7 %, après + 2,2 % en 2017 et + 1,8 % en 2016). Cependant, l’inflation s’accroissant elle aussi (+ 1,5 %, après + 0,8 %), le RDB en termes réels progresse moins vite qu’en 2017 (+ 1,2 %, après + 1,4 % en 2017). La hausse du pouvoir d’achat des ménages par unité de consommation diminue légèrement (+ 0,7 %, après + 0,8 % en 2017), mais reste relativement élevée pour la période post-crise (+ 0,1 % en moyenne par an depuis 2008, contre + 1,7 % entre 2000 et 2007). Après déduction des dépenses pré-engagées, le pouvoir d’achat du revenu arbitrable par unité de consommation suit le même rythme (+ 0,7 %, après + 0,8 % en 2017) ; les dépenses pré-engagées évoluent quasiment comme l’ensemble des dépenses, respectivement + 2,2 % en valeur contre + 2,4 %.
En 2018, la dépense de consommation des ménages en valeur augmente moins vite que leur revenu disponible brut (+ 2,4 % contre + 2,7 %). En conséquence, le taux d’épargne s’accroît de 0,3 point, après une stabilité en 2017 ; il s’établit désormais à 14,2 % du revenu, c’est-à-dire au même niveau qu’avant la crise (14,3 % en moyenne entre 2000 et 2007) et un demi-point inférieur à son niveau post-crise (14,8 % en moyenne entre 2008 et 2018).
Les dépenses en hôtels-cafés-restaurants, en transports et en logement sont les principaux moteurs de la croissance en volume de la consommation en 2018. À l’inverse, les boissons alcoolisées et le tabac, ainsi que l’alimentation et l’habillement se replient nettement. Les autres produits contribuent plus modérément aux évolutions de la consommation.
L’hébergement et la restauration restent très dynamiques
La fréquentation touristique atteint un nouveau record en Île-de-France avec environ 50 millions de touristes en 2018, malgré un contexte social peu propice (grèves dans les transports, mouvement des gilets jaunes). La dépense en hôtels-cafés-restaurants reste très dynamique en volume (+ 4,3 %, après + 5,3 % en 2017 et + 2,0 % en 2016) malgré des prix en hausse (+ 2,3 %, après + 1,6 % en 2017). Elle est principalement le fait de la restauration mobile (restaurants et services). En revanche, divers facteurs ont affecté la restauration à table cette année : grèves, mouvements sociaux, désaffection des restaurants lors de la Coupe du monde de football au profit de la restauration rapide. La Coupe du monde de football a également bénéficié aux débits de boissons (+ 9,1 % en volume en 2018).
Les transports décélèrent, tout en restant un moteur de croissance de la consommation
La dépense en transports reste assez dynamique en volume (+ 1,6 %, après + 3,6 % en 2017) malgré la hausse des prix (+ 4,0 %, après + 2,7 % en 2017). Cette croissance est principalement portée par la dépense des ménages en équipement automobile (+ 4,7 %) et par les achats de véhicules en leasing, même si ceux-ci ralentissent tendanciellement (+ 8,7 % en volume). En raison du passage à la norme antipollution WLTP à partir du 1er septembre 2018, les achats de véhicules neufs ″0 km″ (immatriculations anticipées) vendus avec une décote ont fortement augmenté durant l’été 2018, limitant la vente de voitures neuves hors leasing (– 4,8 % en volume).
La dépense en carburants et lubrifiants reste stable en volume, mais les prix accélèrent (+ 13,0 %, après + 8,9 % en 2017 et – 4,4 % en 2016). La consommation de gasoil continue à reculer (– 2,9 % en volume, comme en 2017) ; le prix s’accroît de 16,5 %, après + 11,7 % en 2017. Portée par l’incitation à l’achat de voitures à essence au détriment des véhicules diesel, la dépense des ménages en super sans plomb progresse de 4,7 % en volume malgré un prix en hausse de 9,1 %. Le gasoil reste néanmoins le principal carburant consommé, représentant plus des trois quarts des livraisons de carburants.
Les services de transports freinent en volume (+ 1,6 %, après + 3,9 % en 2017) malgré le ralentissement des prix (+ 1,0 %, après + 2,3 %), sous l’effet notamment des trois mois de grèves SNCF au printemps : la dépense en transport ferroviaire se replie nettement (– 6,0 % en volume, après + 5,8 % en 2017), mais, à l’inverse, celle en transports en cars augmente très fortement (+ 26,0 %). Enfin, le transport aérien décélère, mais reste dynamique (+ 5,0 % en volume, après + 5,8 % en 2017), porté par une fréquentation touristique soutenue.
Les dépenses liées au logement accélèrent
Les dépenses pré-engagées sont celles réalisées par les ménages dans le cadre de contrats difficilement renégociables à court terme. En 2018, elles représentent 29,2 % de leur revenu disponible brut, une part en baisse de 0,1 point en un an. L’essentiel des dépenses pré-engagées des ménages (77,7 % en 2018) correspond à leur dépense pour se loger et pour chauffer et éclairer leur logement.
Les dépenses de logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles augmentent de 1,4 % en volume, après + 0,7 % en 2017 et + 1,4 % en 2016, dans un contexte d’accélération des prix (+ 1,3 %, après + 0,9 % en 2017 et + 0,1 % en 2016). Cette croissance est portée par celle des loyers (+ 2,1 % en volume). La dépense des ménages en loyers réels accélère en volume (+ 4,6 %, après + 1,5 %), en raison de la baisse des aides personnalisées au logement (APL) ; en effet, celle-ci se traduit, en comptabilité nationale, par un transfert de dépenses des administrations publiques vers les ménages, la consommation effective des ménages en service de logement restant inchangée. Donc si les dépenses de logement accélèrent en raison de la baisse des APL, la consommation effective de logement progresse quant à elle à un rythme proche de 2017. Le prix des loyers réels se replie de 0,7 point en 2018 lié à la baisse du prix des loyers dans le secteur HLM (– 1,5 %) ; le dispositif de réduction de loyer de solidarité (RLS) a été mis en place à l’été 2018 pour compenser la diminution des APL de ces mêmes locataires. La dépense des ménages en loyers imputés est elle aussi dynamique (+ 1,2 % en volume), son prix s’accroît de 0,6 %.
La dépense en chauffage et éclairage se replie en volume au même rythme qu’en 2017 (– 1,7 %). Avec des températures encore plus clémentes qu’en 2017, l’année 2018 a été la plus chaude depuis le début du 20e siècle. Entretemps, les prix accélèrent : + 6,5 %, après + 3,5 % en 2017. La consommation de fioul domestique recule en volume (– 6,0 %, après – 0,5 % en 2017) en raison des températures très clémentes de décembre qui n’ont pas incité les consommateurs à remplir leurs cuves de fioul et aussi des événements sociaux de la fin d’année. Le prix du fioul augmente fortement, comme en 2017 (+ 20,6 %, après + 19,4 % en 2017 et – 10,2 % en 2016). La dépense des ménages en électricité se replie en volume (– 1,0 %, après – 0,3 % en 2017), avec un prix en hausse de 1,3 %. La dépense des ménages en gaz diminue de 2,0 % en volume, après – 6,8 % en 2017 ; le prix du gaz accélère nettement : + 13,4 % en 2018, après + 4,6 % en 2017.
Les dépenses de culture et de loisirs continuent de croître
La dépense en loisirs et culture reste assez dynamique en volume (+ 1,5 %, après + 1,6 % en 2017 et + 1,6 % en 2016) dans un contexte de hausse des prix toujours modérée (+ 0,5 %, après + 0,3 % en 2017). Cette dynamique est principalement portée par les services culturels et récréatifs (+ 2,6 % en volume, après + 3,5 % en 2017), alors que la consommation de presse, livres et papeterie continue de se replier (– 4,0 % en volume, après – 3,7 % en 2017 et – 3,5 % en 2016).
La dépense en communication reste dynamique en volume
La dépense en communication reste dynamique en volume (+ 2,8 %, après + 2,9 % en 2017), alors que les prix continuent de diminuer (– 2,0 %, après – 3,9 % en 2017). La dépense des ménages en télécommunications progresse de 1,8 % en volume, après + 2,0 % en 2017, portée par la poursuite du maillage du passage à la fibre. À l’inverse, la dépense des ménages en distribution de bouquets de programmes de radio et de télévision se replie en volume (– 1,0 %, après + 0,5 % en 2017), notamment du fait de la chute des abonnements à certaines chaînes privées.
La progression des dépenses des ménages liées à la santé est modérée
La croissance des dépenses de santé est principalement portée par le secteur non marchand (dépense de consommation individualisable des administrations publiques), qui ralentit, tout en restant dynamique (+ 1,9 % en volume, après + 3,2 % en 2017 et + 3,9 % en 2016) dans un contexte de prix quasi stables. Les dépenses en sécurité sociale obligatoire s’accroissent de 0,2 % en volume, après – 1,2 % en 2017 ; le prix ralentit nettement (+ 0,3 % en 2018, après + 2,1 % en 2017), il est déterminé à partir de l’indice de traitement brut des fonctionnaires, dont la progression est très faible en 2018 en l’absence de revalorisation du point d’indice. La dépense en santé marchande rebondit en volume (+ 1,1 %, après – 1,3 % en 2017) dans un contexte de stabilité des prix comme en 2017.
La consommation alimentaire et celle de boissons alcoolisées et de tabac se replient
Les consommations de tabac, d’alimentation et de boissons alcoolisées sont en net repli en 2018. La dépense des ménages en tabac recule fortement en volume (– 7,6 %), du fait de la hausse des prix (+ 14,2 % en 2018) ; en effet, le prix du paquet de tabac a augmenté d’environ 1 euro au 1er mars 2018, étape vers le paquet à 10 euros à l’horizon 2020.
Les Français consomment toujours moins de viandes (– 2,4 % en volume, après – 1,5 % en 2017 et – 1,0 % en 2016) dans un contexte de hausse modérée des prix (+ 1,3 %, après + 1,1 % en 2017 et + 0,3 % en 2016). La dépense en fruits et légumes se replie davantage en volume qu’en 2017 (– 2,5 %, après – 0,3 %), tandis que les prix accélèrent (+ 4,3 %, après + 1,6 % en 2017) en raison notamment du climat sec en France métropolitaine. La dépense en légumes frais diminue en volume (– 5,3 %), liée à une forte hausse des prix (+ 7,1 %). Celle en fruits des climats tempérés décroît elle aussi (– 5,4 % en volume). Les achats de pommes de terre reculent (– 5,6 % en volume), dans la tendance à la baisse de ces dernières années ; les prix s’accroissent (+ 3,9 %).
La dépense des ménages en vins d’appellation d’origine contrôlée et de qualité supérieure se replie fortement elle aussi (– 9,5 % en volume), les jeunes se tournant davantage vers la bière. En corollaire, les dépenses de consommation en bières et en glaces sont très dynamiques, portées notamment par une météo favorable et la Coupe du monde de football.
Les dépenses en habillement et chaussures se replient
La dépense en articles d’habillement et en chaussures baisse nettement en volume (– 2,6 %, après + 1,4 % en 2017), dans un contexte de prix quasi stables (+ 0,2 %, après + 0,1 % en 2017). Ce recul est le fait tant des dépenses en habillement (– 2,7 %) que des dépenses en chaussures (– 2,4 %).
Les achats des non-résidents se stabilisent, après un rebond en 2017
La correction territoriale s’établit à – 17,1 milliards d’euros en niveau, en repli de 1,5 % en volume, après + 30,9 % en 2017 et – 23,1 % en 2016. En effet, après un recul marqué en 2016 dû aux attentats de novembre 2015 et de juillet 2016, les dépenses en France des non-résidents s’étaient redressées très fortement en 2017 avec le retour des touristes étrangers.